Fanny Lévy

Née en Charente (Angoulême), Fanny Lévy tient un journal depuis son enfance et un cahier de rêves depuis des années. Elle a fait des études de Lettres à Bordeaux (Son mémoire de maîtrise portait sur « Molière et l’art du mime ») et a été admise en deuxième année de troisième cycle de philosophie à Poitiers.

Professeur de Lettres dans divers collèges d’Angoulême, de La Rochelle et de Metz, elle a animé des ateliers d’écriture avec ses élèves et gagné avec une classe de B.E.P.(lycée Rompsay) le premier prix du concours national de la presse écrite et, avec une classe de 4ième technologique (lycée Doriole), le premier prix national de la nouvelle Nathan (nouvelle intitulée « Et mon nom sera voyageur ».)

Elle a correspondu avec les écrivains Louis Nucera, Claude-Louis Combet et André Chouraqui.

Elle a fait partie de la troupe du petit Marseille à Rochefort où elle a joué le rôle de Yaphel dans « Mamayaga », une pièce écrite et mise en scène par Jean-Pierre Chalot. Elle a été durant sept ans écoutante à SOS Amitié.
Elle a un fils et deux petites filles.

Discrète, sensible, passionnée et tourmentée, Fanny Lévy résume sa vie à ces mots simples : lire, enseigner, écrire. Ecrire pour réinventer sa vie, pour se sentir vivre à nouveau. Ecrire pour éclaircir le secret que tout être porte en lui, ce secret qui, selon le Zohar, se donne aux amants de l’écriture.
S’inspirant de ses propres émotions, de son vécu, Fanny Lévy sculpte ses personnages et s’attache à les faire vivre au fil de ses différents romans.
Elle a publié en 1980 chez Lattès : Le Royaume des chimères, aux éditions de L’Harmattan, en 1998 : Dans le silence de Mila, en 2003 La blessure invisible du commencement en 2008, Le Jeu du miroir et, en octobre 2014, aux éditions Orizons : Faire de l’art avec un souvenir, correspondance avec l’écrivain Louis Nucera.

Les articles de Fanny Lévy

La Rochelle : Première pièce antisémite subventionnée par une université !

Michel Golberg, interviewé de Fanny Levy

Michel Goldberg: “Même sous l’Occupation, on n’avait pas vu ça!”
- Michel Goldberg vous êtes maître de conférences en biochimie à l’université de La Rochelle, habilité à diriger des recherches. Vous êtes l’auteur du livre “L’antisémitisme en toute liberté” (Le Bord de l’Eau). La préface est de Daniel Mesguich et la postface de Serge Klarsfeld. Que dénoncez-vous dans ce livre?

Michel Goldberg: Dans ce livre, je décris le contenu idéologique d’une pièce de théâtre antisémite montée à l’Université de La Rochelle en 2013.

J’y montre aussi le soutien incroyable et incompréhensible des institutions éducatives, syndicales et associatives pour les auteurs de la pièce et les animateurs de la troupe de théâtre. Il s’agit sans doute d’une première en France.

Fin 2012, vingt-cinq étudiants ont joué une pièce de théâtre (écrite par cinq d’entre eux) sous l’autorité d’une metteuse en scène et d’un auteur professionnel accueilli en résidence à La Rochelle.
La comédie s’intitule « Une pièce sur le rôle de vos enfants dans la reprise économique mondiale ». Cette pièce nous présente les Juifs comme les responsables de l’horreur financière du monde : une banquière juive invente un système pour mettre en esclavage nos enfants avant même leur naissance.

Elle fait assassiner son père par l’entremise de la mafia. Pendant ce temps, un nazi plutôt sympathique, qui exerçait le métier de cuisinier dans un camp de concentration, est pourchassé par des Juifs ultra-orthodoxes, vulgaires et vindicatifs.

