Claudine Douillet

Claudine Douillet parisienne et juive de naissance de parents profondément sionistes (un père sur l’Altaléna ça laisse des traces).

Fondatrice du premier magazine Juif sur le net, Alliance, en 1997, avant Google !
220 000 lecteurs uniques par mois à son actif.

En 1999 création Alliance-Hosting LLC , une "Web Agency » conceptrice de sites internet pour les entreprises et leur migration sur le net. Formation d’internet pour chefs d’entreprise.

Alliance-Hosting LLC a permis grâce ses moyens techniques la retransmission en directe des 4 radios juives de France 94.8 FM sur le net ,dés 2000, pendant 12 ans.

Experte en communication digitale avec Alliancefr.com, et radiophonique avec "Internet sans prise de tête" sur judaïques FM 94.8 depuis 2000, ma passion est née de la découverte, dés 1996, du plus important moyen de communication avec le monde, internet.

Mon expérience est le résultat de 22 années au service des entreprises désireuses de migrer sur le net et des médias.

Rendre réel ce monde virtuel c’est l’alliance du savoir faire et du faire savoir.

Les articles de Claudine Douillet

Israël: manifestation à Tel-Aviv pour le 12ème anniversaire de l'assassinat de Rabin

Israël: manifestation à Tel-Aviv pour le 12ème anniversaire de l'assassinat de Rabin

TEL-AVIV, le 05/11/07 - "Ni oubli, ni pardon". Des dizaines de milliers d'Israéliens ont manifesté samedi soir à Tel-Aviv pour marquer le 12ème anniversaire de l'assassinat du Premier ministre Yitzhak Rabin, victime d'un extrémiste juif de droite et religieux.

Douze ans ont passé, mais pour la foule imposante --cent cinquante mille manifestants selon les organisateurs -- la blessure ne s'est pas refermée, d'autant que le meurtrier bénéficie d'une campagne de soutien orchestrée par l'extrême droite.

"Rien n'a changé. La leçon n'a pas été apprise. Aujourd'hui comme hier on entend les voix qui incitent à la violence. Ceux qui ont poussé au crime n'ont pas été poursuivis et cela pourrait se reproduire", a mis en garde à la tribune Yuval Rabin, le fils du Premier ministre, exprimant son indignation des faveurs dont bénéficie l'assassin en prison.

"C'est horrible qu'un juif ait pu commettre un tel acte sur la personne d'un leader aussi formidable uniquement parce qu'il était contre ses idées", confie Shapir Nissani, venue avec de nombreux jeunes de son âge.

David Kandioti, un retraité septuagénaire, brandit une pancarte: "si Rabin était en vie, nous aurions la paix avec nos voisins". Selon lui, "cent ans de prison, ce n'est pas assez pour punir un tel crime".

Pour la première fois, un président de l'Etat d'Israël, Shimon Peres, a pris la parole à la tribune, aux côtés du ministre de la Défense Ehud Barak, devant la place Rabin noire de monde.

"Vous êtes les héritiers de Rabin. Ne flanchez pas et continuez d'aller dans la voie qu'il a tracée, celle de la paix et de la sécurité", a proclamé M. Peres l'ancien compagnon politique de Rabin.

Le ministre de la Défense a assuré pour sa part que le "meurtrier croupira en prison jusqu'à la fin de ses jours".

Au début du rassemblement, les manifestants ont entendu avec émotion les derniers mots de Rabin lors de la manifestation sur la même place de la municipalité au sortir de laquelle il fut assassiné le samedi 4 novembre 1995.

"Je sais qu'il y a une chance de paix et que nous devons la saisir", avait proclamé le leader ce jour là du parti travailliste, ajoutant "le peuple veut la paix et rejette la violence", quelques minutes avant de tomber sous les balles de l'assassin.

Les manifestants ont déroulé des banderoles: "Oui à la paix, non à la violence", et "nous n'oublierons pas, nous ne pardonnerons pas", ainsi que des pancartes appelant à "Dire enfin oui à la paix".

