SORTIE : 19 NOVEMBRE 2008
De James Gray (Etats-Unis), avec : Joaquin Phoenix, Gwyneth Paltrow, Vinessa Shaw - 1h40
New-York.
Un homme hésite entre suivre son destin et épouser la femme que ses
parents lui destine. Il se rebelle et écoute ses sentiments,
rencontrant sa nouvelle voisine, belle et volage, dont il tombe
éperdument amoureux
James Gray était pour la troisième
fois à Cannes en compétition, lors du dernier festival et avait
présenté, avec Two Lovers, un petit chef-d’œuvre. Bourré de références
à Capra, pendant que Joaquin Phoenix, qui vient d’abandonner sa
carrière d’acteur, évoque Cary Grant, et Gwyneth Paltrow, Veronica
Lake. Aucun ne calque l’autre pourtant, surtout pas James Gray, qui
réalise ici son film le plus abouti, depuis ce reste son œuvre majeure,
Little Odessa .
Ce changement de registre, du film criminel
(Little Odessa, The Yards, La Nuit nous appartient) à la romance, lui
donne une dynamique dans l’écriture (qu’il signe aussi) et une
jubilation dans la mise en scène, qui en font véritablement aujourd’hui
un des plus grands. Une dimension en germe vient d’éclore.
Comme cette éclosion passe par des références cinématographiques fortes (voir plus haut), son prochain film devrait être une splendeur, suite à une telle catharsis !
Two
Lovers est la plus belle histoire d’amour vue au cinéma depuis 2046 de
Wong Kar-Wai. Aucun rapport entre les deux films, sauf cette émulsion
des sentiments, sur des lignes différentes, d’une sensibilité rare.
Dans le récit, son organisation, les situations, les dialogues, la mise
en images d’une splendeur confondante. Woody Allen aurait sans doute
aimé aboutir à une telle perfection. Car les situations, les dialogues,
New York sont proches de lui
Two Lovers part du tragique (un
homme fait une tentative de suicide par amour), pour nous faire monter
sur une poussée jubilatoire (la rencontre de deux femmes
extraordinaires), afin de mieux nous plonger dans le cynisme absolu
(l’abandon amoureux et la récupération par le concret). Pathétique. Ce
n’est pas du Allen ça ?
Mais Gray le fait avec sa patte, filmant
comme personne Brooklyn, encore mieux que dans ses précédents films,
dirigeant ses acteurs, visiblement touchés, avec précision et style.
Isabella Rossellini est formidable dans son second rôle de mère juive,
et Elias Koteas (Crash) qui interprète son mari : tous deux sont trop
rares à l’écran. Comment se fait-il que les cinéastes ne fassent pas
plus appel à ces deux acteurs extraordinaires ?
Ce qui prouve
que Gray est un grand cinéaste : il sait écrire, il filme à merveille
et dirige comme peu. Two Lovers, sur un sujet simple, sinon cliché, est
d’une subtilité, d’une drôlerie, d’une véracité, et d’une
cinématographie rares. Magnifique.
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