Puis, il y a une réconciliation avec ce nazi… en échange d’une liasse de billets. Aucune autre communauté humaine présente dans la pièce ne cumule tant de tares propres à susciter la haine. Et si d’autres personnages sont laids, c’est parce qu’ils exécutent les basses œuvres de la Goldberg & Co, ou parce qu’ils sont les victimes d’un monde dominé par elle.

J’ai mis la pièce en ligne, qu’on m’accuse pourtant de vouloir censurer. Les étudiants sont très probablement, dans leur grande majorité, hostiles au nazisme et à l’antisémitisme.

Lors des répétitions de la pièce, le discours des animateurs disait en substance : « au théâtre, il faut se lâcher ».

Ce qui revient, pour l’essentiel de la pièce, à parler de cul, de fric et de Juifs ; tout cela accompagné d’un pseudo-argumentaire jargonnant et d’une totale vacuité. Aucune analyse, aucune réflexion, aucun retour des étudiants sur leurs propres préjugés.

On se lâche, un point c’est tout. Et voilà le résultat.
L’antisémitisme n’est donc jamais revendiqué par la troupe, mais les stéréotypes antisémites les plus dégradants sont présents dans de nombreux esprits.

Si l’horreur du monde est attribuée aux Juifs dans cette pièce, c’est parce que cette explication est aussi présente dans les esprits.

Les Juifs ont l’argent, les médias, ils manipulent la mafia, ils prospèrent sur le malheur des autres, etc. Il n’est malheureusement pas surprenant que des jeunes adhèrent aujourd’hui à ce discours et tuent des Juifs en France, y compris des petits enfants.

Et il n’est que plus désolant de voir des subventions publiques contribuer à propager ce message mortifère auprès de jeunes étudiants de mon université.

- Dans ce combat, comment avez-vous procédé pour vous faire entendre?

M.-G.: Dans un premier temps, j’ai cru que la présidence de mon université, le syndicat local et la Ligue des droits de l’homme, comprendraient qu’il fallait réagir à cette pièce de théâtre.
Et, j’ai été stupéfait de trouver dans ces trois institutions, les plus fervents défenseurs de la troupe de théâtre !

Heureusement, à l’université de La Rochelle et dans toute la France, de très nombreuses personnalités ont réagi sérieusement : des syndicalistes, des hommes politiques, des maires et des députés (dont ceux de La Rochelle), une ministre, des associations telles que le MRAP, le CRIF, la LICRA, le SNESUP, l’UEJF et bien d’autres encore se sont mobilisées.

Plus de mille personnes ont critiqué cette pièce de théâtre et elles restent vigilantes aujourd’hui. Nombre d’entre elles m’ont apporté leur soutien après avoir lu… les argumentaires indigents des défenseurs de la pièce.

- Me Serge Klarsfeld vous a-t-il beaucoup aidé pour obtenir gain de cause?

M.-G.: Serge Klarsfeld a m’immédiatement reçu lorsque je l’ai contacté. Il a lu la pièce et il a compris qu’un vent très mauvais soufflait sur certaines institutions culturelles rochelaises. Il a rédigé la préface de mon ouvrage dans les délais très brefs qu’imposait l’éditeur.

- Une pièce de théâtre antisémite en France en ce début de XXIe siècle, est-ce inquiétant ?
M.-G.:L’antisémitisme devient à La Rochelle, et sans doute dans bien d’autres villes, une pensée comme les autres, surtout lorsqu’elle s’exprime sur la scène d’un théâtre.

Et les discours nazis qui parsèment la pièce de théâtre ont tout simplement été défendus au nom d’une liberté d’expression qui est l’objet d’une profonde incompréhension.

Elle est revendiquée par des gens qui, très souvent, ont une pensée paresseuse, et qui de plus, ne disposent pas des outils élémentaires de la pensée.

Même lorsqu’ils entreprennent cet effort de pensée, ils éprouvent de grandes difficultés à construire une argumentation solide, à articuler les arguments, à construire des contre-arguments, et à comparer les différentes thèses.

