Eden Levi-Campana

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EDEN LEVI-CAMPANA
Eden Levi-Campana est un auteur, réalisateur et journaliste corso-israélien. Il est actuellement reporter et correspondant pour divers médias internationaux. Humble et malicieux, véritable globetrotteur et aventurier, il qualifie son style « d’écriture de gares et d’aéroports ». Eden travaille également pour des sociétés de productions de films ou des maisons d’éditions en qualité d’auteur, de script-doctor ou de biographe. Ses domaines d’expertise sont l’humour juif, la Shoah, l’histoire d’Israël et de la Corse. Eden Levi-Campana est persuadé que des récits positifs peuvent changer le Monde, telle est sa voie.

Les articles de Eden Levi-Campana

Adama, la voie d’Israël d'Eden Levi Campana

Rachel A. SilbermanAdama, la voie d’Israël d'Eden Levi Campana

Adama, la voie d’Israël

Enorme émotion pour les trois dernières soirées du groupe mythique Adama.
La troupe des frères Zaoui avait choisi l’Espace Rachi à Paris pour faire leurs adieux à la scène, du 10 au 13 janvier.

Trois spectacles extraordinaires qui ont clôturé un demi-siècle au service des cultures juives, de la fraternité, de la paix, de l’amour, du partage et de la créativité.

Sur scène les tableaux se sont succédés, avec brio et précision. Dans la salle on chantait et on dansait à l’unisson. La salle était comble et comblée. Les spectateurs ont fait une fois encore le chemin à l’envers dans les pas d’Ilan, Momo (Maurice) et Dan Zaoui.

Depuis leur enfance sur le port d’Oran, aux grandes scènes parisiennes en passant par le Waldorf-Astoria de New York et la Scala de Milan, les « Zaoui’s Brothers » se sont souvenus, encore une fois, nous ont raconté, encore une fois, en danses et en chansons.

Les invités de marque étaient présents, conviés sur scène pour chanter ou dire un mot, comme Raphaël Faget-Zaoui le chanteur du groupe Therapie Taxi et fils d’Ilan, ou encore Alexandre Arcady, l’ami d’enfance.

Ce dernier a d’ailleurs fait l’éloge de la troupe Adama qu’il connait depuis ses débuts, et d’Ilan son ami d’enfance. Selon le réalisateur du « Grand Pardon », cette dernière n’en est pas vraiment une, il y aura une suite, nous l’attendons et elle sera - comme le reste du parcours – inscrite sur la voie d’Israël.

Corse-Israël, même combat par Eden Levi-Campana

Corse-Israël, même combat par Eden Levi-Campana

Corse-Israël, même combat par Eden Levi-Campana

La résilience du peuple juif pourrait faire penser à ces bougies d’anniversaire sur lesquelles vous soufflez et qui ne s’éteignent jamais.

Jusqu’à un passé récent, on pronostiquait la communauté juive de Corse exsangue, assimilée, éteinte. La voilà qui repart de plus belle sous l’impulsion du rabbin Levi Pinson à Ajaccio et du rabbin Zalman Teboul et de son épouse Haya à Bastia, un des fiefs historiques de la culture corso-juive.

A l’initiative de ces derniers et du Beth Habbad de Bastia une conférence sur les juifs de Corse a eu lieu ce dimanche, quai des martyrs sur le vieux port.

Environ 70 personnes ont évoqué la présence des juifs dans l’histoire de Corse, leurs liens avec Israël et leurs projets pour l’avenir. Trois orateurs ont été conviés à prendre la parole à l’invitation du rabbin Zalman Teboul : Fréderic Joseph Bianchi (président de l’association Terra Eretz Corsica), Guy Sabbagh (historien spécialiste des recherches mémorielles, historiques et généalogiques sur la communauté juive de Corse) et Didier Meïr Long (essayiste, écrivain et théologien).

Passionné et passionnant les trois tribuns ont raconté pendant deux heures et demie, l’histoire des juifs corses, la grande histoire et leur histoire intime, celle de leurs familles.

Entretien avec Didier Meir Long

Quel sont les thèmes que vous avez abordé dans cette rencontre ?     

