Veille contre l’antisémitisme : le maillage de la « coopération décentralisée ».
La France et ses Juifs : chronique d’un « divorce » annoncé.
Par Marc Brzustowski.
Nous avons évoqué le dossier sécuritaire, à l’aune d’une France qui est en train de changer de visage politique et, favorise trop souvent, l’expression violente contre ses citoyens juifs, sur le mode du « lapsus révélateur ».
La communauté est ostracisée, depuis les années 2000, sur l’autel de la « paix sociale », qui consisterait à l’assaillir de critique, du fait de ses liens supposés avec l’Etat Hébreu. Israël est désigné comme « l’empêcheur de tourner en rond » de rapports « pacifiés » avec le Sud de la Méditerranée, d’où proviennent la plupart des vagues migratoires d’Europe.
Le projet Euro- Méditerranée, porté, notamment par le gouvernement Sarkozy, est resté, à quelques accords bilatéraux près, une idée morte- née, à cause du refus massif de nombreux pays arabo-musulmans de « normaliser » leurs relations avec cet Etat. L’éclatement des « Printemps arabes » suspend toute notion de « normalisation » pour les années à venir, peut-être d’une à des décennies.
La matrice de la violence contre les jeunes juifs, ou des personnes plus âgées portant des signes reconnaissables, les symboles des communautés dans les villes grandes et moyennes de France (synagogues, cimetières, etc.), ne relève pas que de bandes « délinquantes » venues de quartiers en rupture avec les lois de la République. C’est aussi le fruit d’une complaisance politico-médiatique et d’une « compréhension » de cette violence.
Elle est sous-tendue par des messages visant à subvertir les règles d’échanges commerciaux, scientifiques, culturels, entre Paris, se soumettant au diktat de la bienpensance antisioniste et un pays préjugé comme le « vilain petit canard ».
Il existe, pourtant, toutes les raisons objectives et parfaitement légitimes d’être fier de ces liens avec ce pays et de ses nombreuses réalisations dans de très nombreux domaines de pointe : médecine, recherche, informatique, électronique, écologie, développement durable, hydrologie, nouvelles énergies, etc.
Par exemple, Madame Edith Cresson a toujours été une chaude partisane des collaborations scientifiques entre Israël et la Communauté Européenne : elle expliquait ainsi, dans « la Jaune et la Rouge », revue de Polytechnique, que : La politique de coopération scientifique et technologique entre la Communauté européenne et Israël s'est développée depuis 1983, dans le cadre, d'une part de l'accord de coopération de 1975, d'autre part des "programmes-cadres de recherche-développement technologique de la Communauté" (PCRD).
Du fait de son haut degré de développement scientifique et technologique, Israël est le seul État non européen du bassin méditerranéen à pouvoir mettre en œuvre avec l'Union européenne une collaboration scientifique et technologique suivie, réciproque et mutuellement bénéfique. »
(http://www.lajauneetlarouge.com/article/cooperation-scientifique-et-technologique-entre-israel-et-la-communaute-europeenne)
Terrible constat, mais aussi plein d’espoir, pour toute cette zone géostratégique qui, à présent, se cherche. La question n’est donc pas seulement de « vouloir », mais d’être en mesure de le faire, d’afficher le pragmatisme suffisant et nécessaire pour avancer conjointement.
Lorsqu’on dispose d’une locomotive capable d’entraîner les autres pays, pourquoi choisir délibérément d’immobiliser et de laisser rouiller les wagons sur les rails ?
On comprend, dès lors, le haut degré de toxicité des campagnes de boycott, prônées par ses édiles du Parti Socialiste, au premier rang desquels Elisabeth Guigou, flanquée du pathétique Stéphane Hessel et de prétendus « écologistes », comme Eva Joly, Yves Contassot, etc., parmi les plus virulents : si, en effet, ils avaient le moindre souci de la planète, ces politiciens à l’esprit visiblement, aussi pollué qu’étriqué et réactionnaire –sous un vernis de « progressisme »-, s’interrogeraient sur la performance environnementale qu’ils comptent sanctionner pour le monde futur.
