Henri Matisse
(1869- Cateau en Cambraisis – 1954 – Cimiez)
Henri Matisse est né le 31 décembre 1869 au Cateau en Cambraisis (Nord), passe son enfance à Bohain-en-Vermandois (Aisne). De 1882 à 1887, Matisse étudie au Lycée de Saint-Quentin (Aisne), puis fait une année de droit à Paris pour travailler chez un avocat à Saint-Quentin (Aisne). Il se passionne pour la peinture en 1889 et suit des cours à l’Ecole Quentin de la Tour à Saint-Quentin (Aisne). A partir de 1891, il s’inscrit à l’Académie Julian (Paris). En 1895, admis à l’Ecole des Beaux Arts, il rejoint l’atelier de Gustave Moreau.
Il se marie en 1898 avec Amelie Parayre, passe sa Lune de miel à Londres où il découvre Turner. Ne vendant pas assez de tableaux à l’exposition Berthe Weill, à court d’argent, il séjourne (1902-1903) chez ses parents à Bohain-en-Vermandois (Aisne).
Henri Matisse est remarqué par Roger Marx (Critique d’Art) à l’occasion du Salon des Indépendants en 1903. Roger Marx préface la première exposition personnelle d’Henri Matisse en 1904, cependant en 1905, Roger Marx ne soutiendra pas le « Fauvisme » trop avant-gardiste de Matisse, il faudra attendre 1911 pour qu’il le reconnaisse.
En 1905 la famille Stein est enthousiaste du mouvement d’avant-garde présenté par Matisse. Léo Stein achète « La Femme au chapeau », la qualifiant hors normes contrairement au public la jugeant scandaleuse.
Léo (frère) , Gertrude (Sœur), Michael (frère aîné) et Sarah Stein (son épouse) sont issues d’une famille juive bavaroise dont leurs grand-père émigra aux Etats-Unis vers les années 1840. Leurs père, Daniel, dirigeait une entreprise de tramways à San Francisco.
Cette famille « Stein » d’expatriés américains installée à Paris depuis 1902, constituent à eux quatre l’une des collections d’art moderne les plus étonnantes. Les Stein sont les premiers acheteurs de Matisse.
« La Femme au chapeau » reste symbolique dans la famille, ils la posséderont chacun à leur tour. Michael (frère de Léo) et Sarah (son épouse) s’implique d’avantage dans le mécénat d’Henri Matisse : Sarah Stein, issue de la famille juive cosmopolite plus proche de la bohême artistique que de la grande bourgeoisie américaine réunit les Samedis soirs dans son domicile (58, rue Madame – 75006 Paris) un public d’intellectuels pour disserter sur le génie de Matisse. Ces soirées ont contribué à l’émulation du peintre.
Envers le personnage Matisse, Sarah Stein éprouve les Samedis soirs une réelle dévotion. Les Matisses et les Stein se lient d’amitiés, leurs enfants se côtoient. Vers 1907, la collection des Stein s’organise autour de Matisse, avec des toiles achetées directement à l’artiste, comme « Le Luxe ou le Madras rouge ou, en janvier 1912, Intérieur aux Aubergines.
Sarah facilite la rencontre entre Edward Steichen (1879-1973) et Henri Matisse au début de 1907 ; grâce à cette rencontre, Henri Matisse aura ses premières expositions aux Etats-Unis. De Greta Garbo à Winston Churchill, en passant par Matisse et Richard Strauss, la liste des célébrités photographiée par Edward Steichen (né au Luxembourg – naturalisé américain en 1900) est longue.
En 1908, Sarah encourage Matisse à ouvrir une Académie (rue de Sèvres- Paris). Le peintre donne des cours à Sarah, Hans Purrmann, Max Weber et Annette Rosenshine. A l’Académie Matisse, Sarah Stein prends des notes en reprenant mot pour mot les mots du Maître Matisse : « Pour peindre, commencez par regarder longuement et attentivement votre modèle ou sujet et décidez de votre schéma général, des coloris. Ceci doit prévaloir ».
A part l’atelier d’Henri Matisse et l’appartement de Michael et Sarah Stein, il s’existe pas d’autres lieux pour contempler ces nouvelles œuvres.
Quoique non religieux, les Stein tenaient à leur identité juive ce qui ajoutait à leur séduction mais provoquait souvent des critiques d’ordre antisémites.
