La majorité d'entre nous confondent tromperie entre époux et inceste sur enfants,il me semble important de distinguer les deux actes afin de protéger nos enfants.
C'est peut-être une confusion qui arrange les consciences, on se sent plus à l’aise avec l’adultère qu’avec un crime sur mineur.
Ainsi, tout comme pour l'adultère, on suggère aux victimes directes et indirectes de se taire afin de retrouver une harmonie à jamais perdue.
Cette constante illusoire de se taire se retrouve, bien souvent, au sein de la communauté juive. Sous divers préceptes mal compris de la Loi juive, le judaïsme, camoufle de terribles souffrances ; des sévices corporels, et devient de ce fait complice de ces pères agresseurs.
L'omerta c'est tuer deux fois un enfant victime d'inceste dans sa propre famille.
Mais revenons à l’adultère qui, en effet, est un comportement très grave mais les seuls acteurs de ce drame sont des adultes. Il est possible, dans certaines situations, de trouver un terrain d’entente et de sauver l’harmonie familiale. Il n’y a pas eu d’agression sexuelle, les deux partenaires ont agi de façon consentie.
Seul le conjoint trompé est blessé dans son amour propre. Il n’y a pas d’infraction pénale.
La personne trompée a besoin d’une aide psychologique pour restaurer son image et ensuite seulement, en toute conscience, elle décide si elle peut faire de nouveau confiance à son partenaire. La douleur provoquée par cette tromperie n’est pas anodine et peut cacher d’autres dysfonctionnements beaucoup plus graves.
En essayant d'étouffer ce drame et en demandant à la personne trompée de prendre sur elle pour le bien du couple, on risque de passer à coté de comportements plus pernicieux et de faire tomber la famille dans une spirale de maltraitance et surtout dans un silence mortifère. Lorsqu’une victime ne se sent pas entendue elle a l’impression d’être illégitime à exister.
L’adultère est un exemple de manque de respect envers son conjoint, mais malheureusement il y a encore d’autres difficultés entre conjoints, qui peuvent ou non se régler avec la médiation.
Lorsqu’il y a violence verbale, psychologique, financière ou sexuelle entre époux, la discussion est très difficile voire improbable parce que l’agresseur a besoin de soins.
Il y a d’ailleurs une structure appelée CRIAVS (Centre Ressources pour Intervenants auprès d’Auteurs de Violences Sexuelles) qui permet de mettre en relation des agresseurs avec des psychologues spécialisés pour les agresseurs.
Jusqu’à présent je n’ai parlé que des problèmes de couples.
Ils sont importants mais touchent des personnes déjà accomplies, déjà adultes.
Ces problèmes ont un impact sur les enfants de façon plus ou moins directe. Ils ne sont donc pas à prendre à la légère, ils doivent absolument être réglés pour le bien de la famille.
Mais, lorsqu’il s’agit d’une atteinte sur mineurs qu’elle soit physique, psychologique ou sexuelle, il s’agit, là, d’une infraction pénale.
Les autorités judiciaires sont tenues de se saisir du délit ou crime et de protéger le mineur victime.
Les différents intervenants dans la vie de l’enfant ont un devoir de dénoncer les agissements contraires à l’épanouissement de cet enfant à des structures comme la CRIP (Cellule de Recueil des Informations Préoccupantes) qui ensuite saisit la brigade des mineurs pour mener l’enquête.
Dans le cas où l’enfant subit une agression d’un adulte extérieur à la famille, la plainte est envisageable parce qu’il n’y aura pas de conséquence sur la famille de la victime.
Mais, souvent, l’agresseur fait partie de l’entourage proche, voire très proche de l’enfant. La victime a donc des réticences à parler de peur d’être rendue coupable de la dislocation de la famille.
Il est impératif dans un premier temps de montrer à la victime qu’on la croit.
Reconnaître la personne en qualité de victime, sans la juger, la croire permet de diminuer son sentiment de culpabilité et d’avancer dans le chemin de sa reconstruction.
Dans un second temps, les professionnels qui accompagnent la victime doivent l’aider à passer ce sentiment de culpabilité, la dénonciation de l'agresseur provoque de fait la séparation de la famille.
C'est à l’agresseur d'en porter la responsabilité, et l'enfant doit être aider pour comprendre qu'il n'est que la victime.
L’enfant, lui, ne fait que chercher un moyen d’appeler à l’aide. Lorsque un des parents est l'agresseur de l’enfant il est regrettable,voire dangereux de rappeler à l’enfant que la famille risque d’être détruite par ses paroles.
En premier lieu, ne rien dire, garder le silence pour l’enfant est destructeur et en second lieu, les autorités judiciaires, pourraient penser que les deux parents sont consentant de cette situation et de décider de retirer l’enfant de son foyer.