Mon intervention revenait sur les traces des juifs en Corse dans les archives de Gênes à partir de l’Inquisition et jusqu’à Pascal Paoli, en me basant sur les Archives de Gênes. J’ai évoqué également les 120 familles qui sont arrivées de Catalogne pour fonder l’Ile Rousse à l’initiative de Pasquale Paoli.

Et l’avenir des juifs en Corse ?

Fréderic Joseph Bianchi, qui a fondé l’association Terra Eretz Corsica- Israël a repris mon propos en résonnances contemporaines. Le peuple Corse luttant pour sa langue, sa terre.  Il a rappelé que de manière immémoriale la Corse qui n’a pas déporté les juifs en 1940 était une terre d’accueil pour les juifs et que celle-ci le redeviendrait peut-être avec la potentielle arrivée d’un parti fascisant en France.

Je posais la question de savoir pourquoi les juifs avait fait souche en Corse là où les Arméniens où les Serbes (5000 personnes) qui y avaient trouvé refuge en grand nombre en 1915 étaient tout simplement tous repartis.

Des évènements racontés du point de vue de Guy Sabbagh ? 

Guy Sabbagh nous a raconté l’histoire de sa famille et des 740 juifs arrivés à Ajaccio en 1915, puis arrivés à Bastia rejoignant les juifs de Turquie arrivés à Bastia dans la seconde partie du 19eme siècle. Comment les instituteurs corses avaient pris sur leur paie pour donner à ces réfugiés miséreux en habits orientaux des costumes occidentaux, eux apprenant la langue corse et s’intégrant en un an comme commerçants ou tragulinu (marchand ambulant). 

Leur histoire se conjugue aussi avec Israël ? 

Le chef spirituel de la communauté des juifs de Corse, Jacob Meïr Tolédano est devenu le ministre des Affaires Religieuses de Ben Gourion en 1958 et comment beaucoup de ces réfugiés ont rebondi sur un Israël difficile à vivre pour faire leur Alyah… en Corse.

La Corse une terre d’asile pour les juifs ? 

La Corse a été et sera toujours une terre d’accueil pour les juifs, comme elle a accueilli des multitudes d’humains pour leur simple qualité de sœurs et frères humains depuis l’Antiquité. Faisant d’eux des corses de destin.

Il est d’usage, pour s’en lamenter ou s’en réjouir, de raconter qu’il ne reste presque plus de juifs en Corse. C’était compter sans les facéties de l’âme corse et du Dieu des enfants d’Abraham.  Car aujourd’hui, grâce au Beth Habbad à Ajaccio, Bastia et Porto Vecchio on assiste à une véritable renaissance spirituelle du judaïsme Corse. Ce nouvel élan conforte la synagogue consistoriale Beth Meïr dont je porte le nom en mémoire du rabbin Meïr Tolédano grand-père de Guy et Benny Sabbagh qui a repris vigueur.

Corse et Israël, même combat ? 

Il y a en corse et en Israël une étonnante proximité de mémoire. Probablement une mémoire de survivants, de passagers clandestins de l’histoire. Une forme d’insularité culturelle qu’on ne retrouve pas en Sardaigne ou en Sicile. Israël comme la Corse ont été des lieux de passage des grands empires (Assyrie, Babylonie, Egypte/ Chrétienté-royaumes musulmans) qui ont forgé leur culture par assimilation d’éternels migrants.

Les deux pays ont une diaspora très semblable, « un corse ne quitte pas son ile, il s’absente », un juif dit chaque année à Pessah : « l’an prochain à Jérusalem ». La nostalgie de la terre promise et rêvée nous habite. Israël comme la Corse sont des mythes. Le juif errant ou la Corse à New York ou Marseille sont les mêmes.

Enfin il y a l’amour de la terre. Un corse ne vend pas sa terre. Notre terre, se sont nos pères. Elle est commune, à tous. Pour Israël la terre est promise et chérie mais elle est à Dieu. C’est plus un idéal moral qu’une frontière physique. Dieu retire la terre à Israël quand il se conduit mal.

