Comment l’intelligence artificielle pourrait faire baisser le coût de la vie en Israël : l’espoir d’un changement structurel.
Peut-on vraiment faire baisser ses factures avec l’intelligence artificielle ? En Israël, la réponse est oui. Grâce à des outils numériques intelligents — comparateurs de prix, gestion automatisée des dépenses, optimisation des processus administratifs et urbanistiques — l’IA permettrait d’économiser entre 3,5 et 9,5 % sur les dépenses courantes d’un foyer. Cela signifie, très concrètement, des milliers de shekels de moins chaque mois pour les courses, le logement, les services bancaires ou les démarches administratives. Et ce n’est pas de la science-fiction : ces solutions existent déjà, mais leur déploiement reste entravé par des lourdeurs structurelles. Ce rapport inédit de Deloitte et Google Israël en dresse la feuille de route. Découvrez comment alléger le panier de la ménagère ! *
Un rapport conjoint de Deloitte et Google Israël révèle comment les technologies numériques, et plus particulièrement l’intelligence artificielle, pourraient alléger jusqu’à 9,5 % les dépenses des ménages israéliens. Une révolution possible dans un pays parmi les plus chers de l’OCDE.
En Israël, le coût de la vie est depuis plus d’une décennie un sujet brûlant, au cœur des préoccupations quotidiennes et des mobilisations citoyennes. Malgré une croissance économique soutenue et une image de start-up nation, le pays demeure l’un des plus chers du monde occidental. En 2022, il décroche même le triste record de nation la plus onéreuse de l’OCDE, devant la Suisse et la Norvège.
Un nouveau rapport de Deloitte Monitor, commandé par Google Israël, vient jeter une lumière saisissante sur les leviers technologiques susceptibles de changer la donne. Selon les experts, l’adoption intelligente de technologies numériques, notamment l’intelligence artificielle (IA), le cloud computing, et la gestion des données en temps réel, pourrait faire économiser des milliers de shekels par mois aux familles israéliennes.
Des freins structurels dans une nation pourtant innovante
Rotem Dolev, associé chez Deloitte Israël, rappelle d’emblée un paradoxe troublant : « Bien qu’Israël soit reconnu comme un pays innovant, de nombreuses technologies ne sont pas utilisées par le gouvernement, le secteur privé et les consommateurs. Cela engendre une faible productivité. » Le diagnostic est sans appel : une bureaucratie lourde, des procédures d’importation fastidieuses, une concentration de l’économie, des droits de douane élevés, et surtout un marché foncier dominé à 92 % par l’État, via l’Autorité des terres d’Israël.
À cela s’ajoutent des monopoles publics puissants dans des secteurs-clés comme l’eau, l’électricité, les transports ou les ports, et une croissance démographique rapide (2 % par an), nettement supérieure à la moyenne des pays développés (0,5 %). Sans oublier le poids sécuritaire : Israël consacre la part la plus importante de son PIB à la défense parmi les pays de l’OCDE.
L’intelligence artificielle, un outil transformateur
Selon le rapport, les technologies numériques pourraient influencer près de 80 % des facteurs qui déterminent le coût de la vie en Israël. Les gains seraient tangibles et rapides : réduction de 50 % des délais pour l’obtention d’un permis de construire, baisse de 70 % des frais bancaires avec les services numériques, économies de 2,5 à 6 % sur les prix de l’immobilier et hausse de la trésorerie mensuelle des ménages de 10 à 30 %.
Pour Barak Regev, PDG de Google Israël, la voie est claire : « Lorsque suffisamment de résidents et de travailleurs dans tous les secteurs de l’économie seront familiarisés avec l’IA, nous pourrons nous attendre à une amélioration significative de la productivité et à une réduction des coûts. »
Logement : le domaine le plus critique à réformer
À la question du secteur prioritaire, Rotem Dolev répond sans hésiter : « Le logement. » Il précise : « Les dépenses de logement constituent 34 % du panier moyen de consommation des ménages. Leur impact sur le niveau de vie est majeur. »
L’IA, combinée au cloud computing, permettrait selon lui de rationaliser la planification urbaine, anticiper l’offre et la demande, gérer les stocks fonciers, et améliorer la transparence des données. Il évoque également des plateformes numériques d’aide à la décision pour les responsables politiques et municipaux, capables de prédire les besoins et de guider la politique du logement avec précision.