Le meurtrier de Rabin, Yigal Amir, 37 ans, condamné à la prison à vie, a revendiqué son crime au procès affirmant avoir tué pour empêcher un retrait israélien des territoires palestiniens occupés et "stopper" le processus de paix. Il n'a jamais exprimé de regrets.

La manifestation annuelle prend cette année un relief particulier compte tenu d'une campagne d'extrême droite pour atténuer la peine de l'assassin, présenté comme victime d'une machination.

Yigal Amir a été autorisé à assister dimanche dans la prison où il est détenu à la circoncision de son fils, après avoir pu recevoir des visites privées de sa femme, un privilège qui est refusé à des détenus de sécurité palestiniens.

Dans une vidéo réalisée à 150.000 exemplaires par ses partisans, sa mère Geoulah estime que son acte était "prédestiné" par son nom, Yigal signifiant "sauveur" en hébreu.

Chef d'état-major israélien lors de la guerre des Six Jours, Rabin avait été l'artisan de la victoire de juin 1967 au cours de laquelle l'Etat juif avait conquis la Cisjordanie et la bande de Gaza, le plateau syrien du Golan et le Sinaï, depuis restitué à l'Egypte.

Il s'était vu décerner le prix Nobel de la Paix en 1994, conjointement avec M. Peres, alors ministre des Affaires étrangères, et le dirigeant palestinien Yasser Arafat, après la signature des accords d'Oslo.

Israël envisage des libérations supplémentaires de prisonniers palestiniens avant le sommet américain

Israël envisage des libérations supplémentaires de prisonniers palestiniens avant le sommet américain

ehud.jpgJERUSALEM, le 05/11/07 - Dans un geste destiné à manifester son soutien au président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, le Premier ministre israélien Ehoud Olmert envisage des libérations supplémentaires de prisonniers palestiniens avant la conférence de paix à haut risque organisée par Washington, rapporte le quotidien "Haaretz", lundi.

Selon le quotidien israélien, Olmert examine une demande palestinienne de libérer 2.000 des 12.000 Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes. Toutefois aucune décision n'a été prise sur le nombre de détenus susceptibles d'être libérés ou le moment où interviendront ces libérations.

Au cours des derniers mois, Israël a libéré 340 Palestiniens dont la plupart étaient proches du Fatah de Mahmoud Abbas. Aucun membre du Hamas qui a pris le pouvoir par la force dans la Bande de Gaza n'a été libéré.

La conférence de paix israélo-palestinienne voulue par les Etats-Unis devrait avoir lieu à Annapolis (Maryland) à la fin novembre ou au début décembre.

Natalie Portman veut adapter Amos Oz au grand écran

                    Natalie Portman veut adapter Amos Oz au grand écran

portman.jpgLOS ANGELES, le 05/11/07 - La jeune actrice Natalie Portman a conclu un accord pour tourner son premier film en tant que réalisatrice, une adaptation du roman autobiographique de l'écrivain israélien Amos Oz "Une histoire d'amour et de ténèbres", a annoncé vendredi Variety.
Selon le quotidien spécialisé, Natalie Portman, elle-même née en Israël, veut à travers une société de production qu'elle vient de créer, monter des films conduisant à "une meilleure compréhension et davantage d'action pour les problèmes mondiaux".

Héroïne à Hollywood dès son plus jeune âge ("Léon" de Luc Besson, "Heat" avec Al Pacino et Robert De Niro), Natalie Portman, 26 ans, a été dernièrement vue dans "V pour vendetta" après avoir incarné la reine Padmé Amidala dans les trois épisodes les plus récents de "La guerre des étoiles" de George Lucas.

Rice prône en Israël des mesures de paix "audacieuses"

               Rice prône en Israël des mesures de paix "audacieuses"

Article paru dans "Le Monde"

JERUSALEM, le 05/11/07 - Condoleezza Rice a exhorté Israël à se montrer "audacieux" dans la recherche de la paix, alors que les dirigeants du pays réaffirmaient qu'il ne pourrait pas y avoir d'accord sur un Etat palestinien sans garantie pour leur propre sécurité.