En général un enfant ne ment pas. Les professionnels aidant sont formés à leur écoute.
C'est pour cette raison qu'il est important que les personnes qui sont responsables des enfants (enseignants, médecins, parents, Rabbanim…) doivent avoir conscience qu’en se taisant ils protègent l’agresseur et deviennent complices de ce crime.
L'enfant, la victime tant qu'elle ne sera entendue par un adulte, sera en danger.
Les agressions sexuelles ne sont jamais accidentelles. Il s’agit d’une « stratégie de l’agresseur ».
Il choisit sa victime, l’isole, rend la victime responsable des conséquences de ces agressions, lui impose le silence, il s’assure d’avoir des alliés qui lui permettront de rester impuni de ses agressions.
Avant même de passer à l’acte, l’agresseur sait que son comportement est inapproprié mais il est persuadé d’avoir mis en place son immunité. Le viol n’est que l’aboutissement de son agression. Il s’agit de la partie visible de l’iceberg.
La victime ne peut échapper à ces événements traumatiques.
Cette situation entraîne un stress extrêmement dangereux pour la survie de la victime.
Le cerveau sécrète des hormones qui permettent à la victime « de faire disjoncter son cerveau » pour survivre à la violence de ces traumatismes.
Cet état de conscience entraîne une anesthésie psychique et physique, la victime peut ainsi subir l’agression sans risque pour sa survie.
Cet état déclenche aussi des troubles de la mémoire appelés amnésie et mémoire traumatique émotionnelle. Cet état dissociatif provoque une conscience altérée et le sentiment d’être spectateur de soi-même.
La victime souffre de trouble de stress post-traumatique (TSPT), elle se coupe de ses émotions pour survivre.
Un adulte qui a décidé de se taire face à cette situation donne son approbation tacite à l’agresseur.
Le silence peut aussi être interprété par des agresseurs potentiels comme un encouragement à passer à l’acte.
« On a appris que » cette personne a mal agit mais au nom du Chmirat Halachon, la crainte de la médisance, du Hilloul Hachem ou d’autres principes, on enterre le dossier et la victime aussi.
Le secret est d'autant bien gardé que ces individus trouvent des solutions pour ne pas se faire attraper au nom de la Loi juive. Ils détournent la Loi juive à leur profit.
Les maximes des Pères nous mettent en garde contre ce genre de comportement.
Le juif doit vivre selon les principes de la Torah et ne pas interpréter les principes de la Torah d'une façon qui lui donne le droit d’agir comme bon lui semble.
L’agresseur va souvent brandir le spectre de la punition contre ceux qui dévoilent ces actions parce qu’il sait qu’il n’a pas le droit de faire ce qu’il a fait.
Le lachon Hara, la médisance, est un comportement proscrit par la religion juive.
On ignore, malheureusement, que parler peut sauver une vie. Il est donc important, de savoir à quel moment se taire et à quel moment parler.
Connaître la Loi sur la médisance en l’étudiant directement à la source est aussi un moyen de se protéger.
Le silence dans le cas d'insceste est un crime et il peut devenir l'oeuvre de toute une communauté.
Ce "dédouanement communautaire" donne à de potentiels agresseurs toute latitude d’agir de la même façon en pensant avoir les mêmes privilèges.
Il n'est pas rare de voir que lorsqu'un agresseur reçoit une sanction pénale pour ses délits, il devient une victime, il attire à lui la pitié au lieu de l'opprobre comme le voudrait le bon sens commun. L’agresseur sait menacer de se suicider en rendant responsable ses victimes de lui avoir détruit sa vie.
Quand on n’est pas capable de respecter l’autre en tant qu’être humain, on a besoin d’une aide psychologique.
Les personnes qui agressent refusent d’admettre leurs problèmes, pire encore, c'est l'autre qui a un problème.
Et vue de l’extérieur c’est apparemment la victime qui a un problème puisqu'elle exprime une souffrance silencieuse par des pleurs, de la colère, une dépression inexplicable.
Il est difficile, dans ces circonstances, de se rendre compte que l’agresseur est à l’origine de ces troubles. Le plus souvent les souffrances de la victime sont minimisées voire niées. Souvent la victime, aussi, tente de se suicider mais pas de façon aussi théâtrale que son agresseur.
C’est la raison pour laquelle il est impératif de pousser la victime à se faire aider par des professionnels spécialisés en victimologie. Très vite il sera facile de savoir si oui ou non c'est une victime.
Lorsque la victime est perçue comme telle, elle peut enfin avancer dans sa vie et prendre de la distance psychologique face à son traumatisme. Pendant tout le temps que la parole de la victime est bridée ou réduite au silence, on l’oblige à vivre jours après jours son traumatisme. C’est destructeur.
