Laurent Bartoleschi

Je m'appelle Laurent Bartoleschi, actuellement attaché de production à Radio France International( RFI).
J'ai connu Alliance en 2009, tardivement donc, d'où j'avais proposé à Mme la Présidente-Claudine Douillet, de rédiger quelques articles cinéma. Chose établie puisque jusqu'à aujourd'hui, après en avoir réalisé plusieurs, de couvrir les festivals de Cannes et de Deauville, ainsi que maintes interviews, je suis reconnu par les professionnels de la profession, étant donné qu'ils me délivrent chaque année, depuis 2010, ma carte de critique. Une belle reconnaissance, à vrai dire. Merci à toute l'équipe d'Alliance, en espérant que cette collaboration ne soit qu'un début.

Les articles de Laurent Bartoleschi

Champagne Laurent Perrier cacher ? Faites attention aux escrocs

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Rien n’arrête la concupiscence de certains pour gagner malhonnêtement quelques euros et abuser au passage de la bonne foi de gens.

Pour preuve, cette mésaventure qui est arrivée à Mr COHEN qui, à l'occasion de la bar mitsvah de son fils a acheté à la sauvette une caisse de bouteilles de Champagne Laurent Perrier étiquetées" cacher beth din de paris" .

Le traiteur qui était en charge de la réception a  laissé la liberté à son client d'amener lui même les bouteilles de Champagne et n'eut été la  perspicacité du chomer de la réception Mr Serge AZOULAY, il aurait pu se produire une catastrophe.

Le chomer  s'est aperçu au premier coup d’œil que les bouteilles de champagne  présentaient une anomalie du fait de la collerette de cachrout plutôt inhabituelle.

Il s'est vite rendu compte que les bouteilles étaient en fait du champagne Laurent Perrier non casher sur lesquelles quelqu'un avait collé des étiquettes portant le logo de cashrout du Beth Din de Paris.

Mr COHEN a compris son erreur et n'est pas prêt à acheter à nouveau de la main du 1er venu un produit casher sous prétexte de l'avoir " à bon prix «. L'identité du faussaire et revendeur indélicat a été révélé aux services de cashrout du Beth Din de Paris qui vont  se porter partie civile pour demander dommage et intérêt et dissuader toute récidive de cette contrefaçon malveillante.

K-Acher.

Interview exclusive de Frédéric Zeitoun, L'histoire enchantée du petit juif à roulettes

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C’est avec beaucoup d'humour et autant de dérision que Frédéric Zeitoun a choisi de parler de sa vie. Handicapé de naissance, c’est avec son fauteuil qu’il affronte son destin en décrivant son parcours. Parolier des plus grands de Frédéric François, Charles Aznavour, Enrico Macias,… chroniqueur culturel sur France2 , sur la chaine culte Mélody,  comédien même, Jacques Martin lui offre sa première télé,… 


Aujourd'hui, il a choisi de mettre en scène sa différence dans un spectacle musical présenté au Théâtre du Petit Hébertot (fort du succès de l'an dernier à la Gaité Montparnasse) à Paris les Samedis à 16h, et les dimanches à 19h30 dans une mise en scène d'Alain Sachs (avec une halte dans les prochains jours en Israël). Pour Frédéric Zeitoun, "La vie va comme sur des roulettes. Je me fous de ceux qui me mettent des bâtons dans les roues ; et dans nos villes inaccessibles parfois, j’envie, oui c’est possible, le Passe-Partout de Fort Boyard, car moi c’est plutôt passe nulle part". Interview

L.B: Durant toute la pièce y règne une certaine gaité; vous paraissez être quelqu'un de très optimiste dans la vie. Vrai?

Frédéric Zeitoun: Vous savez, je suis un peu comme tout le monde avec mes propres périodes de doutes et de chagrins; c'est d'ailleurs un peu ce que dit ce spectacle: on est ni plus ni moins que les autres, à la différence que l'on est sur-handicapés aux regards des autres justement. Oui je suis un optimiste, comme j'aurai bien pu être un pessimiste sur mes deux jambes. Mais, ça n'est pas le fauteuil qui m'a rendu positif. Maintenant, il est vrai que je garde le sourire et l'humour surtout tout en criant ma colère. On n'est pas là pour prendre les gens en otages. Ça reste un minimum de politesse que de rester poli en vers les gens qui viennent me voir.

L.B: Parlons un peu d'humour, si vous le voulez bien, puisque c'est tout de même le fil rouge de la pièce et dans votre vie.

Frédéric Zeitoun: Il y en a tout le temps. C'est même la première façon d'avancer. Si l'on n'a pas d'humour sur soit, c'est carrément triste. De l'humour sur les handicapés, c'est de l'humour tout court: quand je dis: "pendant que le téléthon est alors diffusé et qu'une chaine concurrente propose l'élection de Miss France, chaque chaine possède ses handicapés...", ce ne sont pas ces derniers qui en prennent un coup! (Rires) Du coup, on peut plus ou moins rire de tout. Ca dépend maintenant. Si le rire n'est que du rire et non de l'agressivité et fait même réfléchir, alors oui. Si le rire c'est de l'insulte, je réponds non!