Au-delà des similarité méditerranéenne (famille, croyances au mauvais œil, etc…) et de traditions tout à fait communes.

Enfin la vendetta, les villes refuges de la Bible existent dans les deux cultures, relisez le début de Matteo Falcone de Mérimée… c’est chez moi. Et cet homme s’appelait Forconi.

Le corse qui arrive chez lui sent le maquis, les arbousiers, la soupe de sa grand-mère, le cédrat qu’elle lui donne chaque année. Le juif qui va en Galilée respire la « terre des vivants », le plat de chabbat de sa grand-mère, le cédrat de Souccot, la fête des cabanes, des errants au désert.

Michele Fitoussi, la pertinente par Eden Levi-Campana

Michele Fitoussi, la pertinente par Eden Levi-Campana

MICHELE FITOUSSI, LA PERTINENTE. Par Eden Levi-Campana :

Auteure à succès, journaliste, militante, scénariste, mère de famille, haute étude, carrière de grande qualité, juive séfarade, Michèle Fitoussi a décidément tout bon.
Elle nous emmène aujourd’hui dans un voyage intime, celui de sa famille de Pantin.

- Quel est le point de départ de votre dernier ouvrage, « La famille de Pantin » ?

- MF : Il y a très longtemps que je réfléchis à cette histoire.
J’ai écrit un roman il y a une trentaine d’années, peut-être plus, autour des figures familiales, qui se déroulait en Tunisie entre les années 20 et 50, disons jusqu’à l’indépendance.
Mais il n’a pas plus à mon éditeur d’alors et je l’ai rangé en me disant qu’un jour j’allais le reprendre.

Il m’a fallu pas mal de temps pour m’y replonger et le point de départ cette fois, a été la visite annuelle à ma famille enterrée au cimetière de Pantin, un rituel que la plupart des Juifs entreprennent avant les fêtes de nouvelle année.

J’ai repris mon manuscrit, dont j’avais perdu la moitié, mes notes. J’avais tout oublié !
Et je suis repartie avec cette fois l’idée d’un récit et plus j’avançais dans mes recherches qui ont été solides, plus se précisait l’idée de mêler l’histoire de ma famille à celle des Juifs de Tunisie, qui est riche et mouvante.

- Une histoire universelle ? 

- MF : Les histoires de famille sont universelles. Celles de l’exil aussi. Car la plupart des gens sont des déracinés, d’un pays, d’une ville, d’une campagne, tout le monde a dû apprendre ou réapprendre les codes dominants pour s’adapter.
Dans le livre il y a une phrase que j’aime particulièrement, « nous nous ressemblons tous ». Je parle là de ceux qui ont peuplé la Tunisie, Juifs, musulmans, chrétiens, Turcs, Italiens, Siciliens, Espagnols, Grecs, Maltais, etc…

Mais elle peut s’appliquer à l’humanité. Oui, tous nous aimons, nous rions, nous pleurons, nous souffrons et surtout nous mourrons. Les modalités importent peu. Alors mon histoire, celle de ma famille qui repose à Pantin, et plus généralement celle de ma famille avant eux et après eux, et plus généralement encore, celle des Juifs de Tunisie, c’est celle de nous tous. À quelques nuances près...

- Quels arguments utiliseriez-vous pour convaincre les lecteurs de la génération Z de se plonger dans cette lecture ?

- MF : Bien sûr, je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, mais pour comprendre le présent, il est bon, jeunes gens, de connaître le passé.

S’ils ont une origine tunisienne, ou séfarade, je leur parlerais des plats de leur grand-mère, des odeurs, des saveurs, des expressions qu’ils emploient sans rien savoir de leurs provenances, s’ils n’ont rien à voir avec tout cela, j’essaierai de titiller leur curiosité historique politique (la colonisation et la décolonisation, l’indépendance des peuples), ou je leur parlerai musique.
Mais je me rends compte en essayant de trouver des arguments que c’est compliqué.
Alors, je leur dirai simplement lâchez Tik Tok et lisez-moi !

- « Juifs arabes » est un terme politiquement correct ?