La secrétaire d'Etat américaine, venue négocier à Jérusalem la tenue d'une conférence de paix aux Etats-Unis, a assuré au Premier ministre Ehud Olmert que Washington était solidement acquis à la défense de l'Etat hébreu et qu'il était temps de prendre des "décisions difficiles".

Olmert s'est dit prêt, malgré les doutes entourant la capacité des dirigeants palestiniens à contenir leurs activistes hostiles à Israël, à négocier sur tous les points difficiles après la conférence que veut accueillir le président George Bush. Il a laissé entendre qu'une percée pourrait intervenir avant la fin du mandat de Bush l'an prochain.

Rice, qui doit rencontrer lundi en Cisjordanie le président palestinien Mahmoud Abbas, a cependant noté dimanche qu'il était encore trop tôt pour fixer fermement la date de la conférence prévue à Annapolis (Maryland). Des responsables américains ont retenu provisoirement la semaine qui débute le 26 novembre.

"Il est temps pour nous tous de prendre des décisions difficiles au nom de la paix", a dit Rice dans un discours prononcé devant un auditoire dont faisait partie Olmert.

"Tous les Israéliens doivent être confiants quant au fait que l'Amérique est résolument derrière vous, que nous sommes acquis à la cause de votre sécurité et que vous pouvez par conséquent vous montrer audacieux dans votre quête de la paix."

Un peu plus tôt, Tzipi Livni, ministre israélienne des Affaires étrangères, lui avait dit que la situation était "plus compliquée que jamais" et qu'Israël n'accepterait un Etat palestinien que si Abbas garantissait, en vertu des obligations de la feuille de route du "quartet" (Etats-Unis, UE, Russie, Onu), qu'il ne ferait peser aucun danger sur Israël.

Ce document signé en 2003 exige des autorités palestiniennes la répression de l'activisme armé, et d'Israël le gel de l'expansion des colonies juives de peuplement en Cisjordanie.

MENACES

Les Palestiniens "doivent comprendre que l'application des futurs accords ne sera mise en oeuvre que selon les étapes de la feuille de route, à savoir d'abord la sécurité d'Israël puis l'établissement d'un Etat palestinien", a déclaré Livni aux côtés de Rice.

Abbas fait valoir que l'occupation israélienne fait obstacle à ses efforts en matière de sécurité.

Intervenant un peu plus tard à la même conférence que Rice, Olmert a insisté sur les menaces qu'affrontait Israël, à la fois dans la Cisjordanie occupée où est établi le Fatah d'Abbas et dans la bande de Gaza contrôlée depuis juin par le Hamas islamiste.

"Nous avons des raisons de tarder, a-t-il dit. Mais (...) nous avons un partenaire et ne voulons pas retarder les négociations jusqu'à un moment où notre partenaire ne serait peut-être plus en mesure de remplir la tâche."

"Si les Palestiniens et nous agissons avec détermination, il y une chance de parvenir à des résultats importants, peut-être même avant la fin du mandat du président Bush", a ajouté Olmert.

"Annapolis sera le tremplin d'une poursuite de négociations sérieuses et intenses qui ne contourneront aucune question et n'éviteront aucun point controversé", a-t-il encore dit, en reconnaissant qu'Israël avait aussi à remplir sa part des engagements découlant de la feuille de route.

A son arrivée en Israël, Rice a reconnu que des "discussions difficiles" l'attendaient sur l'élaboration d'un document de travail commun aux deux parties, censé édicter les principes sur lesquels reposera un futur Etat palestinien.

Livni a dit que "personne ne veut d'un autre Etat terroriste dans la région", allusion voilée au Hamas, qui prône la destruction d'Israël.

