Mais qui était Sholem Schwarzbard, né le à Izmaïl (Bessarabie1) et mort le 3 mars 1938 en Afrique du Sud, est un militant révolutionnaire libertaire, à l'origine sujet russe,naturalisé français en 1925, particulièrement connu pour avoir assassiné le leader nationaliste ukrainien Simon Petlioura à Paris en 1926, à cause des pogroms dont il le jugeait responsable.
Écrivain, il a aussi laissé une œuvre poétique en yiddish, composée après son acquittement en 1927.
Le 25 mai 1926, en plein Paris, à l’angle du boulevard Saint-Michel et de la rue Racine à Paris,Samuel Schwartzbard, Juif russe anarchiste, abat de sept balles de revolver le dirigeant nationaliste ukrainien, Simon Petlioura, ancien président du Directoire ukrainien du 14 décembre 1918 au 5 février 1919, qu’il estime responsable des terribles massacres perpétrés contre ses coreligionnaires – des massacres qu’il perçoit avec lucidité comme l’annonce de la catastrophe à venir.
Responsable du massacre de milliers de Juifs lors de pogromes organisés par l’armée indépendantiste ukrainienne .
Une fois son geste vengeur accompli, l’homme se laisse arrêter sans résistance : il a tué avec préméditation et assume son acte en toute conscience.
Dès le mois de mai 1926, L’Univers israélite et le Parizer Haynt font état de l’émotion soulevée par l’assassinat de Petlioura dans le monde juif et de la décision quasi unanime d’apporter toute l’aide nécessaire à Schwartzbard, que le journal français refuse cependant de considérer comme un héros
P.H., éditorial, 27 mai 1926 ; U.I., « Nos Échos. Une victime…. Ces titres se font l’écho de l’appel lancé par le Dr Samuel Buchler, président de la Fédération des Juifs hongrois en Amérique, qui affirme très tôt que l’acquittement de Schwartzbard couvrira de gloire tout le monde juif U.I., « Extrait du Jewish Daily Forward » 2 juillet 1926,….
Défendu par Henry Torrès, célèbre avocat qui transformera l’affaire en « procès des pogromes », Schwartzbard sera acquitté.
Revenant sur ce singulier verdict où la victime devient l’accusé, Rémy Bijaoui rouvre le dossier. Instruisant à charge et à décharge, avec la minutie du juriste et la rigueur de l’historien, il reconsidère les années tragiques 1917-1919 en Ukraine, et porte un regard impartial sur ce procès qui fit grand bruit à l’époque.
En 1928, les nombreuses personnalités, tels Blum, Einstein ou Gorki, qui avaient apporté leur soutien à Schwartzbard, fonderont la L.I.C.A., « Ligue pour lutter contre l’antisémitisme », qui deviendra, en 1979, la L.I.C.R.A., "Ligue internationale pour lutter contre le racisme et l’antisémitisme"
Si la plupart de ces rapports complexes ont été analysés et sont toujours l’objet de polémiques (à propos notamment de la question de l’antisémitisme de Petlioura), les histoires des Juifs en France n’y consacrent au mieux que quelques lignes, sans évoquer les réactions des contemporains directement concernés, Juifs français et Juifs immigrés, ces derniers originaires majoritairement de Pologne, de Russie et de Roumanie .
Notre analyse des articles publiés par les organes de la presse juive en français et en yiddish se donne donc pour objectif de dépeindre l’opinion publique des collectivités juives, française et immigrée, au moment du meurtre de Petlioura, puis au cours du procès (19-28 octobre 1927). Quel regard les Juifs français et les Juifs immigrés – plus particulièrement ceux de l’ancien Empire russe –, portent-ils les uns sur les autres à l’occasion de ce fait divers .
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