Chronique "Pluralités de femmes singulières" Alexandra & Catherine DUHAMEL
Amazones de l'art en ligne Elles ciblent les oeuvres que vous attendez et vous invitent à aimer celles que vous ignorer désirer
Habituellement j'esquisse dans ma chronique le portrait d'une femme.Aujourd'hui, exceptionnellement ce sont deux femmes que j'ai interviewé. Exception d'un duo mère- fille fusionnel qui partage professionnellement une passion commune : aller à la rencontre des artistes. Affinités électives, dualité intergénérationnelle de deux personnalités qui ont innové dès 2012, la visibilité de l'art sur la toile.
Ouverture grand angle sur "L'art à vos mesures"
Alexandre Blondin - Catherine, le duo que vous composez avec votre fille Alexandra, devient dès lors un triptyque, si l'on y associe le troisième élément qu'est celui d'avoir été précurseur de présenter l'art en ligne.Comment est né cette initiative et qu'elle est l'origine de votre appellation ?
Catherine Duhamel - Après un parcours professionnel composé de différentes fonctions et de passions dans le domaine des arts, j'ai ressenti le besoin de présenter et de diffuser l'art sous toutes ses formes et au plus grand nombre. Mettre en relation les époques, les styles et faciliter la recherche d'une oeuvre, d'un artiste, d'un mouvement, aussi bien pour les amateurs que pour les collectionneurs. Exposer des oeuvres sur la toile, me semblait une évidence malgré le fait qu'en 2012, nous étions alors à contre-courant car ce n'était pas encore dans l'air du temps.
Le nom d'origine turco-tatare"les atamans"au masculin, vient de l'appellation des chefs des tribus Cosaques qui étaient choisis pour représenter avec fierté les valeurs et la liberté de leur peuple, Dès le 18ème siècle, ils ont été les premiers à constituer une véritable démocratie. De ce fait, la galerie "Les Atamanes" se positionne dans cette conduite de choix et de liberté."
AB- Alexandra, on dit que l'art procure du bonheur. Votre objectif est-il celui d'offrir une certaine idée du bonheur à la portée de tous ?
Alexandra Duhamel Ah oui, très clairement, avec internet c'est une vision très large de faire découvrir l'art au plus grand nombre. Notre volonté première est d'apporter une fusion qui soit trans-générationnelle, transporter le visiteur dans ses émotions, ses découvertes, ses envies, mais aussi l'aider à percevoir des oeuvres auxquelles a priori, il n'aurait peut-être pas pensé. C'est aussi cela notre vocation, guider le visiteur dans le juste choix de ses passions.
Cibler ce que le visiteur attend mais aussi lui permettre de découvrir ce qu'il n'attendait peut-être pas,
AB- Catherine, s'il est évident que l'environnement d'un artiste, conditionne son travail de création, il doit aussi accepter que celui du public influence son regard. Est-ce aussi cet attrait artistique que vous souhaitez exposer en ligne ?
CD- Effectivement, un artiste est influencé par ce qui l'entoure, par ce qu'il voit, par son époque bien entendu, il crée son oeuvre en accompagnement, en réaction, en opposition avec le courant artistique du moment et évidemment avec le regard que pose le public sur ses réalisations.
Grâce aux multiples possibilités technologiques qu'offre la créativité digitale et par l'aspect visuel d'internet, on peut plus facilement mettre en scène l'univers artistique de l'artiste, créer des associations, des perspectives, scénographié la visite virtuelle de son oeuvre et par là-même la rendre plus visible, plus vivante et plus accessible.
Rendre le regard du visiteur perceptible à ce que nous proposons par multiples voies de correspondances, c'est ouvrir le regard l'internaute qui devient alors un regardeur.
AB - Alexandra, on dit que chaque oeuvre d'art à une histoire ?
AD - L'oeuvre a une histoire qui commence pendant son processus de création et selon l'époque pendant laquelle elle a été créé au gré de l'influence d'événements historiques qui ont eu lieu. Elle prend une deuxième dimension après sa création, parce qu'une oeuvre voyage, elle peut être mise en perspective dans une exposition, acquise par une galerie, un collectionneur, puis passer par un autre collectionneur et vivre ainsi plusieurs histoires, plusieurs parcours.Cette transmission de l'oeuvre par plusieurs mains, lui apporte une deuxième vie en quelque sorte.
AB - Catherine, exposer et vendre une oeuvre d'art c'est accepter l'idée qu'elle ne vous
appartient plus et que chacun est libre d'y trouver sa quête et un message particulier.
Avez-vous déjà ressenti cette déchirure de la séparation d'une oeuvre que vous affectionnez ou admirez particulièrement ?
CD - Vous savez, toutes les oeuvres qui sont proposées par "Les Atamanes", nous les aimons.
Donc bien sûr, les voir partir c'est toujours un petit pincement au coeur mais la galerie "Les
Atamanes"est avant tout un lieu de transmission, un lieu de passage qui fait circuler l'art.
Elle a pour vocation d'offrir à l'oeuvre de trouver sa place dans un nouveau foyer. Nous sommes ravis lorsque certains acheteurs, nous font parvenir une photographie de leur acquisition qui a trouvé sa place dans son nouvel environnement.
AB - Catherine, l'esprit, la matière, les formes, les couleurs et le temps, dénominateurs
communs des oeuvres d'art. On retrouve ces éléments dans votre vitrine de présentation en ligne. Vous y ajoutez la maîtrise des mots par une description précise et détaillée des artistes et de leurs oeuvres. Vous apportez parallèlement le regard de l'expert et l'ouverture à l'art populaire. Une volonté ou un acte spontané ?