Les deux parties ont exprimé leur souhait que la conférence d'Annapolis serve de tremplin pour des négociations sur les principaux problèmes au coeur du conflit, tels que la question des frontières, l'avenir de Jérusalem et le sort des millions de réfugiés palestiniens et de leurs descendants.

Mais Israël refuse de fournir un calendrier, comme le demandent les Palestiniens, pour le traitement de ces questions, arguant que le non-respect de ce calendrier pourrait déclencher de nouvelles violences.

Olmert est confronté à une forte opposition, au sein de sa coalition, à toute concession sur le tracé des frontières et à une division de Jérusalem tant que l'Etat juif se sentira menacé par les activistes palestiniens.

Les Israéliens honorent la mémoire d’Yitzhak Rabin

                            Les Israéliens honorent la mémoire d’Yitzhak Rabin

rabin12.jpgArticle paru dans "Le Figaro", le 04/11/07

150.000 personnes ont défilé ce week-end à Tel-Aviv pour marquer le 12e anniversaire de l'assassinat de l’ancien premier ministre.

"Je sais qu'il y a une chance de paix et que nous devons la saisir. Le peuple veut la paix et rejette la violence". C’est la gorge nouée que les 150.000 manifestants rassemblés à Tel-Aviv ont entendu à nouveau la voix d’Yitzhak Rabin, douze ans après sa mort, sur la place même où il fut tué de plusieurs balles dans le dos. La place Rabin, noire de monde, s’est recouverte de banderoles "Oui à la paix, non à la violence", et "nous n'oublierons pas, nous ne pardonnerons pas".
L’assassin n’a aucun regret
Pour la première fois, le président travailliste d’Israël et ancien collègue de Rabin, Shimon Peres a pris la parole à la tribune. "Vous êtes les héritiers de Rabin. Ne flanchez pas et continuez d'aller dans la voie qu'il a tracée, celle de la paix et de la sécurité" a-t-il exhorté.
Le défilé de cette année revêt une signification particulière compte tenu de la campagne menée par l'extrême droite pour atténuer la peine de l'assassin, un extrémiste juif présenté comme victime d'une machination. Condamné à la prison à perpétuité, Yigal Amir, 37 ans, qui s’opposait au choix d’Yitzhak Rabin de céder une partie de la Cisjordanie en échange de la paix avec les Palestiniens, n’a jamais exprimé de regrets. Il a été exceptionnellement autorisé à assister dimanche à la circoncision de son fils qui a eu lieu à la prison Sharon.

Les colons manifestent contre Olmert

                                     Les colons manifestent contre Olmert

colon.jpgLe 05/11/07, Quelque 2 000 colons juifs ont manifesté pour la première fois dimanche soir à Jérusalem contre le processus de paix avec les Palestiniens engagé par le premier ministre israélien Ehud Olmert, a-t-on appris de source policière.

Répondant à l'appel du Conseil des colons de Judée-Samarie (Cisjordanie), la principale organisation de colons, les manifestants ont défilé en portant des flambeaux au centre de Jérusalem.

«Nous savons bien qu'avec les concessions envisagées par Olmert, c'est le Hamas qui arrivera en Judée-Samarie, et que le coeur d'Israël sera alors à portée de tir des lance-roquettes», a déclaré aux journalistes Shaoul Goldstein, secrétaire général du Conseil des colons.

«Nous sommes venus ici ce soir pour dire à Ehud (Olmert): ça suffit! Ehud, il y a des limites, le sort de Jérusalem est en jeu», a de son côté affirmé Méir Porush, député du parti religieux ultra-orthodoxe d'opposition Judaïsme Unifié de la Torah.

Cette manifestation s'est déroulée alors que la secrétaire d'État américaine, Condoleezza Rice, se trouvait à Jérusalem pour de nouveaux entretiens avec Israéliens et Palestiniens avant la réunion internationale de paix que les États-Unis veulent organiser à la fin du mois à Annapolis, près de Washington.

Dans la matinée, la police israélienne a indiqué avoir découvert des affiches sur les murs de Jérusalem montrant le président de l'État Shimon Peres coiffé du traditionnel keffyeh palestinien.

