
Présenté dans le cadre de la sélection officielle au dernier Festival de Cannes, « Captives » d’Atom Egoyan avait fait sensation.
Le réalisateur canadien est un habitué de Cannes lui aussi ; il reçut le Prix de la Critique Internationale pour Exotica en 1994, puis celui du Grand prix du Jury en 1997 pour De beaux lendemains et le Prix du Jury Œcuménique en 2008 pour Adoration. Il en est membre du jury en 1996. Captives est bouleversant.
8ans après la disparition de Cassandra, quelques indices troublant semblent indiquer qu’elle est toujours vivante. La police, ses parents et Cassandra elle-même, vont essayer d’élucider le mystère de sa disparition.
Tout comme, De beaux lendemains, le climat d’angoisse reste cependant permanent où, l’Homme n‘est autre que bloc de souffrance et d’impuissance. Enfermé dans une situation généralement sans issue. D’une violence sèche, le réalisateur installe la fatalité et la douleur au cœur de son film. On aurait pu dire que rien ne pourrait se passer dans cette ville fantôme. Il suffit d’en regarder le paysage.
Que ce soit le père, la mère, où la police, ils sont pris dans un engrenage inextricable qui se traduit par une réelle tragédie. Pendant près de deux heures et demie, le spectateur, l’estomac noué, suit les méandres d’une enquête difficile, les fausses pistes (jouant sur les flashbacks sans jamais les annoncer...), la souffrance insoutenable des familles.
Egoyan s’affirme une fois de plus comme un magistral directeur d’acteurs : Ryan Reynolds, en père éploré, est fascinant, le comédien canadien Kevin Durand habitué aux rôles inquiétants et Rosario Dawson, en inspectrice prête à tout pour retrouver les jeunes filles disparues, est tout aussi parfait.
L’ambiance hivernale de cette ville canadienne plongée dans le désarroi est filmée magnifiquement. Tout ce blanc neigeux n’est pas sans rappeler évidemment le chef d’œuvre des frères Coen, Fargo (l’humour noir en moins évidemment). Rendez-vous dans les salles ce mercredi ce thriller comparable au suspense du très beau Prisoners de Denis Villeneuve.
Laurent Bartoleschi
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