
VAYICHLA’H :La rencontre entre Jacob et Esaü
Au moment de la rencontre avec son frère, Jacob se sent désemparé, alors que dans la solitude du combat de la nuit précédente il s’est montré invincible. En effet, il semble douter maintenant que son ancien comportement vis-à-vis d’Esaü fût vraiment justifié. On y a vu l’expression d’une conscience qui l’empêche de combattre un frère auquel il a causé du tort, si bien que ce qui pourrait sembler une faiblesse dénote en fait un sens moral affiné qui l’aide à ne pas s’accommoder d’une erreur du passé.
En guise de préliminaires à la rencontre, Jacob fait parvenir une offrande à Esaü.
Le mot ’présent’ [Héb : Minha] revient à cinq reprises au cours du récit. Après avoir demandé à son frère d’accepter son présent, Jacob lui dit : “Reçois ma bénédiction", comme si son subconscient le faisait revenir à résipiscence en repensant au moment où il avait acquis par ruse la bénédiction d’Isaac qui fut réduit à avouer : “Ton frère est venu en fraude et il a capté ta bénédiction” (Genèse 27.35).
Il est patent que selon le Peshat, autrement dit, le sens obvie du texte de la Tora, les défauts d’Esaü ne sont pas soulignés mais plutôt le tort qui lui est causé.
Dans ce contexte, les sages reviennent volontiers sur le dicton : “Dieu protège le persécuté” (Qohélet 3.15). Ils rappellent avec insistance : “Dieu recherche le persécuté [i.e. cherche son bien]. Même si un juste se permet à l’occasion de poursuivre un mécréant Dieu protège toujours l’être en difficulté.
Vingt années ont pu s’écouler depuis l’affaire du droit d’aînesse et de la bénédiction, mais Jacob reste probablement plus affecté que son frère par ce souvenir amer car l’offensé tend habituellement à oublier une injure plus vite que l’offenseur.
Son attitude au cours de la confrontation avec Esaü semble dénoter le désir de réformer sa conduite en délaissant ce qui était impliqué dans le nom de Jacob pour assumer ce qui est exprimé dans celui d’Israël.
Aussi n’est-il pas fortuit que les récits du changement de nom et celui de la réconciliation avec Esaü soient tellement rapprochés l’un de l’autre.
En évoquant les deux noms de Jacob et d’Israël, l’écrivain Shaï Agnon notait que selon la guématrie, la valeur numérique de Jacob est : 182 et celle d’Israël : 541. La différence s’élevant à : 359 représente la valeur du mot ‘Satan’.
Eu égard au fait que Jacob est le nom de faiblesse du père des douze tribus, tandis qu’Israël est celui de sa destinée, le simple rappel de ce qui les sépare est le meilleur moyen de refuser toute régression en s’attachant à un nom aussi prédestiné.
Claude Layani
Claude Layani, vous dites : « En guise de préliminaires à la rencontre, Jacob fait parvenir une offrande à Esaü. » Or, avant la rencontre de Jacob avec son frère, il est écrit : « Les messagers (envoyés par Jacob vers son frère) revinrent auprès de Jacob en disant : Nous sommes allés vers ton frère Esaü ; il est aussi en marche à ta rencontre, avec quatre cents hommes. Jacob fut tout saisi de crainte et d’angoisse. Il partagea en deux camps les gens qui étaient avec lui, ainsi que le petit et le gros bétail, et les chameaux. Il dit : Si Esaü vient à battre l’un des camps, le camp qui restera pourra s’échapper. JACOB DIT : DIEU DE MON PERE ABRAHAM, DIEU DE MON PERE ISAAC, ETERNEL, QUI M’AS DIT : RETOURNE DANS TON PAYS ET DANS TA PATRIE, ET JE TE FERAI DU BIEN ! JE SUIS TROP PETIT POUR TOUTE LA BIENVEILLANCE T POUR TOUTE LA FIDELITE QUE TU AS TEMOIGNEE A L’EGARD DE TON SERVITEUR ; CAR J’AI PASSE CE JOURDAIN AVEC MON BÂTON ET MAINTENANT JE FORME DEUX CAMPS. DELIVRE-MOI, JE TE PRIE, DE LA MAIN DE MON FRERE, DE LA MAIN D’ESAÜ ! Car je crains qu’il ne vienne, et qu’il ne me frappe, ainsi que la mère et les enfants. ET TOI, TU M’AS DIT : JE TE FERAI DU BIEN ET JE RENDRAI TA DESCENDANCE COMME LE SABLE DE LA MER QUI EST INNOMBRABLE… »
Jacob a imploré l’intervention du Seigneur, et il s’est humilié devant le Seigneur. Après cette prise de conscience de Jacob, il y a l’épisode de Péniel où Jacob, touché à la hanche, donc boiteux, devient Israël : changement de nom car changement de cœur et de mentalité. Israël est le Jacob SAUVE, un NOUVEL HOMME. Or Dieu, connaissant tout de la vie de Jacob-Israël, et ayant déjà tout conduit pour la suite de la vie de Jacob-Israël, avait déjà, dans sa fidélité et son amour, incliné le cœur d’Esaü en faveur de son frère. Ces épisodes avant la rencontre des deux frères est important car nous donne l’assurance que, lorsque l’on s’humilie devant le Seigneur et l ‘implorons, il ne reste pas de marbre mais nous montre qu’il a déjà agi et est déjà intervenu… Mais pour que les choses se rétablisse dans notre vie, nous devons passer OBLIGATOIREMENT PAR PENIEL, LA FACE DE DIEU, AFIN DE DEVENIR DES ETRES NOUVEAUX, SAUVES, nous devons VOIR LA FACE DE DIEU : « Jacob donna à cet endroit le nom de Péniel ; car, dit-il, j’ai vu Dieu face à face, et j’ai eu la vie sauve ».
Dans la Bible, section Nouvelle Alliance, le Messie, Jésus, dit : Celui qui m’a vu a vu le Père… LE MESSIE EST « LA FACE DE DIEU »…
Sans la prière de Jacob au Seigneur, et l’expérience de Péniel, et l’intervention anticipée du Seigneur, les choses n’auraient pas été ce qu’elles ont été… Jacob, de lui-même, n’aurait rien pu changer en Esaü, même par ses présents, mais il a demandé à son Dieu : DELIVRE-MOI de la main de mon frère. Ce que Dieu a fait en le faisant passer d’abord par l’étape de PENIEL, du salut…