Samedi soir, devant 150 000 personnes rassemblées à Tel-Aviv pour commémorer le meurtre de Yitzhak Rabin il y a 12 ans par un extrémiste juif opposé au processus de paix avec les Palestiniens, M. Peres avait déclaré: «Vous êtes les héritiers de Rabin. Ne flanchez pas et continuez d'aller dans la voie qu'il a tracée, celle de la paix et de la sécurité».

Parlez-moi d'amour. Une Française dans la terreur stalinienne

                Parlez-moi d'amour. Une Française dans la terreur stalinienne

Article paru dans  "ABP", le 05/11/07

parlez.gifDe nombreux Bretons, acquis aux idées communistes, seulement « compagnons de route » ou simples observateurs, se sont rendus en Russie après le triomphe de la Révolution bolchévique de 1917. Ce fut le cas de Louis Guilloux, de Jean Guéhenno, de Jean Cremet, de Louis Martin-Chauffier, de Paul Nizan et de bien d'autres, pour des visites allant de quelques semaines à quelques mois. Leurs lettres, leurs reportages et leurs récits ont témoigné de sentiments très divers mais souvent assez réservés. À leur retour, beaucoup de ceux qui étaient partis visiter la « patrie de la Révolution prolétarienne » avec un grand enthousiasme, ne cachaient pas leur déception ou, au moins, leurs réserves.

Les Bretons et Bretonnes ayant vécu durant de nombreuses années en Union Soviétique n'ont pas été très nombreux et leurs témoignages sont rarissimes. C'est ce qui fait l'intérêt du livre que viennent de publier au mois de septembre les Éditions de l'Aube dans leur collection Poche Document.

Anne-Marie, dite Annette, une Bretonne de Belle-Île, qui était partie à Paris, y avait découvert le monde du quartier de Montparnasse dans les années 1930. Musiciens, sculpteurs, acteurs, écrivains, peintres y formaient alors une surprenante faune cosmopolite. La jeune Bretonne allait rencontrer l'amour en la personne de Lvovitch Rabinovitch, Juif russe venu d'Odessa. Les deux jeunes gens se marièrent et vécurent d'abord très heureux, puis, quand survint la guerre, « Rabi » décida de rejoindre son pays, la Russie alors soviétique. Il partit pour Moscou, promettant à sa jeune femme d'y préparer son arrivée. Sans nouvelles de son époux, Annette décida de s'embarquer à son tour pour ce pays dont elle avait acquis la nationalité par mariage. Elle allait y trouver l'enfer. Annette allait connaître de terribles épreves, bientôt divorcer, puis se remarier, avoir une fille… Il allait lui falloir dix années pour pouvoir échapper à l'enfer stalinien.

Ce livre n'est pas un roman, mais le récit authentique, terrifiant – et passionnant - d'une très belle histoire d'amour pulvérisée par la guerre et le totalitarisme. C'est aussi une magistrale leçon de résistance au cœur d'un monde aujourd'hui disparu, une leçon reprise ici à quatre mains par la petite-fille d'Annette, Lucile Guber, qui entrecroise leurs deux histoires.

Accommodements extrêmes

                                              Accommodements extrêmes


Article paru dans "Canoe",le 05/11/07

JÉRUSALEM, Israël, le 05/11/07, En regardant les bulletins de nouvelles montrant des chars blindés qui défient des enfants palestiniens, difficile de croire qu'Israël est porté sur les accommodements.

Mais vous savez bien que dans la vraie vie, ça ne se passe pas toujours comme à la télévision. Contre toute attente, l'accommodement est un sport extrême dans ce petit pays où cohabitent 5 millions de Juifs, 1,2 million d'Arabes et une douzaine de minorités religieuses.

On imagine à tort que tout le monde se ressemble en Israël, mais l'État juif est une mosaïque de toutes les couleurs, peuplée de gens venus d'une centaine de pays aussi différents que la Russie, l'Éthiopie et le Canada.

