Depuis bien des thèses ont été faites. Les chercheurs, les aides sociales, les hommes politiques et même le public ont porté un plus grand intérêt envers eux afin d’y remédier.
Ces études sont relatées par l’auteure Iris Wexler Bouzaglo, docteure en psychologie clinique et psychopathologie, elle travaille dans une équipe du Service Psychologique de l’Éducation (SPE) de l’hôpital de Haïfa et tente d’expliquer, de faire comprendre ce phénomène.
Un phénomène encore plus présent durant le Coronavirus
Pendant, la lutte acharnée contre l’épidémie, certain problèmes sociaux tel que la pauvreté se sont réactivé avec plus de virulence. Ce sont les personnes vulnérables qui sont les plus touchées par l’épidémie.
Certaines études ont montré que le nombre de sans-abri aidés par les services sociaux est inférieur à 10% du nombre de sans-abri recensé dans le pays.
En effet, ces nombres ne tiennent pas compte des adolescents, par exemple, car ils ne font pas partis des critères les définissant. Seules les personnes âgées de plus de 18 ans vivant dans la rue et coupées de leur famille avec un état physique détérioré ou un mental instable souvent liés à la drogue, à une maladie ou bien liés à des violences, font parti des critères de sélection.
Quels sont les mesures proposées par le ministère ?
En Israël, faute de places, pour pouvoir confiner certains sans abri, il avait été question de les placer dans des asiles. On peut noter de plus, que les fonds annuels du ministère des services sociaux sont de 14,5 millions de shekels (4.3 millions d’euros), ne sont pas utilisés pour leur offrir un toit mais pour leur apprendre à se réadapter avec leur pays et leur devoir de citoyen. Ils réapprennent leurs droits et sont initiés à des programmes de réadaptation.
Bien- sûr sans disposer de foyer adéquat durant cette période.
Qu’est ce qu’il en est pour ces adolescents ?
Le rapport de Elam indique une forte augmentation des tentatives de suicide, des troubles alimentaires et de la solitude par les jeunes à risque pendant la Covid-19.
Elam a recueillis des informations auprès de 4800 jeunes, âgés de 12 à 26 ans, montrant que 251 jeunes ont été pris en charge par l’association entre les mois de mars et mai.
On note une hausse de 47% en comparaison à l’année dernière concernant les sans-abris.
Ainsi qu’une augmentation de 50% concernant les troubles alimentaires.
Ils ont noté une augmentation considérable de dépression et de crises mentales durant cette période de crise sanitaire. Ce qui est 4 fois supérieure qu’en 2019.
Aussi, 15% ont consommé de la drogue, 5% se sont suicidés, 13% des jeunes étaient affamés, 7% ont signalé des violences physiques et verbales à leur domicile (en hausse de 70% par rapport à l'année dernière) et 4% ont subi des violences sexuelles (presque deux fois plus qu'en 2019).
Le président Ruben Rivlin a reçu un rapport d'Elam, déclarant : "La crise de Corona a touché tous les citoyens du monde, mais les faibles de la société sont devenus beaucoup plus faibles. Pour les filles et les garçons qui sont en détresse, le risque de fermer les institutions sociales et éducatives, cela signifie augmenter leurs situations à risque, parfois au péril de leur vie. Les directives pour la fermeture de ces foyers même durant un temps court peuvent se révéler dangereuse pour ceux pour qui la maison n'est malheureusement pas un espace sûr. "
Nava Barak, président d'Elam explique redoubler d’efforts en s'ajustant la nouvelle situation, que ce soit dans les rues, dans les centres d’urgences ou bien sur les réseaux sociaux.
Une de ces adolescentes, Lior, 21 ans explique qu’elle ne souhaite qu’une chose, avoir le Corona. Abusée sexuellement il y a un an, elle s'est convaincue face au sort qu’inflige la corona que sa place serait meilleure que celle actuellement. Elle souhaite être placée dans centre pour jeune femme et non plus chez elle.
Un autre jeune de 16 ans venant de Beit Shemesh évoque qu’il était « épuisé, affamé et gelé ». les jours des fermetures des centres l’ont profondément marqué. Il vient d’une famille ultra-orthodoxe de dix enfants. Dès son plus jeune âge, il ne se sentait pas lié au caractère religieux dans lequel il a été éduqué. Après plusieurs disputes il est parti.
« Des combats, des cris. Ils m'ont confisqué mon téléphone portable, ils avaient honte de moi. Je ne pouvais pas rester à la maison dans cette situation. Je vis seul dans la rue, je les reconnaît lorsqu'ils passent avec leur voiture, ils me reconnaissent aussi, mais ne font aucun geste vis à vis de moi"
Elam qu’est-ce que c’est ?
Elam est la principale organisation à but non lucratif d’Israël. Elle a été fondée en 1982 et répertorie 280 professionnels ainsi que plus de 1 700 bénévoles. Le travail de ses bénévoles est de chercher sur le terrain, dans les rues, dans les écoles, sur internet ou autre les sans abris ou jeunes en graves difficultés. Ces jeunes sont confrontés à de terribles défis tel que l’itinérance et la prostitution.
Cette association travaille avec des juifs laïques et religieux. Des arabes chrétiens et musulmans y compris des bédouins, des immigrants de l’anciennes URSS et d’Ethiopie et la communauté LGBT.
L’organisation compte 78 programmes dans 43 villes offrant conseils, mentorat, formation professionnelle et un lieu sûr pour que eux-mêmes puissent s’intégrer et devenir des membres actifs de la société israélienne.
Par Marine Nicolau
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