Depuis le dimanche 24 hanvier 2016, Moïse Chekroun, 72 ans, est porté disparu. Le septuagénaire a été vu pour la dernière fois alors qu'il quittait la synagogue de la rue Barbanègre dans le 19 éme arrondissement de Paris.
Trois semaines après, vendredi dernier, la brigade criminelle décide de se saisir de l'enquête. Pour les proches, la thèse de l’enlèvement est plus que probable.
"On veut savoir ce qu'il s'est passé. On ne peut pas croire qu'il ait disparu comme ça". Depuis trois semaines jour pour jour, la famille de Moïse Chekroun recherche cet homme de 72 ans qui s'est volatilisé un dimanche soir.
Depuis le 24 janvier, peu après 21 heures, aucune nouvelle de Moïse Chekroun ."Jusqu'à vendredi, la brigade de répression de la délinquance contre la personne BRDP était chargée de l'affaire. C'est désormais la brigade criminelle qui l'a récupérée.
"Un accident, c'est impossible"
Cette disparition soudaine reste un mystère pour la famille comme pour les enquêteurs."Depuis l'appel à témoins lancé par la police il y a plus de deux semaines, des personnes ont appelé les enquêteurs mais ça n'a rien donné", indique Stéphanie Chekroun, la belle fille du disparu.
Elle ne croit absolument pas à la thèse de l'accident : "Des fouilles ont été faites dans le canal de l'Ourcq et le canal Saint-Denis, chemin que mon beau-père empruntait en quittant la synagogue pour rentrer à son domicile de Saint-Denis.
La police n'a rien trouvé. Même si on nous dit qu'un corps peut remonter à la surface après quatre, cinq, six semaines, ou même six mois parce qu'il peut être accroché au fond, nous sommes convaincus qu'il n'est pas là : cela fait 40 ans qu'il fait le même chemin"
Depuis 2009, Moïse Chekroun s'occupait de l'ouverture et de la fermeture de la synagogue. Ce dimanche 24 janvier, il y était célébré tou Bichvatou, le nouvel an des arbres, fête qui symbolise le renouvellement de la nature.

Synagogue rue Barbanegre
Moïse Chekroun devait prendre l'excédent de nourriture qui restait de la fête, notamment les fruits que l'on mange à cette occasion. Les personnes de la synagogue ont été étonnés, "car, visiblement, il ne les avait pas pris, indique Stéphanie Chekroun.
Ce jour là , les caméras de vidéosurveillance de la synagogue n'avaient pas été mises en route. Il n'y a donc aucune vérification possible. Aucun militaire non plus devant la synagogue, malgré la fête de Tou Bichvatou, et le monde qu'il y avait, car le directeur avait oublié de les prévenir.
La thèse de l'enlèvement est plus que probable, d'après les proches. "Malheureusement, le climat actuel fait que tout est possible… On vient de rendre hommage à Ilan Halimi mort sous la torture il y a dix ans, vous comprenez bien que l'on peut tout imaginer… Nous ne savons pas si mon beau-père avait ou non fait l'objet de menaces. Ce qui est sûr, c'est que c'est quelqu'un de très introverti, de serviable et de gentil"souligne Stéphanie Chekroun.
Maître Muriel Melki, l'avocate de la famille Chekroun demande à toute personne susceptible d'apporter des informations sur cette disparition de passer un "appel anonyme" à la police.
"L'appel que nous faisons aujourd'hui est destiné à lever une omerta qui s'est peut-être mise en place dans le 19e arrondissement et à Saint-Denis, dit le conseil. Nous en appelons à toutes les personnes qui vivent aux abords de ce quartier de témoigner. Il n'est pas possible que Moïse Chekroun ait disparu et ce soit volatilisé un soir sans que personne n'ait rien vu et rien entendu".
De nombreuses affiches ont été collées dans Paris et en Seine-Saint-Denis pour tenter de le retrouver. Plusieurs battues ont également été organisées dans plusieurs arrondissements de Paris.
Ce dimanche, la famille allait faire des recherches dans le parc des Buttes-Chaumont, dans le 19eme. "Une personne nous a appelés pour nous dire qu'elle pensait avoir vu Moïse dans un abri-bus près du jardin."… Le police, elle, poursuit ses investigations.
Un numéro vert mis en place
Au moment de sa disparition, Moïse Setti Chekroun était vêtu d’un Kway bleu et vert, d’un blouson en daim camel, d’une chemise polaire à carreaux blanc et bleu marine, d’un pull noir col en V, d’un jean bleu et d’un bonnet noir. Le septuagénaire mesure 1,70m et est de corpulence forte. Il a les yeux marron, les cheveux grisonnants et une calvitie importante. Toute personne susceptible d’apporter des éléments intéressant l’enquête peut contacter l’état-major de la police judiciaire de Paris au numéro vert : 0800 00 27 08 (7j/7, 24h/24) ou par courriel à l’adresse suivante : pppj-appelatemoin@interieur.gouv.fr.
Nathalie ZADOK