Le quart des Israéliens ne sont pas juifs. Une solide minorité de 20 % de la population est arabe, la plupart de religion musulmane. Et même parmi les Juifs, il y a tellement de diversité, de manières de vivre, que la «majorité juive» est loin de former un bloc homogène.

Ce mélange de populations oblige les autorités israéliennes à faire de très gros accommodements de bon voisinage, sans lesquels le pays éclaterait.

Israël est probablement une des seules démocraties occidentales où des tribunaux islamiques inspirés par le Coran dictent le droit familial des musulmans, sans que ça ne fasse la une des journaux.

La charia gère les mariages, les divorces, les pensions alimentaires et les adoptions chez le million de musulmans d'Israël. C'est loin de faire l'unanimité, surtout auprès des organismes de défense des femmes, mais la charia n'est qu'une des concessions faites par l'État juif aux groupes de pression religieux.

En fait, des tribunaux religieux de toutes les confessions - juive, chrétienne, musulmane, etc. - sont officiellement reconnus par l'État pour arbitrer toutes les questions de droit familial. Le mariage civil n'existe pas en Israël. Comme la majorité des Israéliens est laïque et non-pratiquante, ça commence à devenir un gros problème. Je vous en reparle demain.

Autre accommodement pour les Israéliens arabes: ils n'ont pas à faire leur service militaire, qui est pourtant obligatoire pour tous les autres citoyens, hommes et femmes. L'État juif ne peut tout simplement pas imposer à ses citoyens arabes de prendre les armes contre d'autres Arabes dans les territoires occupés et dans les pays voisins d'Israël.

La petite minorité de juifs ultraorthodoxes à chapeau noir, qui forme 7% de la population, n'a pas non plus à servir dans l'armée. Ces gens n'ont qu'un but: prier et vivre exactement comme il est écrit dans la Bible.

À l'école

L'accommodement le plus extrême se pratique sans doute dans les écoles. Le ministère de l'Éducation est tellement ouvert aux différences culturelles que les élèves arabes de troisième année apprennent l'histoire du point de vue des Palestiniens: leur manuel d'histoire décrit la création d'Israël comme la «catastrophe» pour les Arabes qui ont été chassés de leurs terres par les Juifs après l'Holocauste

L'État subventionne toutes les écoles, même celles des Juifs ultrareligieux qui ne donnent aucun cours d'anglais ou de sciences, ce qui contrevient au programme du ministère de l'Éducation.

La phobie de certains Québécois envers les symboles religieux ferait aussi sourire, dans ce pays qui a vu naître trois des plus grandes religions. Les symboles religieux sont partout, ici. Dans les rues, dans les magasins, dans les écoles et dans les ministères, le voile islamique côtoie la kippa, et le chapeau noir ultraorthodoxe fait bon ménage avec le crucifix.

«Si quelqu'un portait plainte parce qu'il se fait servir par une musulmane voilée, ça serait la rigolade générale. Les gens diraient : t'es tombé sur la tête!» raconte Julien Bauer, professeur de science politique à l'Université du Québec à Montréal, qui se trouve en congé sabbatique à Jérusalem.

Il faut dire que nos petites controverses sur le kirpan à l'école, les vitres givrées du YMCA ou le code de vie d'Hérouxville ne feraient jamais la manchette en Israël.

Israël, cette «catastrophe»

                                            Israël, cette «catastrophe»
 
Article paru dans "Canoe"     

JÉRUSALEM, le 05/11/07, Les élèves arabes de troisième année ont droit depuis la rentrée scolaire à une version inusitée de leur histoire nationale: la création de l'État juif a été une «catastrophe».

Évidemment, comme toujours dans cette région du monde, cette affaire est tout en nuances, en zones grises. Chose certaine, il s'agit d'un gros «accommodement» dans le but de refléter la version arabe des événements ayant mené à la création d'Israël.

