
L'auteur de l'article d'origine est Didier Durmarque pour le huffingtonpost
86 juifs ont été gazés en France. Qui en parle ?
Information historique passée sous silence.
Histoire de ne pas assombrir encore plus le sinistre passé de la France, ou "simple point de détail "de son histoire ?
Voici donc un film traitant sur l'effroyable gazage de ces 86 juifs afin de constituer une collection de squelette de cette race inférieure , les Juifs.
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Le film revient sur le gazage de ces 86 victimes en août 1943, en territoire français annexé au Reich, au camp du Struthof.
A l'instar de l'auteur de Shoah, Claude Lanzmann, les auteurs du nom des 86 ont essayé de faire parler plusieurs intervenants sur les "lieux du crime": au Struthof, à Auschwitz, à l'institut d'anatomie de Strasbourg. La parole des témoins a eu une place primordiale dans la construction du film.
Un des personnages du film évoque le gazage de 86 Juifs en août 1943 comme paradigmatique et représentatif de toute l'extermination. Sur la structure, c'est une évidence; sur l'événement, ce serait plutôt une exception.
Rappelons les faits, uniques dans l'histoire de la Shoah. 86 juifs sont sélectionnés à Auschwitz, en 1943, afin d'être déportés au camp du Struthof.
August Hirt, directeur de l'institut d'anatomie et médecin de la faculté de Strasbourg, souhaite constituer, dans le cadre d'un musée consacré « au juif », une collection de squelettes pour témoigner auprès des générations futures de la légitimité de l'éradication de cette race inférieure.
De ce projet naît l'unique chambre à gaz en France, chambre à gaz qui fonctionnera ni à partir du zyklon B d'Auschwitz ou de Maïdanek, ni à partir du monoxyde de carbone de Treblinka ou de Sobibor, mais à partir d'un assemblage unique, sels et eau.
Le témoignage, datant de 1945, de Josef Kramer, Hauptsturmführer, est aussi précis qu'édifiant:
"Au début d'août 43, je reçus donc les quatre-vingts internés destinés à être supprimés à l'aide des gaz qui m'avaient été remis par Hirt. Je commençai par faire conduire à la chambre à gaz, un certain soir vers 9 heures, à l'aide d'une camionnette, un premier groupe d'une quinzaine de femmes environ. Je déclarai à ces femmes qu'elles devaient passer dans la chambre à désinfection, et je leur cachai qu'elles devaient être asphyxiées. J'ai placé les sels dans une cuvette située dans la chambre à gaz, avant d'y faire entrer les victimes.
Assisté de quelques SS, je les fis complètement déshabiller et je les poussai dans la chambre à gaz alors qu'elles étaient toutes nues.
Au moment où je fermai la porte, elles se mirent à hurler. Lorsque les victimes étaient entrés dans la pièce, je versai de l'eau dans l'entonnoir, j'ouvris le robinet et le contact de l'eau sur les sels placés à l'avance dans la chambre à gaz déclenchait le gazage lui-même. (...)
J'allumai la lumière à l'intérieur de la chambre à l'aide d'un commutateur (...) et j'observai par le regard extérieur ce qui se passait à l'intérieur de la chambre. Je pus constater que ces femmes continuaient à respirer environ une demi-minute, puis elles tombèrent à terre.
Lorsque j'ouvris la porte, après avoir fait en même temps marcher le ventilateur à l'intérieur de la cheminée d'aération, je constatai que ces femmes étaient étendues sans vie et qu'elles avaient laissé échapper leur matières fécales."
Dans son ouvrage Les chambres à gaz secret d'État, Eugen Kogon revient précisément sur cette expérience, relativement méconnue, de la Shoah, en explicitant pourquoi ce gazage est à la fois paradigmatique et exceptionnel, dans la procédure chimique mise en place:
"Le moyen appliqué au camp de Struthof-Natzweiler, en août, présente un cas particulier. On sait que le Hauptsturmführer SS Josef Kramer, commandant du camp, s'était mis en rapport avec le professeur Hirt, de la faculté de médecine de Strasbourg, qui lui avait fourni un flacon contenant des sels que Kramer croyait être des sels cyanhydriques.
A l'aide de ces sels, Kramer allait exécuter quatre-vingt-sept personnes, en opérant par groupes d'une trentaine chaque fois.
Le procédé consistait à introduire dans la chambre à gaz hermétiquement close une certaine quantité de sels, fournis par Hirt, en même temps que de l'eau (...) Naturellement, Kramer ne savait pas tout cela. Cela n'en donne que plus de poids à son témoignage."