C’est ainsi que vous ne trouverez aucune argument solide dans les sites internet qui ont été montés pour défendre la pièce de théâtre antisémite de La Rochelle, ni dans les multiples courriels qui ont été envoyés par la présidence de l’université et les syndicalistes qui se sont mis à la remorque de l’institution.

Vous ne trouverez là que des attaques d’une grande violence verbale, souvent insultantes et diffamantes, m’accusant d’avoir trafiqué le livret de la pièce, d’avoir des ambitions politiques ou d’avoir porté atteinte à de grands principes tels que la liberté d’expression ou la laïcité.

J’ai répondu à ces attaques et à bien d’autres dans mon livre. La Rochelle, comme bien d’autres villes, est petite, et préfigure assez bien la France du 21è siècle.

Son milieu culturel subventionné est très étroit ; ceux qui attribuent les subventions et ceux qui les reçoivent se soutiennent, par atavisme autant que par intérêt. Cependant, la superficialité de leur culture et la bêtise de certains d’entre eux n’expliquent pas tout.

Dans cette affaire, il fallait serrer les coudes pour défendre la première pièce de théâtre antisémite subventionnée par une université. Même sous l’Occupation, on n’avait pas vu ça.

Il fallait préserver l’image de marque d’une culture d’avant-garde, sans doute quelque peu factice, mais qui convient au plus grand nombre.

C’est pourquoi, un an après avoir créé cette pièce, il fallait inviter une nouvelle fois à La Rochelle l’auteur canadien qui avait animé l’atelier d’écriture pour bien montrer que l’on était fier de son travail.
Le maire s’y est heureusement opposé in extremis. Il fallait encore, dans le plus beau centre culturel de La Rochelle, défendre publiquement la liberté d’expression de l’antisémite Dieudonné et de sa quenelle, et du négationniste Robert Faurisson.

Il fallait aussi que l’université poursuive des partenariats avec la troupe de théâtre qui avait créé la pièce dieudonniste et une autre troupe qui avait adoré la pièce, comme si le théâtre antisémite était une péripétie dans l’histoire d’une université.

Puis, à la suite des assassinats de janvier 2015, il fallait que des responsables de l’université communiquent abondamment pour la défense de la liberté d’expression, mais toujours et exclusivement pour cette cause-là, ignorant que l’on avait aussi assassiné des gens parce qu’ils étaient policiers ou parce qu’ils étaient juifs.Un détail sans doute.

Inutile de se bouger lorsqu’on assassine des Juifs en France. Par contre, à l’université de La Rochelle, on se bouge pour la liberté de subventionner du théâtre antisémite avec des fonds publics.
Michel Goldberg - “L'antisémitisme en toute liberté” - Le bord de l'eau – 2014 - 192 pages – 18 euros.
Site: www.editionsbdl.com


Une enseignante juive au collège B. de Fanny Lévy

Une enseignante juive raconte son expérience en tant que professeur de français dans une classe dite sensible

Pages précédentes à lire cliquez-ici

- Jeudi 22 Mai : Nassir se met à hurler parce que Farah l’aurait traité de gitan. « Je ne suis pas Juif, moi ! » s’insurge-t-il.

A la fin du cours, Mehmet m’offre un porte-stylos qu’il a fabriqué lui-même. « C’est pour m’excuser d’avoir été souvent bavard » m’explique-t-il, bourru et gêné.

Personnellement, je ne le trouve pas indiscipliné mais d’une jalousie maladive. Spécialiste des « toujours moi ! » et des « Comme par hasard ! », hypersensible, il s’imagine que je lui en veux particulièrement et que je favorise Baris.

Aujourd’hui, il était rayonnant parce que j’ai enlevé une barre ( chaque fois que les enfants répondent bien, je leur mets, sur un cahier spécial, une barre et, à chaque fin de trimestre, je distribue autant de bonbons que de barres. Cela les stimule beaucoup.) à Baris qui était moins sage que d’habitude.