L.B: La musique, c'est votre vie. Quelles sont les prémices de cette passion?

Frédéric Zeitoun: Certaines personnes ont la chance d'avoir de grandes passions, personnellement, je suis "tombé dans la marmite" depuis tout petit. J'ai toujours eu envie de chanter et d'écrire surtout et d'en faire mon métier (Frédéric François, Charles Aznavour, Louis Bertignac, ZAZ et Marc Fichel récemment, NDLR). L'histoire enchantée du petit juif à roulettes est mon deuxième spectacle, entièrement autobiographique, alors que le premier ne traitait que de chansons. Mais, en effet, le fil directeur de ma vie reste la chanson. 


Peut-être parce que le poste de radio était constamment allumé à la maison, ce qui émanait cette espèce de joie gracieuse dans les quatre coins de la maison. C'est d'ailleurs cette joie que l'on a envie aujourd'hui de perpétrer! Je décris certes ces années formidables, où l'on n'avait pas un rond. Où en arrivant en France, mes parents découvraient le froid, la neige, l'usine, après avoir connu le soleil de la Tunisie. C'était un peu du Zola!  Et malgré tout cela, une certaine joie de vivre régnait à la maison.    

L.B: Et s'il n'y avait pas la musique et les chansons, auriez-vous continué le chemin du Droit?

Frédéric Zeitoun: C'était une façon, une nouvelle fois comme je le dis dans la pièce, pour rassurer ma famille! (rires) J'en avais rien à faire totalement du Droit. Ayant fait pourtant un DESS, je me suis éventuellement passionné pour la dernière année, puisque je m'étais spécialisé dans les droits d'auteur, donc un lien indirect avec la musique.

L.B: Es-ce-que le petit juif à roulettes est quelqu'un de pratiquant point de vue religion? En tout cas, visiblement les vendredis soirs étaient sacrés chez vous.

Frédéric Zeitoun: Mon judaïsme est beaucoup plus culturel que cultuel – chose que j'essaie de transmettre à mon petit garçon aujourd'hui; Être juif, pour moi c'est avant tout une culture et une façon d'être! Traditionaliste dans l'âme, ce qui me plait le plus reste ces grandes tables, ces engueulades sur les mêmes sujets, les fausses fâcheries, tout ceci les vendredis soirs. Sacrés à part entière, encore aujourd'hui! Le plus beau compliment qu'on ait pu me faire à ce sujet revient lorsqu'une dame qui venait tout droit de sa Bretagne pour voir la pièce et me racontait que chez elle cela se passait les dimanches midis. Comme quoi, n'importe qui peut se retrouver dans mon histoire!

L.B: Israël, c'est pour bientôt? Une première pour vous?

Frédéric Zeitoun: Ça m'excite de partir jouer là-bas. Tout d'abord et simplement parce que c'est Israël! Et puis, j'y ai beaucoup d'amis et de famille surtout, principalement sur Tel Aviv. D'ailleurs, certains d'entre eux ne pouvaient pas se déplacer, du coup, on va le faire à domicile! Pratique, non?


Laurent Bartoleschi


 

Hatufim en projection au Musée d'histoire et du judaïsme

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Précisons que cet article ne possède aucun spoiler afin de respecter celles et ceux qui n'ont (toujours) pas pris connaissance de cette sublime série.


La série Hatufim est avant tout, et à contrario de son petit frère (plus ou moins) jumeau Homeland, une réflexion qui dépasse le cadre classique, pour devenir opératoire à plusieurs niveaux: humain d'abord, politique ensuite. 



S'inspirant (sans doute) de faits plus ou moins réels, la série, remarquablement écrite et mise en scène, se savoure grâce à ces nombreux rebondissements et son suspense à couper au couteau. Un peu à la manière de la série novatrice des années 2000, 24heures chrono, Hatufim se révèle délicieusement addictive. Une mise en abyme avec ces anciens prisonniers surveillés par plus haute autorité. 


Autant son homologue américain nous saisit par son côté thriller, Hatufim s'intéresse d'avantage lui aux réactions psychologiques des protagonistes masculins et surtout féminins! Gidéon Raff, créateur de la série, réalise une œuvre coup de poing et parfois polémique en proposant une vision intime de la société israélienne de l'intérieur. 



A la fois maitrisée et provocatrice, précise et ambiguë, Hatufim se conjugue aux espoirs et aux angoisses de chacun. Rappel des faits. Trois soldats de Tsahal ont été détenus pendant plus de quinze ans aux branches armées islamistes. Après moult négociations, seuls deux sont finalement libérés par leurs ravisseurs, le troisième ayant péri lors de sa captivité. Durant toutes ces années, que sont devenus leurs femmes, leurs enfants, leurs familles? Et surtout comment surmonter le traumatisme de la guerre ?


 


Après le succès du coffret de la saison 1 avec plus de 7500 exemplaires vendus, Arte Editions expérimente une édition spéciale Direct to DVD de la deuxième saison tant attendue pour certains! Aussi, deux coffrets DVD seront édités dès le 5 novembre 2014: le coffret de cette seconde saison, et pour les inconditionnels le coffret de l'intégrale saisons 1+2. 


