"Les faux-monnayeurs": l'opération Bernhard racontée dans un film

Chronique Cinéma - le - par .
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PARIS
,le 04/02/08 - En lice pour l'Oscar du meilleur film étranger, le
sombre et palpitant "Les faux-monnayeurs" qui sort mercredi, illustre
le dilemme vécu par des prisonniers d'un camp de concentration nazi,
contraints de participer à l'effort de guerre ennemi en fabriquant de
la fausse monnaie.

Bien
accueilli au Festival de Berlin 2007 où il était en compétition mais
n'a pas remporté de prix, "Die Fälscher", le deuxième film de
l'Autrichien Stefan Ruzowitzky s'inspire de la véridique "Opération
Bernhard", fomentée par le régime hitlérien pour ruiner l'économie
britannique.

Adolf
Burger, survivant du camp de Sachsenhausen aujourd'hui âgé de 90 ans, a
relaté dans son autobiographie les faits transposés l'écran.

Ce
militant communiste juif slovaque a passé deux ans de sa vie dans
"l'atelier du diable", une imprimerie ultra-secrète installée au coeur
du camp de Sachsenhausen, où avec 139 autres typographes juifs, il
fabriqua de la fausse monnaie et des faux documents destinés aux
espions nazis.

Ses
talents de faussaire l'avaient fait arrêter à Bratislava, le 11 août
1942: imprimeur de métier, il fabriquait alors de faux certificats de
baptême pour sauver les juifs des griffes du régime fasciste de Jozef
Tiso.

Déporté
à Auschwitz, puis à Birkenau, il pesait dans les 35 kg quand les nazis
décidèrent de le transférer en Allemagne pour utiliser son savoir-faire.

Entre
1943 et 1945, les faussaires juifs fabriquèrent 131 millions de livres
britanniques. La production de faux dollars commençait quand l'avancée
des troupes russes poussa les nazis à transférer l'équipe en Autriche.

Dans
"Les faux-monnayeurs", Stefan Ruzowitzky relate cet épisode peu connu
de la guerre avec une grande justesse de ton, grâce à l'interprétation
remarquable de ses comédiens.

Ces
derniers relèvent le pari osé de suggérer l'horreur indicible du statut
de prisonnier des camps de concentration - dont on ne verra pas
grand-chose, car les faux-monnayeurs bénéficiaient d'un traitement de
faveur: ils étaient correctement nourris et traités, le temps de
s'acquitter de leur tâche.

Le
film montre les conflits générés par ce travail à "l'atelier du
diable": certains préfèrent vivre, au risque de contribuer à la
victoire de l'ennemi et à l'extermination des leurs, d'autres sont au
désespoir et veulent mourir.

Le
dilemme des faux monnayeurs, contée dans cette fiction aux allures de
farce sinistre, illustre un conflit moral de portée universelle:
vaut-il mieux se sacrifier plutôt que de contribuer à la victoire de
son ennemi? Ou doit-on rester en vie à n'importe quel prix?

"Je
préfère mourir gazé demain que fusillé pour rien aujourd'hui. Un jour,
c'est un jour", affirme le héros, Sorowitsch, interprété par Karl
Markovics.

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