Article paru dans le "parisien",le 05/03/08
Le fonds de commerce du restaurant Jo Goldenberg est à louer. Cette institution de la rue des Rosiers pourrait céder la place à un magasin de vêtements.
«A LOUER ». Ces deux petits mots, discrètement apposés sur la façade du restaurant Jo Goldenberg samedi, ne sont pas passés inaperçus dans le quartier juif historique de la rue des Rosiers. Fermée en juin 2006 pour non-respect de normes d'hygiène, cette institution de la cuisine juive d'Europe centrale, visée par un attentat sanglant (six morts et 22 blessés) en 1982, est en quête d'un locataire depuis lundi.
Racheté par les frères Costes - propriétaires de plusieurs restaurants branchés - après soixante ans d'activité, le célèbre établissement de 150 m 2 du Marais a été récemment revendu à un investisseur immobilier, qui souhaite le louer. Mais attention : restaurateurs s'abstenir. « Les co-propriétaires ne veulent plus gérer les problèmes d'hygiène, précise l'agent immobilier Frank Desnoyers, en charge de la location, qui comptait y installer, un temps, l'enseigne de café Starbucks ou la marque de jeans Levi's. C'est d'ailleurs pour ça que les frères Costes ont revendu... »
« Les petits commerces, garants du passé culturel »
Selon l'agence, « trois au quatre candidats sérieux » seraient déjà sur les rangs. Tous vendeurs de prêt-à-porter moyenne gamme. « Nous aurions pu le louer à une institution culturelle, mais vu le prix du m ètre carré, seules de grandes chaînes peuvent se l'offrir », observe Frank Desnoyers. Un prix « exorbitant » que l'agence ne veut pas divulguer...
Et c'est bien là tout le coeur du problème, qui a fait sortir dans la rue, dimanche soir, les membres de l'association Quartier des Rosiers. « Nous refusons que des marques de vêtements fassent la peau aux petits commerces de proximité, garants du passé culturel de la rue, s'insurgent les militants, qui ont contacté « un investisseur new-yorkais » pour installer un vendeur de bagels à la place de Jo Goldenberg. « La monoactivité va finir par tuer l'artère... »
« Très concernés » par cette question, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, et la maire PS du IV e , Dominique Bertinotti, se montrent également « vigilants ». « Nous voulons un repreneur qui perpétue la culture et le patrimoine juifs parisiens », souligne l'élue du IV e , qui souhaitait que s'y installe la librairie du Mémorial de la Shoah. « Mais la spéculation immobilière est telle que nous ne pouvons pas acquérir ce lieu sous n'importe quelle condition », rappelle l'élue
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