- MF : Je le pense, oui. Mais c’est un long débat. Il y a des Juifs de culture arabe, c’est une évidence, ce sont ceux qui peuplaient les terres d’Islam, mais on ne peut pas les réduire à cela.

Ils ont cette culture, certes, comme les Juifs d’Europe avaient la culture des pays où ils habitaient, mais de ceux-là on disait, on dit toujours, étaient Juifs polonais, Juifs italiens, Juifs roumains ou anglais.

Moi je préfère dire Juifs Tunisiens, Juifs algériens, Juifs marocains, Juifs Egyptiens. Il faut les englober dans leur pays d’origine, où ils sont arrivés pour la plupart, avant la conquête arabe, mais leur garder leur spécificité juive, qui a résisté contre vents et marées à la culture dominante, même si elle s’y est fondue aussi pour survivre en tant que minorité.

Si on parle de « juifs arabes » en oubliant les pays d’où ils viennent, on les inclut dans le vaste monde arabe, au risque de les perdre et de nier l’héritage hébraïque au profit du patrimoine arabe. C’est sympathique de vouloir mélanger tout le monde, mais c’est un peu naïf aussi.

C’est une vision unilatérale de cette histoire, où les Juifs ont quand même été des dhimmis, des soumis aux Arabes pendant onze siècles, et où il leur a fallu bien des ruses pour ne pas disparaître car ils étaient beaucoup moins nombreux.

Une personne qui n'est ni juive, ni tunisienne (voire les deux), va-t-elle prendre du plaisir à découvrir « La famille de Pantin » ?

- MF : Je l’espère, je le souhaite, je le conseille ! Ils vont grave kiffer !

 

« La famille de Pantin », Michèle Fitoussi

Date de parution : 01/03/2023

Editeur : Stock

Collection : La Bleue

Format : 13cm x 21cm

Nombre de pages : 288

La musique dans les camps nazis par Eden Levi-Campana

La musique dans les camps nazis par Eden Levi-Campana

Par Eden Levi-Campana

La musique dans les camps nazis

Le Mémorial de la Shoah à Paris présente une exposition sur la musique dans les camps nazis, qui est la première du genre à explorer toutes les facettes de l'utilisation de la musique au moment de l’Holocauste.

A la fois comme instrument de dupe (un orchestre jouait à Auschwitz pour accueillir les déportés), de mise au pas et de résistance, la musique est omniprésente dans les camps.

Environ 300 documents et objets provenant de Mémoriaux et de fonds d'archives du monde entier ont été rassemblés pour l'exposition par Le Mémorial de la Shoah.

L'exposition montre des instruments, tels qu'une contrebasse construite par des détenus dans le camp de Mauthausen, des cahiers clandestins illustrés par des prisonniers et des photographies-souvenirs pris par des SS autour de la musique dans les camps.

Des casques audios livrent également des enregistrements de survivants, des chansons de l'époque et quelques créations, comme des marches militaires reconstituées ou une petite chanson de résistance.

L'exposition explore « la musique contrainte » qui peut être utilisée pour masquer le cri des victimes ou pour accompagner des traitements cruels et des punitions pour le plaisir sadique des SS.

La musique « contrainte » peut partir d'un commandant de camp mélomane, comme à Buchenwald, ou d'un enjeu de prestige par rapport à ses collègues : « montrer qu'on a le meilleur orchestre de détenus ».

La musique était également utilisée comme une forme de résistance psychologique pour tenter de se remonter le moral avec des chansons-parodies, mais également offrir des moments de liberté. Dans les premières lois nazies en 1933, la musique de Beethoven a été interdite à tous les musiciens juifs. Ils n’avaient pas le droit de jouer de musique d’un compositeur aryen.

Otto Dov Kulka, qui habite maintenant à Jérusalem, avait 10 ans à cette époque-là. Il ne savait pas que ce que le maître de chœur leur faisait chanter - en cachette dans les latrines - était « l’Ode à la joie » de Beethoven. La résistance est partout.