Pour ceux qui veulent voir en grand cette grande série, notez pour les parisiens que des projections exceptionnelles – et en avant-première, s'il vous plait- des 4 premiers épisodes de la 2ème saison, le 5 novembre à partir de 20heures au Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme (71, rue du Temple, 75003 Paris) et au Nouveau Latina (20, rue du Temple, 75003 Paris). Le tout en entrée libre! Réservation indispensable au 01 55 00 70 85 ou par mail: hatufimresa@artefrance.fr   



Laurent Bartoleschi

Cinéma : Magic in the moonlight par Laurent Bartoleschi

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Tourné sur la Riviera, la Côte d'Azur, le dernier film de Woody Allen, Magic in the moonlight, avec le toujours élégant et oscarisé Colin Firth et la pétillante Emma Stone, brille de mille feux. D'ailleurs, fidèle à son habitude, et comme l'on peut s'en apercevoir durant les fameuses 90 minutes du film, le metteur en scène craque totalement pour son actrice. Nouvelle égérie? A suivre. En tout cas, il continue à nous balader à travers le monde; après Paris, Rome, Barcelone (à quand Tel Aviv et/ou Jérusalem), le réalisateur new-yorkais choisi une nouvelle fois la France, le Sud précisément et durant les années 1920. 


Paradis des plus grandes fortunes du monde entiers se mêlant aux escrocs en tout genre.  Le prestidigitateur chinois Wei Ling Soo est le plus célèbre magicien de son époque, mais rares sont ceux à savoir qu'il s'agit en réalité du nom de scène de Stanley Crawford : cet Anglais arrogant et grognon ne supporte pas les soi-disant médiums qui prétendent prédire l'avenir. 


Se laissant convaincre par son fidèle ami Howard Burkan, Stanley se rend chez les Catledge qui possèdent une somptueuse propriété sur la Côte d'Azur et se fait passer pour un homme d'affaires, du nom de Stanley Taplinger, dans le but de démasquer la jeune et ravissante Sophie Baker, une prétendue médium, qui y séjourne avec sa mère. Aussi, ne sera-t-il pas question du jeu alléchant du chat et de la souris? 


Notez qu'il est une nouvelle fois question du thème du spiritisme que Woody Allen affectionne particulièrement, souvenez-vous du Sortilège du scorpion de Jade, Alice ou encore Midnight in Paris. D'ailleurs, Colin Firth s'inspire directement des plus grands prestidigitateurs de l'époque, à savoir Houdini. Avec l'âge, Woody s'amuse de plus en plus avec ses comédiens et surtout ses fidèles spectateurs, comme en témoigne son 44ème long métrage Magic in the moonlight.


Laurent Bartoleschi

ADN peut tout ou presque : trouver l'amour, prouver sa judéité, et si vous êtes destiné au succès?

 

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Vous voulez savoir si vous avez le "gène guerrier", qui soi-disant prédispose au succès ? iGenea peut vous dire "si vous êtes porteur de la variante du gène MAOA-L". 

Vous voulez savoir si vous êtes juif ? iGenea prétend fournir une réponse par l'ADN, comme s'il existait un profil génétique d'une prétendue race juive... Une lubie dangereuse et historiquement fausse. Joëlle Apter soutient pourtant l'inverse. 

Véronique ne le savait pas : "Mes gènes sont ceux du peuple juif selon le labo, je me découvre donc une communauté d'adoption". L'air de rien, la révolution génétique dérape. Prête à rétablir sans scrupule une effrayante pureté des origines, simplement parce que cela rapporte.


Rencontré l'amour grâce à votre ADN ?

Un site de rencontre basé sur le génotypage 


Joëlle Apter n'est pas seulement la patronne d'iGenea, elle est aussi cofondatrice d'un site de rencontres, GenePartner, qui propose aux gens un génotypage dans le but de trouver ensuite le partenaire idéal. Aux Etats-Unis, des dizaines de sites et d'applications exploitent ce filon, où l'amour n'est plus laissé au secret du hasard. 


Il priait sans comprendre, "pour la première maman". A l'âge de 7 ans, c'est devenu clair, Dominique Vercoutere a dit à celle qui l'avait adopté : "Tu n'es pas ma mère". 



Né en 1953, il a passé sa vie à fouiller partout pour trouver le début d'une racine. Et n'a rien vu que des portes qui se fermaient à son nez, rien obtenu qu'une maigre fiche avec ce texte type : "mère en détresse, abandon d'enfant". "J'ai tellement été éconduit, raconte ce musicien retraité d'un orchestre symphonique, qu'il ne me restait que ça, sonder mon ADN".


75 euros pour un kit ADN livré à domicile 


Depuis que le séquençage d'un génome complet est passé d'une centaine de millions de dollars au début des années 2.000 à 1.000 dollars aujourd'hui, la génétique low cost est à la portée de tous. Comme Dominique, de nombreux particuliers s'en remettent au génotypage pas cher pour combler le doute, panser les angoisses ou se rassurer.