En 1948, les Juifs ont accepté le plan de partage du territoire proposé par les Nations unies. Les Arabes ont dit non. La guerre a éclaté. Les Juifs ont dû se battre et chasser des Arabes de leurs terres pour créer leur État, explique le nouveau manuel d'histoire.

«Les Arabes appellent cette guerre la Nakba, ce qui veut dire 'la catastrophe', alors que les Juifs la désignent comme la Guerre d'indépendance», est-il écrit.

Cette simple admission - des Arabes ont été chassés de chez eux par des Juifs - représente une révolution dans ce jeune pays qui est en guerre depuis sa création.

Autre version

La version en hébreu du manuel d'histoire, elle, passe sous silence le point de vue arabe. Les élèves juifs de troisième année du primaire n'ont pas la maturité nécessaire pour digérer les mille et une subtilités politiques de la région, a décidé le ministère de l'Éducation.

Cette phrase a quand même créé toute une tempête à la rentrée scolaire. Les partis de droite ont accusé le gouvernement d'encourager ses propres enfants à détester l'État juif. Surtout que les Arabes israéliens remettent déjà en cause les agissements de leur pays face aux Palestiniens et aux autres Arabes du Moyen-Orient.

Irresponsable, ce livre d'histoire? Pas du tout, a répliqué la ministre de l'Éducation, Yuli Tamir, du Parti travailliste: pour que les Arabes israéliens restent des citoyens à part entière et adhèrent à 100 % à l'État juif, la majorité juive doit faire tout en son possible pour leur donner une voix crédible.

Julien Bauer, professeur de science politique à l'UQAM qui se trouve à Jérusalem en congé sabbatique, a de la misère avec ce manuel d'histoire nouveau genre.

«À mon avis, ça va trop loin. C'est comme si les livres d'histoire du Québec parlaient de la bataille des plaines d'Abraham comme d'une grande victoire», dit-il.

Le crime sans fin de Yigal Amir

                                          Le crime sans fin de Yigal Amir

Article paru dans"Libération", le 04/11/07

Pour insulter la mémoire de Yitzhak Rabin, son assassin, véritable icône diabolique en Israël, multiplie les provocations en prison avec l’aide de sa femme.

Ses yeux sombres et son sourire sarcastique sont connus de tous les Israéliens. L’accouchement de sa femme, il y a quelques jours, a fait la une de la presse people, mais aussi de quotidiens populaires comme Maariv ou Yédioth Aharonot. Douze ans après l’assassinat du Premier ministre israélien Yitzhak Rabin, le 4 novembre 1995, le public israélien semble bien davantage intéressé par son meurtrier, Yigal Amir, que par la mémoire de la victime. «Yigal Amir et Larissa Trimboler, la femme qu’il a épousée en prison, ont un comportement très provocant. Ils tentent sans cesse de capter l’attention du public. C’est assez facile, car tous les ingrédients sont là : sexe, mariage, meurtre», explique Tamar Hermann, professeure de sociologie à l’université ouverte d’Israël.

Aujourd’hui âgé de 37 ans, Yigal Amir purge une peine de réclusion à perpétuité, en isolement, dans une cellule de la prison de Beersheva, dans le sud d’Israël, sous surveillance continue de caméras. Il n’a jamais exprimé de regrets pour son acte. En 2004, il a obtenu l’autorisation de se marier avec Larissa Trimboler, 42 ans, divorcée et mère de 4 enfants. Depuis, les tribulations du couple – de la tentative d’Amir de remettre à son épouse un sac plastique contenant son sperme, à l’autorisation des visites conjugales, et à la grossesse de Larissa Trimboler – suscitent l’intérêt du public israélien, fasciné. Dernier rebondissement: la décision d’un tribunal de Tel-Aviv d’autoriser la circoncision de son fils dans sa prison dimanche. «Ironiquement, la circoncision est prévue le jour anniversaire de la mort du Premier ministre, selon le calendrier grégorien» , a reconnu le juge.