Le Mémorial de la Shoah est ouvert tous les jours, sauf le samedi de 10h à 18h et nocturne le jeudi jusqu'à 22h. « La musique dans les camps nazis » jusqu'au 24 février 2024.

www.memorialdelashoah.org

Artiste juif : Nat Shapiro , la rigueur et la joie

Artiste juive : Nat Shapiro , la rigueur et la joie

NAT SHAPIRO, LA RIGUEUR ET LA JOIE

La prestigieuse galerie Saphir, qui représente en France Nat Shapiro, organise à son adresse parisienne de la rue du Temple l'exposition : « La rigueur et la joie ».

Shapiro est principalement connu pour ses peintures sur toile et sur papier, qui incorporent des éléments graphiques fantaisistes et font apparaître des zones de pure abstraction. Ses œuvres sont inspirées par ses voyages (églises byzantines, mosaïques de Ravenne, le Maroc) et par la culture juive.

Nat Shapiro naît à New York le 2 juin 1919. Il suit les cours du soir du « Pratt Institute » dès l'âge de dix ans, afin de devenir peintre. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est mobilisé en tant qu'infirmier militaire en Australie et en Nouvelle-Guinée pendant quatre ans et demi. En 1945, le département de la Guerre achète plusieurs de ses œuvres pour un musée de la Guerre en projet.

De retour à la vie civile, Nat Shapiro travaille comme illustrateur sous la signature "Mayer" et suit les cours de l'Art Students League of New York.

En 1951, marié et père de deux enfants, il déménage avec sa famille à Chicago, où il s'affirme comme un artiste de premier plan. Il voyage beaucoup, en Italie puis en France, où il finit par s'installer en 1961 avec sa famille, d'abord dans le Midi, puis à Paris.

À Paris, il étudie à « l'Académie de la Grande Chaumière » et expérimente sa création avec différents médias et styles. Sa personnalité artistique s'y développe, cependant qu'il poursuit en parallèle une carrière d'illustrateur.

En 1985, Shapiro retourne à New York et s'installe dans le comté de Westchester, où il rejoint un projet de galerie d'art coopérative. Ainsi, il joue un rôle-clé dans la fondation de la galerie Upstream à Dobbs Ferry, la plus ancienne galerie de beaux-arts de Westchester, dont il est le président de 1995 à 2002.

Nat Shapiro meurt à New York le 2 décembre 2005, en laissant derrière lui un héritage important. Ses œuvres se trouvent dans de nombreuses collections privées dans le monde entier, et certaines font partie du fonds national d'art contemporain de l'État français.

Une exposition à voir d’urgence à la Galerie Saphir, temple de la culture juive.

 

GALERIE SAPHIR

69 rue du Temple

75003 PARIS

Tous les jours de 13h à 19h00

contact@galeriesaphir.com

Tél. : 01 42 72 61 19

www.galeriesaphir.com

 

« Tel Aviv – Beyrouth », la dernière pépite de Frédéric Niedermayer

« Tel Aviv – Beyrouth », la dernière pépite de Frédéric Niedermayer

Par Eden Levi-Campana

« Tel Aviv – Beyrouth », la dernière pépite de Frédéric Niedermayer

A l’occasion de la sortie du film « Tel Aviv – Beyrouth » distribué par France Dulac Distribution, nous avons rencontré le producteur Frédéric Niedermayer. Valeur sûre du cinéma français et international depuis une vingtaine d’années, Frédéric Niedermayer a été récompensé en 2021 du César du meilleur film pour « Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait », réalisé par Emmanuel Mouret.

Toujours aussi simple, le producteur déclare que cette magnifique récompense n’a rien changé à sa manière de travailler : « Les problématiques de production restent les mêmes. Il est toujours très difficile de produire un film, quel qu’il soit, car c’est toujours un enjeu très fort pour un réalisateur, et donc par ricochet pour le producteur ».

Un César, le succès est acté et apprécié, mais il faut vite passer à autre chose.
Traversée par la crise covid, l’industrie du cinéma est en crise : « Même si la fréquentation a repris, et que la France peut s’enorgueillir d’être le premier pays dans le monde où on se rapproche de l’avant-covid en termes de fréquentation, il y a des très grands écarts dans les entrées, entre les films qui marchent (peu nombreux) et les autres. On va être forcés de prendre acte de cela, peut-être en produisant moins et mieux, même si bien malin est celui qui sait ce que veut dire mieux ».