Il y a ceux qui espèrent trouver une filiation, toucher leur vérité. Ceux qui veulent tout savoir sur les maladies qui les guettent. Et ceux qui vérifient leur judéité, et même sa "proportion". Tous ces explorateurs de l'ADN alimentent le grand marché de ce qu'on appelle la "génétique récréative". Celle qui, proscrite en France, s'annonce comme le business du futur à l'étranger.


En Suisse, en Allemagne, en Belgique, en Espagne, aux Etats-Unis, des dizaines de laboratoires proposent des "formules" avec des prix toujours plus bas. Pour 75 euros payés en ligne par carte Bleue, chacun reçoit son petit kit à la maison. On se gratte l'intérieur de la joue avec une petite brosse, on crache un peu de salive, on met le tout sous enveloppe, et c'est parti pour une lecture express - mais partielle - de son petit génome.


"Et là, j'apprends que je descends d'un prince russe !"


Dominique Vercoutere est le client type. En mai 2012, il est allé jusqu'au laboratoire iGenea, base locale du leader américain Family Tree DNA en Suisse. Pour 999 euros, il a demandé "la totale", "ce qui se faisait de plus complet". Deux mois plus tard, équipé de son login et de son mot de passe, Dominique s'est connecté au site du labo :


Et là, j'apprends que je descends d'un prince russe ! Oui, oui je suis lié à la dynastie de Rurik, qui n'est rien de moins que le fondateur de la Russie"


Après des décennies de recherches vaines, une existence privée d'origine, il a suffi de quelques clics pour que Dominique se trouve une famille génétique. Un horizon identitaire sans limites. iGenea lui a proposé une histoire, certes lointaine : "J'appartiens à la cour royale russe par ancestralité". Mais Dominique tient sa filiation, il a "697 cousins, dont 24 le sont au quatrième degré". Et il est content. "C'est une mine, qui vous entraîne à l'infini, raconte-t-il. Tous les jours, on y trouve des nouvelles de soi". Alors, Dominique a refait des tests.


Chaque fois qu'il "matche"(1) avec un inconnu, c'est, croit-il, un pas de plus vers lui-même :


"Là, je suis tombé sur une personne avec laquelle, sur une analyse de 67 allèles, tout matche. Sur Facebook je me rends compte que c'est quasiment le portrait de ma fille !"


"Il y a un côté grisant et addictif"


Dominique tirera le fil de son ADN jusqu'au bout du monde pour trouver sa mère. Et, connecté à ses racines, iGenea le suivra. Plus qu'un client, il est désormais membre à vie d'un immense réseau social, où, comme sur Facebook, on est amis, et on partage. Non pas son quotidien, mais ses données génomiques. Ainsi met-on le doigt dans la toile. "Il y a un côté grisant et addictif", raconte Nathalie(2), qui a demandé un test à un labo espagnol. Depuis toute petite, elle doutait d'être la fille de son père. "La peur qui m'a retenue des années est la même qui aujourd'hui m'excite". Car les laboratoires apportent des réponses sans fin. Lointaines, tirées par les cheveux, mais scientifiques.


Une banque de données mondiale avec plus de 700.000 profils


Le laboratoire iGenea, fondé en 2001 et dirigé par la généticienne Joëlle Apter, compare les résultats ADN de ses 150 000 clients, dont 30% sont français, à "une banque de données mondiale, qui contient plus de 700 000 profils, confrontés les uns aux autres en fonction des demandes". Les labos prospèrent sur ces petites failles existentielles et rassemblent les gens en communautés autour de leurs maux. Véronique a un peu plus de 50 ans. 


Pour 350 euros, la génétique vient de lui apporter une info sur son père, dont elle ignore tout. "Il est d'origine orientale, dit-elle. 


Maintenant, c'est moi qui ai les clés de ce que je suis, il n'y a plus qu'à dérouler le fil". Et ainsi croire reprendre la main sur soi. Même quand les nouvelles sont mauvaises, "on encaisse, c'est mieux que rien", confie Nathalie, qui a découvert la vérité. Son père lui est génétiquement étranger. Maintenant, elle aussi veut aller plus loin, "vers moi-même", dit-elle.


Avez-vous le "gène guerrier" ?


Comme si la génétique pouvait répondre à tout. Vous voulez savoir si vous avez le "gène guerrier", qui soi-disant prédispose au succès ? iGenea peut vous dire "si vous êtes porteur de la variante du gène MAOA-L". Vous voulez savoir si vous êtes juif ? iGenea prétend fournir une réponse par l'ADN, comme s'il existait un profil génétique d'une prétendue race juive... Une lubie dangereuse et historiquement fausse. Joëlle Apter soutient pourtant l'inverse : 


Les juifs ont développé une certaine homogénéité génétique visible par un test ADN. Ils représentent un gros marché, alors je ne vois rien de gênant là-dedans. Moi-même, je suis juive et je me suis soumise au test" 


Véronique ne le savait pas : "Mes gènes sont ceux du peuple juif selon le labo, je me découvre donc une communauté d'adoption". L'air de rien, la révolution génétique dérape. Prête à rétablir sans scrupule une effrayante pureté des origines, simplement parce que cela rapporte.


