"Le 18 août 2021, j'ai passé la nuit au Musée Anne Frank, dans l'Annexe. Anne Frank, que tout le monde connaît tellement qu'il n'en sait pas grand-chose. Comment l'appeler, son célèbre journal, que tous les écoliers ont lu et dont aucun adulte ne se souvient vraiment? Est-ce un témoignage, un testament, une œuvre?
Celle d'une jeune fille, qui n'aura pour tout voyage qu'un escalier à monter et à descendre, moins d'une quarantaine de mètres carrés à arpenter, sept cent soixante jours durant. La nuit, je l'imaginais semblable à un recueillement, à un silence. J'imaginais la nuit propice à accueillir l'absence d'Anne Frank. Mais je me suis trompée. La nuit s'est habitée, éclairée de reflets; au cœur de l'Annexe, une urgence se tenait tapie encore, à retrouver."
L'autrice, osera-t-elle entrer dans sa chambre ? Elle sent l'absence pesante, lourde, prête à bondir.
Cette absence elle l'a craint. Elle voudrait l'éviter, elle retarde cet ultime moment.
Aura-t-elle, cette fois, le courage, ce courage qui lui a tant manqué pour écouter sa propre histoire, l'histoire de sa famille;
Ce qui ne se dit pas se sait, se transmet, dans le silence des non-dits. Elle savait mais elle a choisit l'évitement, c'était sa façon à elle de sur-vivre à "ces arbres généalogiques arrachés."
Elle enviait la légèreté de la vie de ses camarades de classe. Elle aurait tout donné pour avoir une vie "normale". Une vie déchargée de ce fardeau. Elle choisira de guérir le mal par le mal.
"La mémoire ne vaut rien si on la sollicite, il faut attendre qu'elle nous assaille" écrit Louise Bourgeois.
Elle ira dans l'Annexe. Mais en réalité nous entrons avec elle dans l'Annexe. Ce n'est pas une invitation, mais un devoir. Il n'y a plus de passé, ni de présent, les deux temps se conjuguent ensemble, nous tiennent par la main et nous entraînent dans un non-temps pour nous délivrer la douleur.
C'est un voyage terrifiant. On entend Margot et Anne Frank, les deux soeurs, se parler on découvre leurs secrets, leurs rêves, partageons leur intimité, elles qui en avait si peu.
On découvre la révolte d'Anne Frank, des mots d'une lucidité étonnante pour son âge, ces mots qui ne sont pas passés à la postérité comme "Je crois en la bonté inné des hommes", ceux là ont fait le tour du monde.
On tait ce qui dérange, et on arrange la vérité afin qu'elle soit acceptable, que vous soyez bourreaux ou victimes.
Anne Frank voulait être lue et reconnue pour son talent d'écriture.
Elle été exaucée, au delà de ce qu'elle pouvait imaginer.
Si elle était revenue des camps, son Journal aurait-il connu le même succès ?
Elle est morte dans les camps et elle est devenue immortelle.
On découvre le soutien infaillible de leurs protecteurs, des employés de leur père, Otto. Un père exceptionnel qui ne sait pas contenté de sauver sa propre famille mais également des amis. Ils seront 8 à vivre dans 40 mètres carrés pendant plus de 2 ans.
Il sera le seul survivant, il reviendra dans l'Annexe et récoltera précieusement tout ce qui a fait leur vie durant ces longs mois; Il découpera un morceau de papier peint où était indiqué au crayon les centimètres gagnés de ses deux filles au fil des mois. Il a encore l'espoir qu'elles reviennent de l'enfer.
Mais, ce voyage, l'autrice, le fait aussi pour une autre victime d'un autre crime contre l'humanité, lui aussi avait 15 ans. L'horreur comme la violence sont humaines. Elles ne s'arrêtent pas avec les mots pieux "Plus jamais ça", elles perdurent, elles assassinent encore, même après la 3ème génération.
Ce livre je l'ai lu d'une traite. On n'interrompt pas une prière.
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Quand tu écouteras cette chanson de Lola Lafon
Ma nuit au Musée Edition Stock
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