Le ou les parents, qui apprennent une agression de quelque type que ce soit, doivent absolument parler avec un professionnel de santé (médecin, psychologue, psychiatre…).
En général les médecins surtout dans les hôpitaux sont formés à aider d’une part, les victimes à parler et d’autre part, accompagnent les parents à porter plainte auprès de la brigade des mineurs.
Un agresseur qui n’est pas puni ou n’effectue pas sa peine se considère intouchable et continuera à mal agir.
Au lieu de considérer cela comme une opportunité et de faire Techouva, dans son esprit malade, cela signifie qu’il a plus d’importance que la victime qui est bien souvent seulement une femme ou un enfant.
Ces agresseurs manquent souvent de maturité, la condamnation pénale est un moyen de leur faire comprendre la gravité de leur acte. De la même façon qu’on va punir un enfant pour l’aider à trouver le droit chemin.
Il est difficile de comprendre ce point de vue lorsqu’on n’a pas ces comportements pour la simple raison qu’on réfléchit avec ses propres capacités émotionnelles et spirituelles ou intellectuelles.
Ces agresseurs ont un comportement déviant et donc ne PEUVENT pas raisonner de la même façon qu’une personne qui n’a pas ces déviances.
Il faut montrer de manière franche son opposition aux agresseurs et ce quelles que soit les conséquences pour eux.
Les conseils prônant l’apaisement et le dialogue dans une famille où l’un des parent est un agresseur mettent les enfants en danger.
De ce fait les services sociaux et la brigade des mineurs agissent souvent en urgence et retirent les enfants de la famille dans un but de protection.
Le parent qui découvre les mauvais traitements subit par ses enfants de la part de son conjoint se trouve triplement pénalisé.
Il est victime du conjoint qui l’a trahi, on lui conseille souvent de se taire pour éviter une stigmatisation de la famille et enfin lorsque l’affaire éclate, parce que tout se sait tôt ou tard, on lui retire ses enfants en le considérant complice de leur bourreau.
Dans cette situation il est primordial d’inciter ce parent à prendre parti de façon claire pour l’enfant, de le croire, de le soutenir dans sa démarche et de ne surtout pas se culpabiliser en considérant l’agresseur comme une victime alors qu’il ne récolte que les conséquences de ses actes.
Les mères, le plus souvent, sont condamnées au silence malgré les violences subies dans leur famille. La société, et particulièrement dans certains milieux, préfère ne pas se sentir éclaboussée par les mauvais agissements du mari maltraitant.
En permettant de laisser à cet homme un certain statut on lisse les comportements de cette frange de la population, elle ne peut pas être montrée du doigt.
En refusant d’effectuer ce travail soi-même aussi désagréable soit-il,
on laisse la place aux autorités judiciaires d’effectuer ce travail et il ne faut pas s’étonner s’il y a des enfants retirés à des mamans qui seraient capables de les éduquer mais ont malheureusement été mal conseillées.
En conclusion, le silence profite toujours à l'agresseur
Il devient urgent de changer les mentalités, les victimes et parents de victimes se taisent parce qu’ils ne veulent pas être stigmatisés dans leur communauté.
On ne va pas reprocher à une personne d’avoir eu un accident de ski mais on va regarder avec condescendance une victime de violence intrafamiliale surtout s’il s’agit de violence sexuelle.
C’est normal, les gens sont méfiants de ce qui leur est étranger.
Il faut lever les tabous, grâce à des formations de responsables communautaires qui pourraient travailler sur la prévention au quotidien et pas seulement en organisant une conférence de temps en temps qui ne touche que les personnes qui ont bien voulu assister à cette conférence.
En permettant aux gens de savoir comment réagir face à une victime qui a subi un traumatisme sans lui dire juste de passer à autre chose, on aide les victimes à parler et à agir contre ce fléau qui est la violence physique, verbale, psychologique ou sexuelle.
La façon de voir une personne à mobilité réduite a évolué avec le temps et les actions continues. Rien n’empêche de faire la même chose pour que les victimes de violence et de violence sexuelles ne soient plus regardées comme des bêtes curieuses.
Qu’elles puissent parler comme bon leur semble de leur souffrance, sans avoir à jouer un rôle pour être acceptées. Le fait de savoir que ce n’est plus un sujet tabou permet à la victime, si elle en éprouve le besoin, de parler, ou de faire allusion à sa souffrance sans craindre que l'on s’éloigne d’elle.
En agissant normalement face à une victime, on la met à l’aise et elle a le droit d’être elle-même. Son épanouissement permettra de la laisser dans son environnement. Elle pourra aussi prendre de la distance par rapport à cette souffrance et pouvoir enfin trouver sa voie
Permettre à la victime de reprendre le contrôle de sa vie que l'agresseur lui à v(i)olé
Esther Berrebi.