Un site de rencontre basé sur le génotypage 


Joëlle Apter n'est pas seulement la patronne d'iGenea, elle est aussi cofondatrice d'un site de rencontres, GenePartner, qui propose aux gens un génotypage dans le but de trouver ensuite le partenaire idéal. Aux Etats-Unis, des dizaines de sites et d'applications exploitent ce filon, où l'amour n'est plus laissé au secret du hasard. 


"C'est un marché grand public qui est apparu il y a cinq ans", explique Laurent Alexandre, énarque, médecin, fondateur du site Doctissimo et président de la société DNA-Vision, sise en Belgique. Mais la méthode utilisée par ces laboratoires est "fruste, puisqu'il s'agit de génotypage, qui est au séquençage ce que le Minitel est à internet". Si elle est suffisante pour offrir quelques réponses à ceux qui s'interrogent sur leurs origines ethniques ou filiales, elle confine au charlatanisme en matière de santé.


"Cette technique ne regarde qu'un millième du génome, contrairement au séquençage, qui, lui, est complet", précise Jean-François Deleuze, directeur général du Centre national de Génotypage (CNG). "Ce que les gens ignorent c'est qu'en fait, la prédictibilité est très faible". Pour 133,12 euros, la société 23andMe a calculé le "risque santé" de Dominique Vercoutere : 


"J'ai un risque élevé de faire du psoriasis, paraît-il. Et un autre d'infertilité !"


Il est pourtant père de trois enfants... Le laboratoire de Laurent Alexandre, équipé de cinq machines à 700.000 dollars l'une, fait du séquençage génétique. Mais n'accepte aucune demande émanant directement du consommateur :


Si je vous dis que votre probabilité d'avoir un cancer du pancréas est augmentée de 17%, qu'est-ce que ça signifie pour vous ? Vous serez dans l'impossibilité d'interpréter ces données. On ne doit pas faire de révélation grave par mail à une personne de 35 ans dont on ne connaît rien d'autre que sa carte génétique"


L'énarque a lui-même fait séquencer son ADN. Il a découvert qu'il était porteur de deux mutations qui protègent de la calvitie. Au-delà de ces éléments, "j'ai trouvé bien difficile d'interpréter tant de datas, confie Laurent Alexandre. Nous ne sommes plus très loin du moment où les diagnostics seront mieux faits par des algorithmes que par des médecins". 


La Food and Drug Administration (FDA) a demandé à 23andMe de cesser ses diagnostics prédictifs à la fin de l'année 2013. Le séquençage, qui deviendra vite aussi banal qu'une prise de sang, n'est pas en cause. Mais les fins auxquelles on le destine. Jean-François Deleuze insiste :


Il y a un aspect intelligent et progressiste dans la génétique, si on imagine une nouvelle médecine égalitaire, préventive, et individualisée"


Mais l'imagination est ailleurs : le business de l'ADN pèse déjà 20 milliards de dollars.


Elsa Vigoureux - Le Nouvel Observateur

Cinéma : Gone Girl par Laurent Bartoleschi

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Adapté du best-seller de Gillian Flynn, sorti en 2012, sous le titre français Les Apparences, Gone Girl est le dixième film du grand, du très grand David Fincher (Seven, Zodiac, Panic Room,…).

 

Ce faux thriller trace l'histoire de Amy et Nick Dunne, couple parfait, comme dirait la plupart de leur entourage sans exception aucune. Jusqu'au jour (date de leur anniversaire) où, Amy disparaît mystérieusement sans laisser de traces. 

 

Alors que la police prend rapidement en charge l'enquête. Plus les jours avancent, plus les autorités, les parents de la jeune fille, et la ville se mettent à soupçonner Nick. Pourtant, ce dernier clame haut et fort son innocence! Aussi, ne décide-t-il pas, de son côté, de tout faire pour connaitre la vérité en découvrant qu'Amy dissimulait beaucoup (trop) de choses. 

 

Ce couple est interprété par Ben Affleck, l'acteur réalisateur beau gosse d'Hollywood (oscarisé pour son film Argo en 2013), et Rosamund Pike, vue aux côtés de Tom Cruise dans Jack Richer, endosse un rôle "oscarisable", tenez-vous le pour dit. D'avantage que l'histoire, la mise en scène, une fois encore, est à couper le souffle: un montage, conjuguant à la perfection les flashbacks, le présent, des situations parallèles, permet de montrer à quel point que David Fincher (peut-être, l'un des meilleurs metteurs en scène de sa génération) sait aussi bien manipuler la technique cinématographique que le spectateur! Gone Girl reste évidemment la grande sortie cinéma de la semaine.          

 

Laurent Bartoleschi

Bernard-Henri Lévy : Je pense que les amis des juifs restent plus forts que leurs ennemis.