Ce que Frédéric Niedermayer fait de mieux, c’est du cinéma. En l’occurrence il produit les films de Chloé Mazlo et d’Emmanuel Mouret. Il a accompagné tous les films de ce dernier, depuis « Vénus et Fleur » présenté à Cannes en 2004, jusqu’au récent « Mademoiselle de Joncquières » nommé six fois aux César 2019. Frédéric Niedermayer connait la musique. A la tête de Moby Dick Films, il a produit ou coproduit plus de 20 longs-métrages, ceux de  Jean-Claude Brisseau, Michale Boganim, Rebecca Zlotowski, ou plus récemment Jean Paul Civeyrac avec « Mes provinciales ». Il reste également curieux de découvrir de nouveaux talents, puisque trois premiers films sont actuellement en développement chez Moby Dick Films.

Parole de producteur

Né le 24 octobre 1968 à Paris, biberonné par Philipp Roth et Woody Allen, Frédéric Niedermayer a été l’assistant de Pierre Étaix au Cirque Fratellini pendant plus de deux ans.
Tombé amoureux du cinéma à la Cinémathèque Française - notamment en suivant les cours de Jean Douchet -, il passe et réussi le concours de La Fémis dont il sort diplômé du département production, en 1998.

Un an plus tôt, il avait fondé la société Moby Dick Films, pour produire les films de ses camarades d’école. Son premier film produit est « Clément », un long-métrage d’Emmanuelle Bercot, remarqué en 2001 au Festival de Cannes dans la section Un Certain Regard. Le reste ne sera qu’une suite de succès remportés à la force du poignet, de la passion, de l’intelligence et du courage. Pour illustrer les louanges que je viens de lui tresser, j’ai interrogé Frédéric Niedermayer sur le montage du film « Tel Aviv – Beyrouth », qu’il vient de produire.

L’histoire est celle de deux familles, l’une libanaise, l’autre israélienne, qui entre 1984 et 2006, sont prises dans la tourmente des guerres à répétition entre Israël et le Liban. Entre le sud du Liban et Haïfa, l'Histoire vient à la fois bouleverser et réunir les destins individuels. Bel exemple, qui démontre que depuis 1895 rien n’est jamais simple dans l’industrie cinématographique.

ENTRETIEN

A quel moment pensiez-vous montrer les villes de Tel Aviv et de Beyrouth dans ce film ?

Il n’a jamais été question de les montrer, puisque le film trace cette ligne symbolique, en référence à la voir de chemin de fer qui existait à une époque lointaine entre les deux pays. Et on se met à rêver qu’un jour, cette ligne puisse être à nouveau en service.

Comment est né le projet de film ?

C’est Michale qui avait envie de raconter cette histoire qu’elle portait en elle depuis longtemps. Et j’ai été séduit justement par le fait que cette guerre sans fin soir racontée des deux points de vue féminin. Mais il faut avouer que c’est difficile de produire ce genre de film. Aux problèmes traditionnels de la fabrication d’un film s’ajoutent les difficultés politiques, et notamment celle consistant à faire cohabiter israéliens et libanais dans un même film. C’est ma grande fierté.

Comment s’est passé votre rencontre avec Michale Boganim ?

J’ai rencontré Michale alors qu’elle était encore étudiante en cinéma, dans la prestigieuse école de Londres. Elle venait de faire un film remarquable autour des juifs d’Odessa. Je l’ai poussé à faire la suite avec « Odessa…Odessa », qui a été primé partout dans le monde. Le film est redevenu tragiquement au centre de l’actualité, comme chacun sait. Pour choisir les auteurs et réalisateurs avec lesquels je travaille, je ne me fie qu’à mon instinct. Il me dit si je pense avoir à faire à un cinéaste, ou pas. Et si l’envie mutuelle de passer au moins trois ans de vie commune existe.

Pourquoi montrer la guerre du point de vue féminin ?

Il était temps ! Et très curieux qu’on n’ait pas eu davantage ce point de vue dans l’histoire du cinéma.

EDEN LEVI-CAMPANA