Un exemple récent : des ingénieurs israéliens sont dispatchés le long des eaux du Gange, site sacré de l’Hindouisme, pour mettre en place des techniques d’assainissement des eaux du fleuve.
Le principal problème du développement économique de la Chine, dans les prochaines années, est entièrement lié à son réseau hydrographique urbain. Sans quoi ses villes principales, comme celles de l’Inde, crouleront sous la pression des maladies résultant d’une perte de contrôle des eaux charriées.
On peut en dire autant des coopérations entre Israël et le Vietnam ou l’Indonésie (pourtant musulmane à 90%), et, surtout, l’Afrique de l’Est et du Centre, en proie aux groupes islamistes nord-soudanais (El Béchir), nigérians (Boko Haram), somaliens (Al-Shebab), quand les Etats africains chrétiens s’allient avec l’Etat Juif. Les projets de développement remportent des succès notables partout : Ouganda, Ethiopie, Kenya, Tanzanie, surtout Rwanda, lieu du dernier génocide du XX ème siècle, perpétré avec la bienveillance ou l’aveuglement de certains amis de Mr Mitterrand.
Non seulement, il faut dénoncer les boycotts, mais agir concrètement pour les empêcher de nuire, en proposant une contre-offensive patente.
Pendant que ces caciques français jouent les Mère Théresa de la Cause Palestinienne, devenue un Must Chic et revendiquent le retour à une politique discriminatoire digne du Moyen-Âge, le paradoxe veut que les pays d’Asie et d’Afrique se tournent vers la modernisation de leurs infrastructures. C’est un non-sens historique qui pourrait, un jour, renvoyer la civilisation européenne à l’âge de pierre, déjà sur un premier plan idéologique, avant que la logistique ne suive (ou précisément, ne suive plus).
L’autre véhicule-bélier de cet antisionisme, qui masque mal le germe raciste dont il est porteur, c’est la démagogie internationaliste : sans même devoir ou non opter pour la nationalité française, tout étranger pourrait voter aux élections municipales.
Cette « préférence » exogène pour l’électorat ayant la plus forte base clientéliste favorable à ces idées d’extrême-gauche est, d’abord, un formidable accélérateur de désintégration républicaine. On ne cherchera plus à faire partie d’une France une, d’un projet collectif fondé sur la citoyenneté et des valeurs universelles, mais à occuper des poches d’émergence d’une société parallèle, où les élus sont achetables par le groupe qui crie le plus fort dans les urnes et déjà prêts à céder à toutes les revendications communautaristes.
On voit, ainsi, les imams de plusieurs mosquées radicalisées, appeler leurs ouailles à se saisir de ce type de chantage électoral pour sanctionner le président sortant, jugé « islamophobe ». Tariq Ramadan, quant à lui, suggère de voter contre l’un pour mieux s’opposer et « faire danser » Hollande, son adversaire.
Un troisième catalyseur de cette transformation idéologique, c’est, évidemment, le front médiatique, où des rédactions, complices de désinformation incontrôlée et non-vérifiée, perpétuent des messages truqués, dont certain, depuis le 30 septembre 2000 (Affaire Al Dura, impliquant France- Télévisions, chaîne publique).
Récemment, Claude Askolovitch, dans Marianne2.fr traite Richard Prasquier de « salaud » sartrien, pour s’être inquiété, dans le Haaretz, du devenir de la communauté juive, en France, sous les assauts de certains de ces amis de Mr Hollande. Il l’accuse, sans vergogne, de ghettoïser et de « lepéniser » les Juifs de France.
Avec un minimum de concertation, il est possible de contrer et de minimiser l’effet dévastateur de ces campagnes, pour la France elle-même, son rang dans le concert mondial et ses relations avec les pays tournés vers l’avenir, et non ceux qui misent sur le retour en arrière fondamentaliste.
Quelques Atouts :
Ces postures sont des effets de marketing politique misant sur la haine : On se rend compte du poids croissant de la « mondialisation », au cours de cette élection présidentielle : par les interférences de la presse anglaise (The Economist) ou les discussions de coulisse qui se déroulent, avant même la sanction des urnes, entre Mme Merkel et chacun des candidats. Israélien francophone, Emmanuel Navon, exprime légitimement un avis négatif de la tendance au déclin, qu’il pressent, dans l’orientation électorale (http://jssnews.com/2012/04/26/la-bataille-de-france-par-emmanuel-navon/).