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Bernard-Henri Lévy Hôtel Europe

Adapter le livre remarquable de Bernard-Henri Lévy, Hôtel Europe (aux éditions Grasset), n'était pas une mince affaire. Jacques Weber, mis en scène par Dino Mustafic, relève le défi et ne démérite jamais. Loin de là. Pendant presque deux heures le spectateur reste ébahi par cette puissance de mots. Le décor évoque cette chambre d'hôtel avec un lit, un bureau, un lavabo et même une baignoire. Au fil de ce monologue, des images  (quelques-unes venant du portfolio du metteur en scène bosniaque) interviennent en arrière-plan et donne une certaine épaisseur à la pièce. Bernard-Henri Lévy, l'auteur nous en parle de ce plaidoyer pour l'Europe, où "Être européen, c'est faire le choix de la raison contre son instinct".

 

Laurent Bartoleschi : Hôtel Europe est votre seconde pièce, après le Jugement Dernier en 1992, déjà au Théâtre de l'Atelier. Comment jugez-vous, que tel ou tel livre soit adéquat pour une pièce, voire un film?

Bernard-Henri Lévy: Je ne sais pas. Cela s'impose. On part d’un concept, d’une forme, d’un personnage… C’est indistinct, un peu confus… Et puis, petit à petit, ça se précise, ça cristallise et une forme s'impose… Pour American Vertigo par exemple, la forme s’imposait d’elle-même: ce ne pouvait être qu’un journal de voyage. 

 

L.B: Tout au long de la pièce, on se penche tantôt vers un coup de colère, tantôt pour une déclaration d'Amour à cette vieille Europe. Comment distinguez-vous ces deux passions?

 

B.H.L.: Elles vont de pair. La Colère est à la mesure de l'Amour, et l'Amour à la mesure de la Colère. Je suis d'autant plus amoureux de l'Europe, que je suis en colère de la voir piétiner. Je suis d'autant plus en colère que je l'aime. En fait, je ne serais pas si en en colère, si je ne l'aimais pas autant! Ces deux sentiments ne sont pas successifs, mais simultanés. C’est comme deux forces qui s'entrelacent. 

 

L.B: L'Europe est vieille donc, proche de la mort. A partir de quand, s'est-elle pris ce sacré coup de vieux?

 

B.H.L.: Justement. La question reste ouverte. Le personnage évoque plusieurs hypothèses. Le Génocide arménien, la Boucherie de 1914, la guerre de Bosnie et puis, bien sûr, la Shoah. Quatre évènements d'inégale importance, naturellement. Mais tous ont contribué à cette décomposition, cet affaissement.  

L.B: Croyez-vous en sa mort prochaine?

 

B.H.L.: Je la redoute. Mais j'écris, je parle, je donne cette pièce de théâtre,  pour la conjurer. 

 

L.B: A la fin de la pièce, lorsque Jacques Weber s'habille, il porte un costume noir accompagné d'une cravate noire. Un symbole?

 

B.H.L.: De quoi ? De deuil ? Non, il ne faut pas voir cela comme un deuil. Ou alors peut-être le deuil d'une certaine Europe et l'appel à la résurrection d'une autre. Le cinquième et dernier acte finit sur une note optimiste. Et il est basé sur l’idée de la résurrection des morts. Je crois qu'il y a des morts plus vivants que les vivants. D’hommes tels que Dante, Goethe, Moravia, Levinas, Franz Rosenzweig, le Maharal de Prague, d’autres,  continue d'émaner une énergie à laquelle personnellement je m'alimente. Nous devons nous nourrir de cela, si nous voulons sortir de ces temps sombres que décrit et dénonce la pièce.  

 

L.B: Vous parlez du Tikoun Olam, qui par définition n'est autre que la Réparation du Monde. Faut-il qu'il y ait Destruction en amont?

 

B.H.L.: C'est ce que le personnage, interprété par Jacques Weber, dit en se référant explicitement au Rabbi Haïm de Volozyn dans le cinquième acte de la pièce. Vous connaissez, n’est-ce pas, L'Âme de la vie, de Rabbi Haïm de Volozyn ? L’hypothèse est que le monde a été créé, mais qu’il a tendance, ensuite,  à "se décréer". C’est une idée vertigineuse, totalement effrayante, mais qui est très présente dans la pensée juive. Laquelle pensée juive oppose à cette perspective d’une « décréation » la « réparation » du monde par la prière et les mots. Je crois à cela. Pour moi, naturellement, ce sont les mots davantage que la prière.  Mais le fait est là : sans les prières et les mots des hommes, ces adjuvants de la création, ces empêcheurs de "décréer", le monde s'effondrerait.   

 

L.B: Vous dîtes dans votre livre que pour être juif, Benny Lévy, a dû rompre avec l'Europe! Vous paraissez plus optimiste, n'est-ce pas?

 

B.H.L.: Il y a deux tentations dans la pièce. La tentation de Benny Lévy. La tentation de Bernard-Henri Lévy. Toute la pièce tourne entre les deux. 

L.B. : Mais ce qui triomphe c’est votre  tentation, rester en Europe ? 