Nul besoin d'un emplacement caché, dans une forêt de bouleaux (Birkenau) ou un bois de hêtres (Buchenwald), la chambre à gaz, hors du camp, est à proximité du village. "Avant la guerre, c'était la salle des fêtes du restaurant. Et quand ils ont installé le camp ici, ils ont transformé cette salle des fêtes en chambre à gaz."
La reconnaissance du nom des 86 se fit en deux moment. Henri Henrypierre, assistant à l'institut d'anatomie entre 1942 et 1944, recopia en cachette les matricules tatoués sur les quatre-vingt-six victimes. Le travail historique déterminant fut celui d'un historien allemand, Hans-Joachim Lang dont la ténacité, la rage silencieuse transparaissent à l'écran.
Les paroles de Georges Yoram Federmann crèvent littéralement l'écran où il s'insurge contre ce vocabulaire humaniste qui se complaît à désigner sempiternellement les nazis comme des malades mentaux ;
"Au nom de quoi, aujourd'hui, voudrions-nous faire de Hirt un fou? En quoi le fait d'accepter qu'il ait été normal pourrait-il nous gêner?
Je suis convaincu que Hirt était normal et qu'il a servi au mieux la médecine telle qu'il se la représentait. Et on ne pourra pas me faire admettre que cette médecine, en 33 et 45, peut être distinguée de la médecine allemande extraordinaire qui a éclairé le monde occidental de ses découvertes et de ses recherches fondamentales. Pour moi le nazisme est dans la continuité de la culture allemande et nous sommes les héritiers d'une partie de cette pensée. Pour moi, Hirt est définitivement normal."
"Je suis convaincu que mes collègues allemands qui ont adhéré au nazisme considéraient les Juifs, les Tziganes, les homosexuels comme étant exclus de la communauté des hommes et donc n'ayant pas besoin de soin. Étant exclu de la communauté des hommes, et c'est à la faculté qu'ils ont appris à exclure l'autre.
Étant exclu, il n'y avait pas besoin d'avoir d'états d'âmes en les tuant et en les sélectionnant auparavant.
La question que je me pose aujourd'hui fortement, c'est en quoi sommes-nous différents de ces médecins-là dans nos représentations et en quoi les études de médecines d'aujourd'hui sont-elles différentes des études de référence en Allemagne à partir de 33 ?Pour moi, il n'y a aucune différence ! Pour moi, l'expérience, l'adhésion des médecins au nazisme ne nous a rien appris."
Ces paroles ne nous mettent pas simplement en face de l'histoire mais de ce qui, dans la modernité, reste impensé et rend possible la répétition d'autres génocides. Est-on prêt à entendre cette vérité ?
Si le film de Emmanuel Heyd et de Raphael Toledano se présente comme modeste, alors il y a des modesties qui confinent à des grandeurs. Ces grandeurs sont celles qui montrent l'humanité dans son universalité... et la réalité de ce qui la menace, de ce qui peut, à tout moment, l'annihiler.

STRUTHOF. stèle où est gravé nom des 86 juifs gazés en France
"Le nom des 86" un film réalisé par Emmanuel Heyd et de Raphael Toledano
Résumé :
86 victimes juives ont été sélectionnées à Auschwitz en 1943, par le professeur August Hirt pour des expérimentations, afin d’être déportées dans le camp de Struthof où une chambre à gaz a été spécialement aménagée pour les tuer dans une ancienne salle de bal, en contrebas du camp central. Il voulait constituer une collection de squelettes, dans la perspective de l'extinction complète de la race inférieur mais aussi pour garder la trace de cette « race qui incarne une sous-humanité repoussante, mais caractéristique »,les juifs.
"Ce n'était pas un fou; il était l'un des meilleurs médecins au monde", rappelle Georges Yoram Federmann, président du Cercle Menachem Taffel, du nom de la première victime juive identifiée. Comment ce sinistre projet a-t-il vu le jour?
Que sont devenus les 86 Juifs gazés pour cette collection anatomique ?
Le film documentaire, "Le nom des 86", écrit et réalisé par Emmanuel Heyd et Raphael Toledano, retrace les faits pendant la seconde guerre mondiale, et l’idée de l’anatomiste nazi, August Hirt, qui mit en œuvre un macabre projet: créer une collection de squelettes juifs à Strasbourg.
Ce film m’est l’accent sur ce fait de l’histoire. Des interrogations se posent alors…. Sur la structure, c'est une évidence; sur l'événement, ce serait plutôt une exception. Pourquoi? Comment?
sources huffingtonpost et adapté par Nathalie ZADOK