En 1910, Matisse expose ses œuvres à la Galerie Bernheim-Jeune à Paris ; avec lequel il est sous contrat (1909-1926). Après 1926 la société Gaston Bernheim – Jeune continuera à promouvoir les œuvres d’Henri Matisse en les exposant ou en les faisant figurer sur leur catalogue.
En 1913, une place importante a été réservé au travail de Matisse dans l’Armory Show à New York.
Au fil des années l’Artiste -Peintre entame une carrière internationale. Au début des années 30, une grande rétrospective est organisée au Musée d’Art Moderne de New York.
En 1936, l’artiste exposera dans la plupart des villes d’Europe notamment dans la Galerie Paul Rosenberg à Paris. En 1939, l’Art de Matisse est condamné par les nazis comme « dégénéré ».
En 1938, Michael Stein (époux de Sarah Stein) décède à l’âge de 73 ans d’un cancer.
Au moment de l’invasion allemande en 1940, Henri Matisse se réfugie en zone libre. En 1943, l’artiste s’installe dans la Villa Le Rêve, à Vence. Monsieur Matisse réalise des lithographies relatives à l’illustration des « Fleurs du Mal » de Baudelaire. Madame Matisse et sa fille Marguerite sont arrêtés par la Gestapo pour faits de résistance. Madame Matisse est restée six mois en prison tandis que sa fille a été torturé et condamné à la déportation d’où elle s’échappera en se cachant dans la forêt des Vosges. Face au nazisme, Michael et Sarah Stein quittent la France pour les Etats-Unis en 1935, ils résident à Palo Alto en Californie.
Gertrude Stein (sœur de Michael et de Léo) décède le 27 juillet 1946 à Neully-sur-Seine et repose au Père Lachaise. Le 27 juillet 1947, Léo Stein décède à l’âge de 75 ans d’un cancer.
En 1946, Henri Matisse est Commandant de la Légion d’Honneur et le Musée Matisse est inaugurée en 1952 au Cateau – Cambrésis.
Peu avant la mort de Sarah Stein le 15 septembre 1953 à San Francisco (83 ans), une amie de Sarah venant de chez Henri Matisse lui ramène un livre dédicacé : « A ma Sarah Stein, qui m’a souvent soutenu dans mes faiblesses ». Matisse décède d’une crise cardiaque le 3 novembre 1954. Il repose à Cimiez.
Depuis son retour en 1935 aux Etats-Unis, jusqu’à sa mort, Sarah Stein n’a pas arrêté d’évoquer les œuvres d’Henri Matisse et de les faire partager à diverses institutions américaines ainsi qu’à ses proches : son petit fils Daniel Michael Stein décédé en 2008Sarah Stein reste et restera pour l’artiste Henri Matisse et l’ensemble de la Famille Matisse la sensible mécène au sens le plus noble du terme. Le petit-fils d’Henri Matisse : Claude Duthuit remarquait récemment que « sans les Russes et les Américains, son grand père serait mort de faim ».
Remarques à la Période de la Grande Guerre : Nous remarquons qu’à la suite de la Première Guerre Mondiale, que les tableaux prêtées par Michael et Sarah Stein en juillet 1914 pour une exposition à Berlin seront confisqués et vendus. Tout donne lieu à penser que la même situation s’est produite pour la Collection d’œuvres offertes par le Baron Alphonse de Rothschild au Musée Quentin de la Tour à Saint-Quentin où il ne restait plus qu’une seule œuvre au lendemain de la Grande Guerre.
Remarques à la Période du Nazisme & au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale :
1°) Michael Stein et son épouse Sarah Stein (Mécène, Confidente et Elève du Peintre Matisse) , quittent définitivement la France en 1935 pour les Etats-Unis à cause du nazisme.
2°) L’art Matisse est condamné par les Nazis de “Dégénéré” en 1939.
3°) En 1940 Henri Matisse quitte Paris pour se réfugier en Zone Libre.
4°) En 1943, pour faits de Résistance, Madame Matisse sera en prison pendant 6 mois quant à sa fille, Marguerite, cette dernière sera torturée et conduite à un camp de concentration où elle s’en échappera en se cachant dans la forêt des Vosges.
5°) A la Libération de Paris (aout 1944) Gertrude Stein (Sœur de Michael Stein) retrouve son appartement de la rue Christine intact, les tableaux n’ont pas bougé grâce à Bernard Faÿ, qui a collaboré avec les Nazis pendant l’occupation.
6°) Le 26 mars 1945, le Général américain O.N. Solbert de la Brigade aérienne remercie Gertrude Stein pour son soutien culturel à l’égard des pays alliés depuis l’occupation allemande.