Aussi, doit-on s’attendre à ce que les politiques français se préoccupent, de plus en plus, de l’image de la France à l’étranger et ne prennent aucune décision inconsidérée, hors démagogie électoraliste, sans se demander quelle critique extérieure ils risquent de s’attirer.
Raffermir les occasions de coopération croisée : Sur le plan territorial et municipal, certaines conurbations développent une « coopération décentralisée » avec des municipalités étrangères, à la pointe de la recherche & du développement. Un tel cas est à l’étude, entre Bordeaux et Ashdod.
Il est déjà patent, avec Los Angeles, siège d’une importante communauté juive. Des hôpitaux normands ont signé ce type d’accords avec ceux de Haïfa, à l’avant-scène de la conception pharmaceutique et du savoir-faire chirurgical.
Ces cas sont encore trop rares et, pourtant, chaque jour, nous découvrons de nouveaux domaines potentiels d’application. Toulouse est jumelée avec Tel-Aviv, mais aussi Atlanta, aux Etats-Unis. Berverley Hills l’est avec Cannes, New Haven avec Avignon, Strasbourg/Boston, etc.
Des liens plus constants devraient donc pouvoir s’établir entre les communautés de chacune de ces villes franco-américano-israéliennes, permettant la libre circulation des informations, alertes (risques ou incidents), projets de « dédiabolisation », etc. Un simple communiqué conjoint peut dissuader une opération de propagande jugée potentiellement dangereuse pour la communauté locale.
Le développement d’une stratégie triangulaire peut s’avérer plus dissuasive que le simple recours indigné, mais isolé, du représentant communautaire local.
L’émergence de nouveaux représentants législatifs : On a aussi, constaté, à l’issue des meurtres tragiques de Toulouse, le poids et la cohérence de la communauté francophone de Jérusalem, Ashdod, Netanya, etc., soucieuse de ceux vivant dans l’Hexagone.
Au mois de juin 2012, auront lieu des élections législatives et, pour la première fois, les Français de l’étranger disposeront d’un Député à l’Assemblée. Il sera un intermédiaire essentiel entre les deux communautés, demeurée en France ou vivant en Israël, mais aussi, dans l’ensemble des 11 circonscriptions représentées.
Il sera alors possible de lui transmettre des doléances, mais également, des initiatives innovantes, porteuses de projets intercontinentaux. Sans parler de « diplomatie parallèle », il s’agira d’un levier d’actions concrètes, renforçant le maillage de ces « coopérations décentralisées ».
La multiplication des sources de communication et d’accès à certains leviers de médiation politique peut faire écho à des propositions nouvelles de collaboration, en vue d’un développement conjoint du bloc « euro-méditerranéen » (Grèce, Italie, Chypre, alignent leurs politiques vers Israël).
Par le biais de sites comme www1.alliancefr.com/, il est possible de faire connaître et de promouvoir ce type d’initiatives entre des bassins innovateurs, en France, en Israël et en lien avec des pays-tiers.
Les recours et démarches coordonnées, à plusieurs niveaux co- décisionnaires, par l’entremise des communautés juives locales, renforceront d’autant leur position médiatrice dans le tissu local. Elles concernent autant le politique que l’économie.
Les campagnes positives de co- développement et leur triangulation sont une nouvelle voie à explorer. Elles permettent d’anticiper sur les effets discriminatoires d’une violence symbolique qui prône l’exclusion. C’est un travail fin de mise en relation, qui est un des meilleurs atouts de la communauté juive de France, démontrant qu’elle est, d’abord, polarisée sur l’anticipation et le devenir, pour le bien commun. Ce type d’initiatives va très précisément en sens inverse des allégations des détracteurs de la communauté organisée, comme Askolovitch. Loin d’être un « ghetto » engoncé dans son supposé « chauvinisme », elle plonge ses racines dans le « village global » et propose une véritable aventure à ceux qui sauront relever le défi de l’avenir.
Marc Brzustowski.
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