Salonique ou Thessalonique est une ville de Grèce en Macédoine au fond du golfe Thermaïque au débouché de la vallée de l’Axios. En Grèce du Nord, elle est la métropole économique et culturelle . La présence des Juifs à Thessalonique remonte à l’Antiquité.
Une communauté massacrée par les nazis. Avant la Seconde Guerre mondiale, la population de confession juive de Salonique était estimée à 53 000 personnes .
De 1942 à 1945, environ 50 000 membres de cette communauté vont être massacrés par l’occupant nazi.
Aujourd'hui, la communauté juive de Grèce ne compte plus que quelques 6000 personnes.
Comparée aux autres communautés juives, l’histoire des Juifs à Salonique est particulière. En effet, les Juifs sont à la base une minorité plus ou moins marginale, alors qu'au cours de l’histoire salonicienne, on remarque qu'ils ont été souvent majoritaires dans les différentes couches de cette société cosmopolite où les habitants étaient d’ethnies et de religions diverses.
On remarque donc, que comme dans plusieurs ports de la méditerranée orientale, on trouve, à partir des temps modernes, outre les Juifs, des Arméniens, des Tsiganes, des Slaves, des Grecs et des Turcs.
L’installation des Juifs à Salonique arrive en plusieurs étapes : après l’exode de 1492. Ensuite , les expulsés de la province espagnole de Sicile en 1493. Puis du Portugal, de Provence en 1501 et enfin des exilés de toutes les régions d’Italie et de la Côte Barbaresque.
Plus particulièrement, le Portugal, envoie des contingents successifs de familles et de petits groupes. À partir de 1506, les Cryto-juifs de ce pays arrivent dans un flot continu après un «pogrome» à Lisbonne.
Cette même année sera le point de départ d’un grand exode qui s'accentuera à partir de 1536, avec la mise en place d’un tribunal du Saint-Office. Cette évacuation clandestine continue de façon irrégulière durant plusieurs générations jusqu’à la fin du XVIIIe siècle.
Après avoir atteint la Turquie, ces Crypto-juifs reviennent ouvertement à la foi de leurs pères et échangent leurs noms espagnols pour leurs équivalents en hébreu.
Entre 1536 et le début du XVIIe siècle, ces immigrants créent une grande richesse que l'on qualifie de premier âge d’or de Salonique. Ce premier âge d’or de Salonique se repose sur deux grands développements : l’un culturel et l’autre économique.
L’âge d’or sur le plan économique prend fin avec le développement des communautés d’Amsterdam puis de Livourne au-delà du XVIe siècle qui enraye le courant migratoire jusque là vers la Turquie et Salonique.
Le second aspect de ce premier âge d’or montre l’intense vie culturelle de Salonique qui rivalise, dans ce domaine, avec Istanbul et Safed.
Les Juifs saloniciens accordent la prépondérance à leurs élites rabbiniques sur les rabbins éminents de l’époque d’où la comparaison de Salonique par Samuel Ben Moïse de Médina Maharachdam, 1506-1589 par rapport aux communautés de Terre Sainte.
En effet, Salonique a attiré les plus grands esprits du Judaïsme péninsulaire qui y ont développé les écoles religieuses, soutenues par des donateurs très actifs.
Le Talmud Torah de Salonique est fondé en 1520 et va exister jusqu’en 1943. En plus des études juives, l’enseignement en hébreu comprenait les humanités latine et arabe, la médecine, l’astronomie et les sciences naturelles. Tous les enfants fréquentent le Talmud Torah, ce qui permet à la communauté salonicienne de ne pas avoir d’analphabète.
Le rabbin joue un rôle essentiel dans la vie de la communauté, car il en est l’âme. Il doit avoir une large et minutieuse connaissance de la Bible et de la Loi Talmudique, comme de la fermeté, de la prévoyance et du bon sens.
Les responsabilités du dirigeant spirituel sont de tradition connue : il doit enseigner, prêcher, légiférer, juger, et arbitrer quand des disputes s’élèvent parmi ses fidèles ; il doit proclamer et confirmer les droits de préemption et de priorité ; il ouvre des débats, il traite les litiges commerciaux, il préserve et il protège les intérêts investis au regard des privilèges confirmés par les droits de préemption ; il doit guider, conseiller et consoler ; il doit administrer les finances de la communauté et il doit remplir les fonctions de gardien et de notaire.
Le grand chef spirituel de Salonique sont à cette époque : le rabbin Joseph Taitaçac Taitazak qui quitte l’Espagne en 1492 pour s’installer à Salonique où il est rapidement reconnu comme le plus grand talmudiste de son temps, à noter que , Joseph Karo, l'une des plus importantes autorités rabbiniques du judaïsme le considère comme une grande autorité. Ses meilleurs élèves sont Isaac ben Samuel Adarbi 1510 - 1584 et Samuel ben Moïse de Médina 1506-1589.
Aujourd'hui, une nouvelle application mobile "Salonica Jewish Legacy" vise à promouvoir l'héritage de ces juifs et visiter virtuellement l'histoire des juifs de Salonique. En plus d'aider les utilisateurs à des visites à pied autoguidées , l'application mobile a été mise à disposition, afin que les utilisateurs puissent en apprendre d'avantage sur les monuments culturels «cachés» et existants.
Une application disponible grâce à la collaboration d'une part des Ambassades du Canada, l'Allemagne et d'Israël. Et d'autres part, la communauté juive de Thessalonique ,du musée juif et du Centre Stavros Niarchos Foundation.
N'oublions les juifs Grecs de Salonique qui ont été déportés à Auschwitz et à ses disparus.Une pensée toute particulière à Georges ZADOK, déporté et exterminé à Auschwitz, Pologne, le 12 mars 1942.
Nathalie ZADOK
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