Soupçons. Larissa Trimboler a récemment accordé plusieurs interviews à des émissions people, à la télévision, et même à la radio nationale, où elle a dénoncé les conditions de détention de son époux. Elle s’est également insurgée contre «la campagne de diffamation» du Yédioth Aharonot , qui soupçonne le couple d’avoir planifié la naissance de leur enfant, afin qu’elle puisse coïncider avec l’anniversaire du meurtre de l’ancien Premier ministre, dimanche.

Chef de l’état-major israélien lors de la guerre des Six Jours, en juin 1967, qui s’était soldée par la conquête de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par Israël, Yitzhak Rabin avait au terme de négociations secrètes avec les Palestiniens signé en 1993 les accords d’Oslo, qui devaient par étapes mener à la création d’un Etat palestinien aux côtés d’Israël. Un an plus tard, il recevait le prix Nobel de la paix, conjointement avec Shimon Pérès, alors ministre des Affaires étrangères, et le leader palestinien Yasser Arafat, autre signataire des accords. Le 4 novembre 1995, Yigal Amir, un juif religieux d’extrême droite, descendait Rabin de trois balles dans le dos, à Tel-Aviv, dans le but affiché de faire capoter le processus de paix. Cet assassinat, commis à l’issue d’une manifestation pacifiste monstre, a plongé le pays dans la stupeur, alors que naissait l’espoir d’une possible issue au conflit israélo-palestinien.

«L’opinion israélienne est fascinée par Yigal Amir, qui est comme un héros négatif, un démon, une sorte de mal absolu. Il ne trouve grâce qu’aux yeux d’une frange très minoritaire de l’extrême droite», souligne la sociologue Tamar Hermann. Ce petit groupe, cependant très actif, a lancé la semaine dernière lors des commémorations selon le calendrier hébraïque de l’assassinat de Rabin une campagne nationale pour la libération de Yigal Amir.

«Diversion». Le Comité pour la démocratie a ainsi diffusé à 150 000 exemplaires une vidéo d’une quinzaine de minutes montrant la famille d’Amir, et appelant à libérer l’assassin au nom «des droits de l’homme» et de la «réconciliation nationale». Ses défenseurs mettent notamment en avant l’argument qui veut qu’un «meurtre soit un meurtre», et qu’il n’y a pas de raison que Yigal Amir ne bénéficie pas de remise de peine et soit soumis à un régime carcéral spécial. Cette campagne a provoqué les réactions indignées de nombreux militants pour la paix et les déclarations incendiaires de plusieurs hommes politiques, dont le chef de l’opposition Benyamin Nétanyahou. «Il s’agit d’un crime politique qui a brisé un tabou dans le pays. Si cela tenait à moi, je ne le libérerais jamais» , a affirmé l’ancien Premier ministre.

La mobilisation de certains membres de l’extrême droite en faveur de Yigal Amir et l’intérêt des médias durant la grossesse de Larissa Trimboler font partie de la même «stratégie de diversion» , estime Yoram Peri, professeur de communication à l’université de Tel-Aviv et ancien conseiller de Yitzhak Rabin. «Le même scénario se rejoue tous les ans à l’approche des commémorations de l’assassinat de Rabin. L’opinion conservatrice, souvent religieuse, dans tous les cas opposée au processus de paix avec les Palestiniens, tente de détourner l’attention du public israélien des vraies questions qui ont été posées par son assassinat : comment définir l’identité collective israélienne ? Comment faire la paix avec nos voisins ? Comment définir la démocratie israélienne ? » explique l’ancien conseiller de Rabin, qui ajoute : «Les années précédentes, ce sont les théories du complot [selon lesquelles le Shin Bet aurait orchestré l’assassinat d’Yitzhak Rabin, ndlr] qui sévissaient. Cette année, c’est la naissance de l’enfant de Yigal Amir et la campagne pour sa libération. Toutes ces diversions relèvent du même mécanisme : usurper une véritable commémoration de la mort de Yitzhak Rabin.»