PARIS , le 17/10/07 - De Superman, super-héros créé dans les années 1930 aux Etats-Unis, au tout jeune "Chat du rabbin" du Français Joann Sfar, une exposition retrace près d'un siècle de culture juive dans la bande-dessinée, jusqu'au 27 janvier au Musée d'art et d'histoire du judaïsme de Paris.
L'exposition, qui rassemble quelque 230 dessins ou planches originales, débute en 1900-1910 à New-York, où les artistes juifs décrivent la condition des immigrants confrontés à "la métropole dévorante".
Suivent les super-héros de l'entre-deux-guerres, qui voit naître Superman (1938) de l'imagination de Jerry Siegel, fils d'immigrants juifs venus de Lituanie, et Joe Shuster, dont les parents venaient d'Ukraine et des Pays-Bas.
Héros résolument "non-aryen", malgré son physique body-buildé, Superman est, selon un dessinateur de l'époque, "le fantasme ultime de l'assimilation" et s'en prend aux nazis par BD interposées. Hitler finit ainsi (avec Staline) devant un tribunal international pour répondre de ses crimes dans un comic-strip publié avant l'entrée en guerre des Etats-Unis.
"De Superman au Chat du rabbin" fait une large place aux pionniers du comic book, les magazines de BD américains des années 1940-50, dans lesquels nombre de dessinateurs européens ont alors appris le métier. A voir notamment, des dessins originaux de Will Eisner, qui raconte la vie de la communauté du Bronx ou de Brooklyn dans ses "comics" et plus tard ses romans graphiques.
Après la seconde guerre mondiale, les verrous sautent et les auteurs américains se lancent dans la contestation. C'est le grand défouloir des années "Mad", le magazine loufoque créé en 1952 par Harvey Kurtzman.
Robert Crumb accompagne ensuite le mouvement pour les droits civiques et la libération sexuelle aux Etats-Unis, avec son "Fritz le cat" (1968), et ses "Horribles obsessions" de 1972.
Mémoire juive toujours avec Art Spiegleman, qui publie en 1985 "Maus", qui raconte l'histoire de son père rescapé des camps de la mort.
L'exposition rappelle aussi les apports des Européens à la "diaspora des bulles" comme les Italiens Hugo Pratt, qui truffe ses récits d'allusion au judaïsme, et Vittorio Giardino, dont le héros est un juif français dans les années qui précèdent la seconde guerre mondiale.
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