Franck d’Almeida
Novembre 2011-11-02
Source : Catalogue de l’aventure des Stein
Matisse, Cézanne, Picasso…
Editions de la Réunion des Musées Nationaux – Grand Palais 2011.
Président de la Rmn- Grand Palais : Mr Jean-Claude Cluzel
Auteurs :
1-Janet Bishop
Conservateur chargé des peintures et sculptures assistée de Carrie Pilto et Kate Mendilo – Musée d’Art Moderne de San Francisco.
2- Cecile Debray
Conservateur au musée national d’Art moderne, Centre Pompidou, Paris.
- 3-Rebecca Rabinow
- Curator, Nineteenth-Century, Modern and Contempory Art
- The Metropolitan Museum of Art, New York.
- 4-Gary Tinterow
Engelhard Chairman, Nineteenth Century, Modern, and Contempory Art –The Metropolitan Museum of Modern, New York.
5-Isabelle Alfandry
Professeur de littérature américaine – Université Paris-Est
6-Emily Braun
Distinguished Professor – Hunter College and the Graduate Center, City University of New York.
7-Edward Burns
Professeur d’Anglais – Université William Patterson du New Jersey.
8-Claudine Grammont
Chercheur indépendant en histoire de l’art.
9- Hélène Klein
Conservateur en chef, professeur d’histoire de l’art à l’Ecole du Louvre,Paris.
10-Martha Lucy
Curator, La Fondation Barnes, Merion, Pennsylvanie.
11-Kate Mendilo
Curatorial Project Manager –Musée d’Art Moderne de San Francisco.
12-Robert Mc D. Parker
Independant Scholar
13-Carrie Pilto
Project Assistant Curator – Musée d’Art Moderne de San Francisco.
Œuvres d’Henri Matisse
Un dessin d’Henri Matisse se trouve à la réserve du Musée Antoine Lécuyer à Saint-Quentin (Aisne), « Mademoiselle Rudenko », 1939, don de l’artiste en 1952.
David David Weill (1871-1952), Président fondateur, depuis 1927, de la Société des amis du musée de la Tour dont le peintre Henri Matisse a fait ses débuts dans la peinture en 1889, David David Weill collabora largement à la renaissance du musée Antoine Lécuyer. Aussi dans l’Ex-collection de David Weill (1900-1975- fils de David David Weill), nous trouvons une lithographie d’Henri Matisse « Les Yeux noirs » de 1914, vendue en 1971.
Afin de montrer l’amitiés entre l’artiste Henri Matisse et la Famille Stein, je vous présente quatre œuvres représentant « La Femme au Chapeau », le portrait de Allan Stein (fils lde Michael et de Sarah Stein), le portrait de Michael Stein et de Sarah (son épouse) qui fut à la fois l’élève, la confidente, et la mécène d’Henri Matisse.
Par Franck d’Almeida
Novembre 2011-11-03
Source : Catalogue de l’Aventure des Stein - Editions de la Réunion des Musées Nationaux – Grand Palais 2011.
Président de la Rmn- Grand Palais : Mr Jean-Claude Cluzel.
Je suis allée au Grand Palais voir une exposition de peinture,comme je le fais fréquemment. La lecture de votre article a donné une toute autre dimension à ma visite, non seulement esthétique, mais intellectuelle et historique, en m’incitant à réfléchir aux rapports entre artistes et mécènes et en me faisant redécouvrir le talent et l’ouverture d’esprit des Stein.
Merci d’avoir enrichi ma vision des choses,en rapprochant art et culture, et surtout création et promotion, toujours si difficile à accomplir par les artistes eux-mêmes.
Tous mes compliments pour votre propre travail de recherche et de mise en parallèle.
Françoise Bercot, écrivaine, professeur certifiée de lettres Modernes.
Très intéressante rétrospective de l’?uvre d’Henri Matisse en relation avec les Stein? qui donne encore plus envie d’aller voir l’expo « Matisse, Cézanne, Picasso… L’aventure des Stein » au Grand Palais (jusqu’au 16 janvier 2012). Merci Franck. JT.
Parent d’Herschel Grynszpan, je vous annonce qu’aujourd’hui était célébré le pogrom de la nuit de cristal.
http://www.museumoffamilyhistory.com/sr-17-laffaire-grynszpan.htm
Un travail remarquable et un sujet très intéressant, par le co-auteur de l’histoire des communautés juives du Nord et de Picardie, de Frédéric Viey
(http://www.synagoguedevalenciennes.com/pagesFR/Histoire_des_communautes_juives_du_nord_et_de_picardie_par_frederic_viey_synagogue-de_valenciennes.html#basdulivre).