 

A la récréation, Steven vient se plaindre à moi de Damia. Il ne peut rien dire car il a peur : Les grands frères de Damia risquent de l’attendre à la sortie. Comment l’aider ?

- Vendredi 23 Mai : Au cours de la séquence sur la poésie et la fable, je demande aux 6°8 d’expliquer la morale de « La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf ». Abdoulay lève le doigt.

«  Vous voyez ( il commence toujours ses phrases ainsi), la grenouille est comme Toto le héros qui veut une autre vie que la sienne et qui crève. »

Je le félicite chaleureusement pour sa comparaison et lui mets deux barres pour le récompenser.

«  Vous pouvez lui en mettre trois, madame, intervient Baris.

D’accord ! Trois barres pour Abdoulay et une pour Baris qui est un bon camarade ! Bravo, c’est comme ça qu’il faut être ! »

Les visages de Baris et d’Abdoulay resplendissent de plaisir et de fierté. Par contre, Mehmet se renfrogne…

A son tour, Mohamed lève le doigt.

« La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf, c’est comme si moi (Mohamed est petit et menu) je voulais être aussi grand que le world Trade center !

- Mais le world Trade center n’existe plus ! » s’étonne Steven …

- Jeudi 12 Juin : Je me fâche contre Mohamed qui mange des pépites en classe et qui me répond insolemment que sa mère n’a pas fait les courses. Je lui dis qu’il mériterait que je demande à sa mère si c’est vrai. « On n’a pas le téléphone », ment-il.

 

Il fait très chaud dans les salles et les élèves sont plus qu’énervés. Au cours de la séquence sur un livre de Daniel Pennac « L’évasion de Kamo », ils se regardent en ricanant lorsqu’ils lisent un passage sur les ancêtres Juifs du personnage principal.

 

Au début de la récréation, Damia m’apprend qu’un garçon de la 6°7 a giflé son professeur de Français et que la prof de musique a eu une crise cardiaque devant ses élèves. ..

 

Quant à Saphia et Sonia, elles ont « tabassé » gratuitement une fille qui s’est retrouvée avec quinze jours ( et elle en aurait eu davantage si un de ses copains ne s’était pas interposé) d’ITT.

 

Koray et Salim, eux, battaient le trop gentil Eric ( il ignorait la loi inexorable de B. : Ou tu manges ou tu es mangé…) et le menaçaient s’il parlait. Il finit par montrer son bras rempli de bleus à son professeur principal.

 

En remplissant les bulletins des 6°8, je découvre que la mère de Steven s’appelle B. Steven serait-il Juif ? Serait-ce pour cela qu’il est le bouc émissaire ? En tout cas, trois jours après, au conseil de classe, je demande à ce qu’il soit changé de classe l’année prochaine.

Le lendemain, je réussis à parler avec lui ( il est d’habitude fuyant) et il me confie avoir eu un petit frère prénommé Noah.

- 19 Juin : Les femmes de ménage se plaignent : Certains élèves ont uriné dans les couloirs, d’autres ont jeté de la sauce tomate.

 

Fatima m’offre un joli plat marocain, Burcu un ouvrage de tapisserie confectionné par elle, Sihem et Nora, une belle composition florale. Derrière une carte représentant un bébé, elles ont dessiné des petits cœurs et écrit : « Un petit souvenir de nous au cas où on ne vous reverrait pas, nous vous offrons cette carte sortant de notre cœur. On a passé une excellente année avec vous et j’espère qu’on sera dans votre classe en 4°. Pour nous, vous êtes comme une Amie : on peut vous parler de tout, vous confier des secrets. Bonnes vacances, en espérant que vous ne nous oublierez pas. »

 

Laura, elle, m’écrit pour me dire que je suis la meilleure prof qu’un élève peut avoir eu, que je suis très gentille, patiente etc. Kim Soy m’écrit un petit mot équivalent. Même Anthony rajoute : Andret qui vous ai énervée toute l’année sans faire exprès ( habitude)…

- Aujourd’hui, ont lieu les derniers conseils de classe. Nous proposons le redoublement pour plusieurs élèves de la 5°7 et, en 5°4, malgré l’opposition du prof de maths, arabe, je demande et obtiens un blâme pour Kader.