B.H.L. : Je crois surtout que nous n'avons pas le choix. L'Europe et Israël sont sœurs. Elle sont sœurs selon le texte biblique lui-même.  Cela ne veut pas dire que cette sororité ne soit pas fratricide. Toute fraternité, l'est d'ailleurs virtuellement. Et il est vrai qu’entre l’Europe (Edom) et Israel (Jacob) il y a une lutte à mort. Mais il n’empêche. Esaü et Jacob sont nés des mêmes entrailles. De la même matrice. Et cette fraternité originaire, profonde, permet d'œuvrer l'un pour l'autre. C'est ce que je crois. Et c’est pourquoi je crois que l’on peut être juif en Europe. Contrairement à Benny Lévy qui, lui, avait fini par choisir le chemin de Jérusalem.

 

L.B: Il y a un thème fondamental dans Hôtel Europe: l'antisémitisme. Avec cette montée de la vague Bleue Marine, ces meetings Dieudonnistes, ces actes violents qu'ont connu la France, et d'autres pays européens cet été, vous restez de marbre en révoquant "ne pas avoir peur des antisémites!". Pourquoi?

 

B.H.L.: Tout simplement, parce que les Républicains sont les plus forts. Je ne parle pas de force physique, bien sûr. Mais de force intellectuelle et politique. Je pense que les amis des juifs restent, aujourd'hui encore, plus forts que leurs ennemis. 

 

L.B: Pourquoi dîtes-vous que les juifs sont forts?

 

B.H.L.: Ils sont forts parce qu'ils sont aguerris. Ils sont forts parce qu'ils ont appris les leçons du passé. Ils sont forts parce qu’ils ne se laisseront plus jamais faire. Aussi, je ne crois pas me tromper en soulignant que ce rapport de force leur est favorable. Il faut continuer à lutter pied à pied, en ne laissant rien passer. Pour l’heure, la grande différence avec les années 1930, c’est que les institutions républicaines tiennent bons, les meetings de Dieudonné sont désormais interdits, ses petits trafics financiers sont poursuivis, etc. 

 

L.B: Comprenez-vous cette Alyah massive?

 

B.H.L.: Il y a deux Alyah: l'Alyah de cœur que je comprends absolument : faire son Alyah pour l'amour d'Israël, c'est magnifique! En revanche, l'Alyah de défaitisme, de désespoir, j’adjure ceux qui sont tentés de la faire d'y réfléchir à deux fois. Ne serait-il pas un peu fort de café de laisser ce pays magnifique à ces salopards ? Les juifs ont contribué à construire la France. Tout comme l'Europe, qui est juive tout comme elle grecque et romaine. Dans sa définition la plus haute, ces trois fils sont très étroitement entrelacés. Ce qui me fait dire, par parenthèse, que la Shoah a été une catastrophe aussi pour l'Europe elle-même qui en est presque morte. L'Europe amputée de sa part juive, totalement amputée de sa part juive, n’aurait plus été l’Europe et  n'aurait jamais survécu. La Shoah était un crime. Mais c’était aussi, d’une certaine manière, un suicide. 

Laurent Bartoleschi

Yves Saint Laurent de Bertrand Bonello

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DU CINÉMA SUR MESURE AVEC SAINT LAURENT DE BERTRAND BONELLO

 

Il était l'un des films les plus attendus de l'après Cannes 2014, le « Saint-Laurent » de Bertrand Bonello sort enfin! Après le (trop) récent biopic réalisé par Jallil Lespert (disponible en DVD) et interprété par un exceptionnel Pierre Niney, le réalisateur de « l’Apollonide » porte un autre regard beaucoup plus sombre sur l’inventeur du prêt-à-porter. 

 

En choisissant de traiter qu’une décennie, de 1965 à 1976, et de s’y plonger (sans aucune bouée) dans un univers troublant, fait d’hallucinations, de névroses et de scènes de perversions, c’est bien d’un film totalement différent qu’il s’agit là. 

 

Tant le film de Lespert était lisse comme de la soie, celui de Bonello tisse un portrait de l’artiste démonté par les drogues, la gloire et la maladie. « Avec mon film sur Yves S. Laurent, se confie le réalisateur, je veux (…) assumer le fait qu’il s’agit d’un personnage hors normes, d’un monstre au bon sens du terme,…Plutôt que de montrer comment il devient Yves Saint Laurent, je m’attache à montrer ce qu’il lui en coûte, tous les jours de l’être ».

 

Il filme magnifiquement ses acteurs, en particulier Gaspard Ulliel dans le rôle-titre dont le regard troublant traduit toute l’ambiguïté de son personnage. Même s’il nous vient régulièrement à l’esprit d’établir une comparaison avec Pierre Niney, la composition de Ulliel, quant à elle, ne se contente pas seulement par sa transformation extérieure. Ce comédien, que l’on a pu voir entre autres dans « Hannibal, les Origines du Mal », est ici particulièrement convaincant, possédant un charisme étonnant proche du couturier dandy. 

 

Le « Saint-Laurent » de Bonello, possède tout ce que le « Yves Saint-Laurent » de Lespert n'avait pas: le premier "prenant son temps", 2H30, contre 1H40, les personnages détiennent d'avantage d'épaisseur, la mise en scène de Bonello est fluide et douce comme du velours. Enfin, il n'est pas un biopic classique, puisqu'il n'y respecte pas les codes: la chronologie étant complètement éclatée, et l'Histoire du couturier se mélangeant à l'univers du metteur en scène, font du film un beau chef d'œuvre! 