Cloud, données, partage : une révolution dans l’administration
Le rapport insiste également sur la transition urgente des ministères et agences publiques vers des infrastructures cloud. Dolev rappelle que le cloud ne se limite pas à un espace de stockage : « C’est une infrastructure essentielle pour développer et exploiter l’IA, l’Internet des objets (IoT), et les services numériques intelligents. Il permet un accès distribué, sécurisé et en temps réel aux données, une capacité de calcul massive, et des analyses prédictives inédites. »
Cette transformation doit concerner les ministères du Logement, de l’Éducation, de la Santé, des Finances, des Transports, du Travail, de l’Intérieur, ainsi que les collectivités locales, les caisses de santé, les régulateurs et le secteur privé.
Quels obstacles à cette adoption technologique ?
Malgré ces perspectives prometteuses, plusieurs freins subsistent : industries traditionnelles peu réactives, immaturité de certaines technologies, lourdeurs réglementaires, absence de coordination entre les administrations et limites économiques d’un marché restreint comme Israël.
Mais là encore, les auteurs du rapport proposent des solutions : développer la culture numérique, sensibiliser à la consommation intelligente, démocratiser les outils de comparaison de prix et les plateformes de gestion domestique, partager les données entre les entités publiques pour améliorer l’efficacité et la transparence.
Même en temps de guerre ?
Alors que le pays traverse une période de crise prolongée, marquée par un déficit budgétaire croissant et un conflit ouvert depuis 21 mois, peut-on encore croire à ces promesses de transformation ?
Barak Regev répond sans détour : « Le coût de la vie est un problème structurel, qui ne dépend pas uniquement de la guerre. Et justement, en temps de crise, la rationalisation, l’efficacité et l’innovation ne sont pas des luxes mais des nécessités. »
Il ajoute : « Grâce à l’IA, on peut faire plus avec moins. Fournir de meilleurs services publics, plus rapidement, en réduisant les erreurs, sans augmenter ni les effectifs ni les budgets. »
Le prix de l’inaction
Au-delà de l’enthousiasme, le rapport lance un avertissement : ne pas investir dans l’innovation numérique creusera les écarts avec les pays développés, laissera les services publics s’enliser, et limitera les capacités d’Israël à relever les défis majeurs du XXIe siècle : coût de la vie, pression démographique, système de santé sous tension, défis éducatifs.
« À long terme, cela engendrera des pertes économiques, une défiance accrue envers les institutions, et des occasions manquées de croissance et de progrès social », conclut Regev.
L’IA comme bouée de sauvetage nationale ?
Dans un pays à la fois fortement technologique et structurellement déséquilibré, où l’innovation côtoie la pénurie, ce rapport apparaît comme un véritable plan d’action stratégique. Il ne s’agit pas seulement de moderniser l’administration, mais d’offrir aux citoyens israéliens une respiration, un horizon où le progrès technologique pourrait, enfin, se traduire en qualité de vie.
Comment l’intelligence artificielle peut faire économiser sur les courses du quotidien en Israël :
1. Comparateurs de prix intelligents :
Des applications alimentées par l’IA peuvent scanner en temps réel les prix de centaines de produits dans les grandes chaînes (Shufersal, Rami Levy, Victory, etc.) et recommander le panier le moins cher, magasin par magasin, voire produit par produit. Fini l’errance entre les rayons : l’appli vous guide vers l’offre optimale.
2. Prévisions de consommation personnalisées :
L’IA apprend vos habitudes de consommation, anticipe vos besoins, vous alerte sur les promotions ciblées au bon moment et évite ainsi les achats en double ou inutiles. Moins de gaspillage = plus d’économies.
3. Réductions dynamiques et coupons personnalisés :
Grâce à l’analyse des données d’achat, les enseignes peuvent proposer en direct des remises ajustées à votre profil. L’IA devient ainsi un outil de négociation silencieux à votre avantage.
4. Optimisation de la chaîne logistique :
En arrière-plan, l’IA aide les distributeurs à gérer les stocks, réduire les coûts de transport, limiter les ruptures de produits ou les pertes. Résultat : les prix baissent mécaniquement pour le consommateur final.
5. Groupes d’achat communautaires en ligne :
L’IA permet de créer ou de rejoindre des groupes d’achats solidaires, automatisés et géolocalisés, où l’achat en gros réduit les coûts à l’unité, avec une logistique optimisée.
En somme, grâce à la transparence, la personnalisation et la gestion automatisée des données, l’IA transforme la manière de consommer, réduisant les dépenses sans réduire la qualité de vie.