- Mercredi 25 Juin : Dernière matinée avec les élèves. Les 5°7 ne sont pas venus. Je fais faire des mots croisés et du théâtre aux 6°8 et aux 5°6.

 

En 5°4, Nawfel et Matthieu m’ont préparé un petit concert et ce n’est pas mal du tout.( Ils retiennent mieux les paroles des chansons que les règles de grammaire...)

Quand, tous ensemble, ils se mettent à chanter : «  Ce n’est qu’un au-revoir, madame Ben Ami », j’ai les larmes aux yeux, je me dis que le bilan n’est pas négatif et je regrette mes appréhensions du début de l’année : je n’ai pas suffisamment eu envers l’Eternel ce que la tradition appelle le bita’hone, la confiance absolue.

 

J’ai même passé de bons moments au collège : Le mardi, de midi trente à treize heures trente, j’ai animé en effet bénévolement un atelier d’écriture avec des élèves ( 8 filles ) volontaires. Le courant passait bien et j’étais émerveillée et touchée par la confiance qu’elles me témoignaient.

Alors qu’en rédaction les élèves écrivent en général ce qu’ils pensent que le professeur attend, en atelier d’écriture, au contraire, ils se libèrent. Nous commençons toujours par cinq ou dix minutes d’écriture automatique à la manière des surréalistes.

Ensuite, elles écrivent sur tous les sujets que je propose, parlent de leur peur de la vie, de leur solitude, de leur crainte de grandir, de leur faim d’affection, de leurs souvenirs, de leurs espoirs, de ceux qu’elles aiment et de ceux qu’elles détestent, de tout ce qu’elles ne disent pas. Questions sans attente de réponses, quête d’un sens.

Dans la création, s’exprime l’agressivité. Je me contente d’écouter, d’accompagner, « de façon à faire monter la flamme » jusqu’à ce qu’elle monte d’elle-même ( « al chem che halahav olé » traité chabbat 21 a du Talmud1 ), ce qui est l’art Juif d’éduquer. ( la fonction des Lévi n’était-elle pas aussi d’élever dans la joie ? cf la paracha Nasso ).

Je découvre que Sihem Djaafar, élève mûre et réfléchie déléguée de la 5°6, a un réel talent. Elle continue d’écrire en cours de musique et chez elle. L’écriture comme solution aux conflits, comme reconstruction, comme « tentative désespérée d’expérimenter sa mort »(Jabès) ?

Comme le dit Gilles Bernheim, cité par André Chouraqui, «  la fonction de la poésie, de la chirah, cette expression poétique que décrit le discours de Moïse cherchant, au seuil de la mort, à réactiver l’effort de construction du lien social, aurait valeur d’insurrection contre les limitations et les obstacles, capacité de réveiller cette angoisse qui gît, lovée au cœur de tout être humain, l’angoisse de ne pas être ce que l’on devrait être, capacité aussi de réveiller le scandale et l’étonnement devant notre condition. » « La poésie retrouvée, commente André Chouraqui, permettrait de vivre ensemble… à la fois et en même temps avec soi et les autres. »

 

Cette heure d’écriture hebdomadaire ( elles m’en ont demandé une deuxième et veulent continuer l’année prochaine ) représente une sortie des lieux d’injure et du monde de la violence, une oasis de paix, un refuge, une rencontre qui prouve que chacun peut quelque chose pour l’autre, qu’il faut apprendre à avoir un regard différent sur l’autre. Comme l’écrit Catherine Chalier à propos de Job, « même au cœur de la plus grande angoisse, l’homme peut encore quelque chose pour autrui, s’il ne peut rien pour lui-même. Même quand il a tout perdu, il peut s’orienter dans le sens : vers l’autre. » (« Judaïsme et altérité »)

 

« Pourquoi tous les hommes viennent-ils d’Adam ? » interroge le Talmud ( traité Sanhédrin, 59 b) : « afin que nul ne puisse dire à autrui : mon père était plus grand que le tien. » Pour la concorde.

