Réservistes israéliens : carrière en péril après des mois de service militaire

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Réservistes israéliens : carrière en péril après des mois de service militaire

Les réservistes confrontés à des choix de carrière difficiles

Depuis le début des mobilisations massives, de nombreux travailleurs israéliens, après plusieurs mois de service en réserve, font face à une réalité difficile dans leur carrière.
Privés de promotions, de projets et d'augmentations, ces réservistes se sentent souvent
« exclus » de leur milieu professionnel. Certains, comme Y., qui a servi 220 jours l'an dernier, se voit même contraint de démissionner. « Mon patron n'était pas satisfait que je ne sois pas disponible cinq jours par semaine, après une année de réserves prolongées », confie-t-il.

Y., qui occupe un poste en Customer Success dans une entreprise technologique, a vu ses responsabilités diminuer au fil du temps. « On m'a retiré des projets, confiné à de petites tâches », ajoute-t-il. Même après son retour, la difficulté à maintenir une présence constante a affecté sa carrière.

Des obstacles dans les entretiens d'embauche

Les anciens réservistes se heurtent également à des difficultés lors des recrutements. Y., qui est toujours en recherche d'emploi, explique qu'il dissimule son statut de réserviste actif lors des entretiens pour éviter d'effrayer les employeurs. « Je préfère taire le fait que je suis réserviste jusqu'à un stade avancé des entretiens », confie-t-il.

Un impact généralisé pour les réservistes et les employeurs

Le service militaire en réserve impose une pression constante sur les employeurs. Bien qu'ils attribuent l'importance du service militaire, beaucoup doivent privilégier les employés présents de façon stable. Les réservistes, eux, sont confrontés à une incertitude permanente, sans garantie de continuité dans leurs projets ni de visibilité sur leurs conditions de travail.

Assaf Alpert , expert en ressources humaines, explique : « Pour un employeur, c'est un choix difficile : préférer un employé toujours présent pour des projets sensibles ou supporter l'absentéisme de réservistes. Cette situation engendre des tensions entre l'engagement militaire et les impératifs professionnels. »

Une protection légale limitée

En théorie, la loi interdit de licencier un réserviste pendant un mois suivant son retour de service, sauf sous approbation du ministère de la Défense. En pratique, cependant, les employeurs contournent parfois cette réglementation. Y. raconte : « Bien que je n'aie pas été licencié, mon patron a fait comprendre que mon absence serait problématique. » En d'autres termes, la protection juridique couvre peu les réservistes face aux pertes de projets ou aux retards de promotion.

La législation s'est quelque peu renforcée durant la Septième Guerre en octobre dernier : les réservistes ayant servi plus de 60 jours entre octobre 2023 et la fin de 2024 bénéficient d'une protection contre le licenciement pendant 60 jours après leur service. Cependant, cette protection n'empêche ni la réduction de leurs tâches ni leur mise à l'écart des projets majeurs.

Témoignages de réservistes : entre sacrifices et frustrations

A., ingénieur logiciel pour Gampa, qui a passé plus de 200 jours en réserve cette année, décrit l'impact personnel du service militaire : « Mon poste exige de moi de piloter des projets d'envergure en lien avec des équipes à l' étranger. Lorsque je suis en réserve, il est difficile de maintenir la continuité. Cela limite mes possibilités de progression professionnelle. »

Pour certains réservistes, l'augmentation de salaire, attendue et méritée, reste hors de portée. N., ingénieur en mécanique, raconte : « Mon augmentation a été suspendue quand j'ai été mobilisé en octobre. Au final, j'ai travaillé toute l'année avec un salaire réduit. » Il a également été licencié peu de temps après son retour en mars, pour des raisons qui, selon lui, sont directement liées à son absence prolongée.

Des conséquences qui s'étendent bien au-delà de la carrière

Au-delà de l'aspect professionnel, l'incertitude affecte également le moral des réservistes. R., ancien directeur du développement, se souvient des difficultés rencontrées lors de sa recherche d'emploi après une longue période en réserve. « Il est très compliqué de planifier des entretiens lorsque l'on est déployé pour plusieurs semaines, surtout quand les recruteurs eux-mêmes sont mobilisés », dit-il.

Après avoir perdu son emploi, R. s'est tourné vers le conseil en ligne pour subvenir à ses besoins. Aujourd'hui, employé dans une société biomédicale, il continue à gérer les répercussions de sa situation : « Mon manager m'a demandé de ne pas m'absenter longtemps. Lors de mon dernier déploiement, j'ai refusé de prolonger mon service, au risque de perdre ma place. »

Une aide bienvenue pour les jeunes réservistes sur le marché de l'emploi

Pour les jeunes réservistes fraîchement diplômés, l'entrée dans le marché du travail est encore plus compliquée. L'entrepreneur Rotem Bezalel a mis en place « Duty to Desk », une initiative de recrutement dédiée aux réservistes en recherche de premier emploi. « Chaque jour, nous publions le profil d'un réserviste en uniforme, avec sa formation et ses compétences », explique Bezalel. Grâce à ce projet, plusieurs réservistes ont reçu des propositions d'emploi dans des entreprises telles que Facebook, Microsoft et Apple.

Toutefois, même les jeunes réservistes qui réussissent à un emploi se retrouvent face à une double pression : prouver leur compétence tout en gérant l'incertitude d'une mobilisation potentielle. Bezalel précise : « Ces jeunes savent combien le marché est compétitif et craignent de perdre leur place en cas de rappel. »

Le défi pour les années à venir

La situation ne semble pas prête de s'améliorer pour les réservistes. Le ministère de la Défense prévoit que le nombre de jours de service opérationnel en réserve dépassera les 100 jours par an pour de nombreux réservistes. Cela signifie que la pression reste intense pour ceux qui partagent leurs vies entre le service militaire et une carrière professionnelle.

 

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