 

Aux côtés de Gaspard Ulliel, on retrouve Léa Seydoux qui incarne la créatrice de bijoux, Loulou de la Falaise, Jérémie Renier, succédant le rôle de Pierre Bergé à Guillaume Gallienne, et Louis Garrel, époustouflant d'intrigues dans la peau de Jacques de Bascher. Le film sort en salles demain.

 

Laurent Bartoleschi

Coup de projecteur sur Haganenet, l'Institutrice de Nadav Lapid, au cinéma cette semaine.

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Coup de cœur cinématographique de la semaine revient sans aucune hésitation à l’Institutrice, le second film de Nadav Lapid. Il avait réalisé, souvenez vous le génial le Policier en 2011. Première œuvre coup de poing, qui dénonce cette société israélienne, vue de l’intérieur, et qui ne va si bien que ça ! Mêlant politique et société, le Policier suit le quotidien de ce flic au sein de son unité, faisant rappeler sans conteste le Serpico de Sidney Lumet à la sauce israélienne.

 

Le film est disponible en DVD aux éditions Bodega. Pour son second opus, l’Institutrice, Haganenet, c’est désormais dans le regard d’une jeune femme que se dessine le portrait au vitriol. Cette peinture se dessine autour de Nira, une instit’ passionnée de poésie amenée à suivre un enfant de cinq ans, Yoav, lui aussi passionné par la prose. 

 

Doté d’un don, il est capable d’inventer des poésies de haut niveau ! Aussi, Nira ne va-t-elle pas le prendre sous son aile, envers et contre tous ? Ce n’est pas un hasard, si ce scénario, à couper au couteau, soit si bien écrit puisque Nadav Lapid, le metteur en scène donc, était lui-même un élève surdoué. Entre quatre ans et demi et sept ans, il a écrit pas moins d’une centaine de poèmes ! A qui les faisait-il lire ? A sa nounou ! 

 

Puis, tous ces textes se sont retrouvés au fond d’une armoire, confisqués par ses parents. Vingt cinq ans plus tard, il les retrouve et décide d’en faire la matrice d’un film, celui-ci. Côté mise en scène, pendant que certains trouveront les plans séquences trop longs, d’autres par contre, comprendront le malaise existant dans le film. 

 

Ainsi, cette dimension autobiographique possède, et c’est ici la puissance du film, de grands moments de légèreté et de tendresse. Pourtant, traiter un film sur la poésie chez l’enfant, n’était pas chose facile à réaliser. « Il est souvent difficile d’expliquer ce qu’est un poème, à quoi il sert et pourquoi il est si important qu’il existe.  

 

Le réalisateur rajoute même, à partir de quel moment un enfant peut-il se percevoir comme un poète ? » Cette belle fragilité, gage de qualité, arrive à nous faire tomber sous le charme de Yoav et… de son institutrice. Haganenet est dans une quinzaine de salles.

 

 

Laurent Bartoleschi

Cinéma le film : Sils Maria d'Olivier Assayas

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A 18 ans, Maria Enders a connu le succès en incarnant Sigrid, jeune fille ambitieuse et au charme trouble qui fascine et conduit au suicide une femme mûre, Helena. 


Vingt ans plus tard, à l'apogée de sa gloire, elle reçoit à Zurich un prix prestigieux au nom de Wilhelm Melchior, l'auteur et metteur en scène de la pièce qui, quelques heures avant la cérémonie décède brusquement.  


Aussi, Maria ne se voit-elle pas proposer au sein de cette pièce le rôle d'Helena? La voilà de l'autre côté du miroir. Sils Maria est le dernier film d'Olivier Assayas (DemonLover, L'heure d'été).


Il est même le dernier film à avoir été présenté en Sélection Officielle au festival de Cannes 2014. Par ce portrait de femmes, emmenées par un duo totalement inattendu – Juliette Binoche et Kristen Stewart (à des années lumières de Twilight), le cinéaste rend un hommage, voire une déclaration d'amour, aussi bien aux actrices de cinéma que de celles du théâtre. 


Pour l'interprétation de cette actrice, proche de la névrose et de la peur de se sentir dépassée par la nouvelle vague de comédiennes, le rôle de Juliette Binoche n'est-il pas le fruit du hasard? C'est un thème assez récurent au cinéma : on se souvient bien sûr du chef d'œuvre de John Cassavetes, Opening Night, où Gena Rowlands interprétait une actrice de théâtre qui se remettait en cause après la mort d’une groupie. 


Comme pour son habitude, le réalisateur dit beaucoup en racontant peu. Il traite avant tout les émotions humaines. Avec une écriture et une mise en scène audacieuses, Assayas révèle les failles de chacune, et donne cette envie d'évasion. Pour fuir justement, Sils Maria se situe dans les hauts rocheux suisses. Ce paysage (personnage à part entière), éblouissant et étourdissant mêlant sommets, brume glaciale, permet de rappeler la première passion du cinéaste de 58ans, la peinture.

Sils Maria d'Olivier Assayas, sort cette semaine dans les salles.

Laurent Bartoleschi