JERUSALEM ,le 02/06/08 - Ehud Olmert se rend lundi à Washington pour une visite de trois jours qui pourrait être la dernière du Premier ministre israélien, affaibli par des appels à la démission en raison des soupçons de corruption qui pèsent sur lui.
Des élections anticipées se profilant chaque jour davantage, de nombreux commentateurs israéliens estiment que M. Olmert va faire ses adieux au président George W. Bush, qui espérait parvenir à un accord de paix israélo-palestinien avant la fin de son mandat, en janvier 2009.
"Il est évident qu'il n'y a aucune chance de parvenir à un accord cette année, parce qu'Olmert s'en va. Toutes les discussions vont être littéralement gelées durant pratiquement un an", a déclaré à l'AFP un haut responsable israélien, qui a requis l'anonymat.
M. Olmert et le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas avaient promis d'essayer de parvenir à un accord de paix avant le départ de M. Bush de la Maison Blanche, en lançant de nouveaux pourparlers lors de la conférence d'Annapolis, près de Washington, en novembre.
Mais depuis, en dépit des fortes pressions américaines et de rencontres régulières entre MM. Olmert et Abbas, et les équipes de négociateurs, un accord paraît toujours éloigné malgré certaines avancées.
De son côté, un haut responsable américain a estimé que les discussions avec M. Bush, qui porteront sur les efforts de paix au Proche-Orient et le programme nucléaire iranien, ne seront pas affectées par la crise politique.
"Nous sommes conscients de la situation politique en Israël, mais en terme de politique étrangère, nous poursuivons sur notre voie", a déclaré à l'AFP ce responsable sous couvert d'anonymat.
La contestation contre M. Olmert a gagné son propre camp jeudi, la N.2 du cabinet, Tzipi Livni, appelant le parti au pouvoir, Kadima, à se préparer à des nouvelles élections.
Mercredi, c'était Ehud Barak, le ministre de la Défense et chef du parti travailliste, principal allié de Kadima au sein de la coalition au pouvoir, qui avait appelé M. Olmert à démissionner après l'accablant témoignage d'un homme d'affaires israélo-américain. Celui-ci a affirmé avoir versé à M. Olmert près de 150.000 dollars en liquide en 15 ans.
Au sein du bureau de M. Olmert, on indiquait cependant que "le Premier ministre reste concentré sur son emploi du temps". "Il est fermement convaincu qu'il sera blanchi au fur et à mesure que l'enquête progressera", a indiqué un de ses proches, qui a requis l'anonymat.
Parallèlement au dossier israélo-palestinien, M. Olmert devrait discuter avec M. Bush de la reprise de négociations indirectes entre Israël et la Syrie, sous l'égide la Turquie, annoncée en mai après huit ans de gel.
Les Etats-Unis avaient salué du bout des lèvres ces négociations avec Damas, craignant notamment qu'elles détournent Israël des discussions menées avec les Palestiniens.
Lors de sa visite, M. Olmert doit également discuter les détails d'une aide militaire promise par M. Bush lors de sa visite en Israël mi-mai pour le 60e anniversaire de sa création, a indiqué un responsable israélien.
Cette aide, destinée à renforcer l'Etat hébreu face à une possible menace iranienne, comprend un système d'alerte anti-missile et des avions de combat Stealth, a-t-il ajouté.
Le Premier ministre doit prononcer un discours mardi lors d'une conférence du principal lobby pro-israélien américain AIPAC, avant de s'entretenir avec M. Bush et d'autres responsables américains, ainsi qu'avec des membres du Congrès.
Il rencontrera également les candidats désignés ou potentiels à la prochaine présidentielle américaine, indique-t-on de source israélienne.