CD - Au début, c'était un acte spontané, lorsque l'on voit une oeuvre, elle vous séduit, elle vous appelle, elle vous transporte et vous transmets un message. Notre mission est de redonner vie à des oeuvres d'artistes très talentueux, parfois oubliés pour des raisons de réserves, de guerre ou de décisions personnelles. C'est passionnant d'aller à la rencontre de personnes qui ont connu et croisé le chemin des artistes. Leurs souvenirs, leurs anecdotes associées à un travail de recherches et d'archivage, nous aident à refaire le chemin, trouver les mots justes qui vont traduire la perception et l'univers de chaque artiste et de son oeuvre.
Décrire une oeuvre c'est aussi quelque part la réanimer, lui offrir une nouvelle vie
AB - Alexandra, comment s'effectue le choix des oeuvres que vous représentez ?
Privilégiez-vous la créativité, l'originalité, l'exception, ou la notoriété de l'artiste ?
Offrez-vous une possibilité d'ouverture à de nouveaux talents ?
AD - Le choix des oeuvres s'effectue principalement sur le second marché, nous n'acquérons pas d'oeuvres directement auprès des artistes mais plutôt auprès de galeries et la correspondance dans le domaine des arts décoratifs. Ce qui est primordial pour nous, c'est l'originalité de la pièce, des matières, de son processus de création mais aussi de sa côte sur le marché Ma mère Catherine est une experte au regard affuté qui au premier regard détecte ce que l'on appelle dans le métier " la perle rare".
AB- Catherine, Mick Micheyl, une artiste de votre sélection, que j'ai eue le plaisir d'avoir
comme amie disait que la cote d'un peintre n'est pas un hasard ou une décision fantaisiste et personnelle. La valeur est déterminée par l'offre et la demande et les galeries. C'est comme pour la mode, il y a le prêt-à-porter et la haute couture, tout est histoire de griffe ! Que vous évoque cette pensée sur la valeur de l'art ?
CD - C'est une pensée très juste et une vision très artistique que je ne peux que plébisciter. Mick
Micheyl, était une artiste incroyable, qui a inventé une nouvelle technique dont elle a d'ailleurs
déposé le brevet, la gravure sur acier inoxydable.Elle fut la première femme à graver le métal.
AB - Alexandra, en 2012 créé une galerie d'art en ligne, était un véritable défi, une aventure novatrice et atypique dans un domaine jusque-là strict et codifié. Vous étiez précurseur de cette nouvelle présentation de l'art en ligne ?
AD - En 2012, lorsque l'on a commencé, on sentait une certaine ébullition autour des nouvelles
technologies mises à disposition de l'art, mais le tournant n'avait pas encore été pris. Face à la
réaction de nombreuses personnes qui pensent qu'une oeuvre doit se voir de visu, se toucher a été pour nous un véritable défi. On s'est préalablement posé la question, quels étaient les moyens pour faire passer l'émotion à travers les images et le choix des mots.
Pouvoir utiliser de nouvelles opportunités d'échanges et de visibilité en y associant des fiches
descriptives précises des oeuvres et des artistes nous semblait être en phase avec notre volonté d'ouvrir une vaste vitrine artistique sur le monde. Aujourd'hui nous y ajoutons de la poésie et du mouvement avec la présentation des oeuvres en vidéo.
AB - Catherine, mère et fille unies dans une même passion. Comment vit-on cette cohabitation professionnelle ?
CD - Pour être tout à fait honnête personnellement je trouve cela excitant. C'est en même temps un vrai bonheur et un véritable défi. Entre l'amour invincible d'une mère et les décisions arbitraires qui peuvent se présenter dans notre activité commune, la cohabitation ne manque parfois pas de piment, de discussions et de divergences de vue. Nous avons deux personnalités différentes mais très complémentaires et sommes fusionnelles sur de nombreux sujets ce qui facilite notre entente au quotidien.
AB- Alexandra, êtes-vous adeptes de créatifs dont les oeuvres singulières, ne ressemblent à aucune autre. Faut-il se méfier de l'étrangeté et de la folie créative ?
AD - Il y a toujours cette image de l'artiste maudit,pour lequel la création est le seul moyen de créer, de communiquer, ou d'exister,"Les Atamanes" se dirigent plus souvent sur des collaborations d'artistes qui ont des oeuvres cohérentes, qui ont un certain recul. Mais nous ne sommes pas fermés à l'ouverture sur des matières innovantes, des nouveaux procédés d'expression.
AB - Catherine, vous êtes Chevalier des Arts et Lettres, une distinction qui vous honore.
Comment avez-vous vécu cette récompense, cette reconnaissance émérite ?
CD- C'était en 1988, je l'ai reçue des mains de François Léotard, alors Ministre de la Culture. J'étais très émue et aussi très impressionnée parce que ça correspondait à une période où j'avais une passion débordante de l'art et que cette marque de reconnaissance sur mon parcours m'ouvrait de nouveaux horizons et me permettait d'envisager une continuité plus affirmée dans mes projets.
"L'art : c'est l'inutile indispensable
Sans lui, ce regard détaché du temps, la vie serait sans échanges, sans émotions,
sans communication..." citation de l'artiste Mick Micheyl.
Quand le virtuel offre au réel la plénitude d'un instant dans lequel chacun peut se sentir très proche de l'essentiel :VENEZ PARTAGER NOTRE SECRET !
C'est le message illustré que vous propose la galerie en ligne "Les Atamanes"
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