En ces temps où les attaques augmentent contre le peuple d’Israël, sa terre et sa Torah, prions pour que le monde moderne éradique le mal ( Amalec ), sorte de l’anti- judaïsme primaire et sache découvrir ses racines hébraïques, la pensée de l’alliance, lumière pour le monde.

La meilleure arme contre l’antisémitisme ( Nous harcèleront-ils jusqu’à ce que nous revenions à une façon de vivre conforme à la Torah ?  « Va, mon peuple, va dans ta chambre » nous recommande le prophète Isaïe. Quelle chambre ? Celle où, explique madame Bamberger, nous sommes en intimité avec Ha Chem) n’est-elle pas de se conduire en Juif ( être Juif, ne pas aller selon les voies des autres, c’est difficile, oui, et j’avoue ne pas être souvent à la hauteur, mais aussi tellement magnifique et exaltant ! ), d’être un exemple ?

En ces jours où, pour la première fois depuis des millénaires, des politiciens juifs décident de renoncer à la terre d’Israël et où les dimensions de la Torah sont bafouées ( comme à l’époque du prophète Osée, Israël se prostitue à d’autres puissances, catastrophe morale et politique ) espérons, si nous ne voulons pas que l’Eternel nous enlève de la terre d’Israël, que les Juifs réalisent leur identité (Le rav Sitruk et les Kabbalistes expliquent qu’il y aura une grande guerre de Gog et Magog, une coalition des fils d’Esaü contre les bne Israël et qu’on a les moyens de s’en protéger si l’on garde la Torah. Mais si, comme le dit le Rav Menache, « tu veux aller comme un cochon, on te traite comme un cochon ».)

Emile Fackenheim écrivait en 1980 dans « la présence de D. dans l’histoire », « il est interdit aux Juifs de donner à Hitler des victoires posthumes. Il leur est prescrit de survivre comme Juifs, de peur que périsse le peuple Juif. Il leur est commandé de se souvenir des victimes d’Auchwitz de peur que périsse leur mémoire. Il leur est interdit de désespérer de l’homme et de son monde et de s’évader dans le cynisme et le détachement, de peur de contribuer à livrer le monde aux forces d’Auchwitz. Enfin, il leur est interdit de désespérer du D-ieu d’Israël, de peur que périsse le judaïsme. »

Comme le montre Rafaël Eisenberg dans «L’appel divin à Israël et à l’humanité », la réalisation de la mission du peuple Juif modifiera le cours de l’histoire, ramènera l’humanité vers des idéaux spirituels.

« Contre toute attente, écrit-il aussi, leurs plus proches partenaires dans la réalisation de cette mission seront leurs voisins arabes. Israël et Ismaël incarnent tous deux le monothéisme éthique de leur ancêtre Abraham, précurseur de la lutte en faveur de la reconnaissance universelle du Créateur et de Son autorité.

En dépit de leurs approches différentes du service de Dieu, ils ont tous deux l’ambition d’enseigner au monde comment atteindre la félicité et le contentement au moyen de la reconnaissance de Sa souveraineté. La bénédiction traditionnelle juive Chalom ( paix ) est un dérivé du chalem ( fusion parfaite avec l’essence divine ), la bénédiction arabe Salam en est la traduction fidèle. Tous les deux impliquent la Paix dérivant du consentement au commandement divin. »

 

Mais tant que l’humanité n’aura pas réalisé cette promesse de fraternité, Israël  « peuple qui vit solitaire et ne se confondra point avec les nations » (Nombres, 23,9) doit rester à l’écart.

C’est Celui qui a créé les cieux, la terre et l’homme qui dira le dernier mot.

1 Commentaire de la Torah sur la paracha Behaalotekha