Bravo !
Sarah Mostrel
Ingénieur – Journaliste & Poète
Beau travail…Très bon article,félicitations!
J’ai trouve cet article tres interessant. L’auteur fait des liens entres les artistes et les lieux, la periode et les evenements qui ont ete fouilles. Cet article apporte beaucoup a la lecture. Je l’ai mis de cote,
AC
Bonsoir,
Je viens de lire ce bel article écrit par Franck d’Almeida, félicitation pour votre beau récit entaché par la folie meurtrière de certains hommes ne sachant plus qui ils étaient.
» Ne jamais oublier notre passé, afin de ne pas recommencer »
Vous avez, humblement et humainement décrit l’histoire de plusieurs personnages énigmatiques pour certains et charismatiques pour d’autres, tout est bien réel, tous, de vrai témoins de la vie et de l’oeuvre gigantesque du célèbre peintre, Henri MATISSE.
J’ai une attirance toute particulière pour l’art et pour l’abondance de créativité, de passion, de subggestion, de dévouement, de dépassement de soi, voir jusqu’à l’oubli total du temps, qui semble s’être arrêté devant tant de beauté et de réalisme fauvisme.
Concernant la foisonnante et éblouissante collection de l’artistes, Monsieur, Henri MATISSE, je suis toujours en admiration et en pleine contemplation devant un aussi beau coup de pinceau.
Encore merci Franck, pour ce court rappel, qui appartient encore à notre patrimoine d’histoire culturelle et pour toujours.
J »ai encore dans les yeux, toutes les nuances et toutes les influences de couleurs d’une oeuvre très coloré et d’un homme très inspiré.
Patrice BRUNETEAU
Ultra-Marathonien
Coach-Sportif
Consultant-Sportif
Article très intéressant qui met en lumière les liens entre les conditions de l’art et ceux qui le font. On apprend le rôle énorme que les Stein ont joué dans l’aventure de l’art moderne, leur courage et leur intuition persistante. Merci beaucoup à l’auteur de cet article pour avoir donné accès aussi clairement à ce parcours passionnant.
Passionnant ce destin parallèle de deux familles. Ce qui me touche le plus dans tout cela c?est l?amitié qui les lie. Merci.
Bel article intéressant, j’y ai appris beaucoup de choses que j’ignorai. Passionnée d’art, novice en la matière. Merci, dans l’attente du prochain article.
Bravo, Franck, pour cette intéressante contribution.
Cet article très intéressant, nous permet de regarder Matisse sous un autre angle. Je n’avais jamais fait le lien entre Matisse et l’art dit dégénéré.
Si vous voulez découvrir mes toiles et mes créations qui sont dédiées à la transmission de LA MÉMOIRE DE L’HOLOCAUSTE, aller visiter le site http://www.fmayran.com.
Ce sont des créations pour SYMBOLISER LES TRACES de la Shoah, celles du génocide tsigane ou Samudaripen et par là, les traces indélébiles de tout génocide.
Ce sont des créations pour QUESTIONNER L’INDIFFÉRENCE face au drame de toutes les barbaries.
Les expositions de ces toiles relient ainsi des lieux de mémoire, des lieux d’histoire et des lieux tournés vers l’avenir:
– En FRANCE, au Mémorial du Camp de Royallieu de Compiègne, au Camp du Struthof, au Centre Mondial de la Paix à Verdun, au Conseil Régional d’Alsace à Strasbourg, à la Foire Internationale d’Art Contemporain ST’ART de Strasbourg, au Mémorial d’Alsace-Moselle à Schirmeck et au Conseil de l’Europe.
– En BELGIQUE, au Fort de Breendonk et à la Gare de Boortmeerbeek.
– En ALLEMAGNE, à Karlsruhe au Centre Culturel Franco-Allemand.
Voilà un excellent article qui non seulement fait ressortir des détails quant à Matisse et à sa propre vie mais nous entraine dans les relations avec autrui, avec le mécénat, avec la période de la guerre et de l’après-guerre que tout le monde ne connait pas obligatoirement. Bravo pour ces éclaircissements !
Bonjour Franck D’Almeida. Félicitations pour l’article, et vous remercie de l’occasion pour en apprendre davantage sur l’art et les artistes! – artiste et architecte