Pourquoi Netanyahu craint-il le conseiller juridique du gouvernement ?
L'attaque menée lors de la réunion du cabinet aujourd'hui et la fuite immédiate de ses informations visent à intimider et dissuader le conseiller juridique du gouvernement, Miara.
Au cœur de cette pression : la crainte de Netanyahu de finir en prison, son désir de retarder son procès, et l'influence croissante du sionisme religieux qui lui complique la tâche, tout en soutenant la position de Miara.
Depuis la reprise de la session d'hiver de la Knesset, un blitz législatif s'est installé, avec des projets de loi, parfois absurdes, passant de la Commission ministérielle de législation jusqu'à la Knesset.
Cette avalanche législative va à l'encontre des avis juridiques du conseiller juridique, défiant son autorité de manière éclatante.
La coalition actuelle ne se contente pas d'ignorer les avertissements juridiques, elle les brave ouvertement. Lorsqu'un avis s'oppose à un projet, la parade trouvée est d'introduire ces propositions en tant que lois privées, évitant ainsi le veto juridique du conseiller.
Influence de Netanyahu sur les nominations et le fonctionnement des institutions
Le contrôle de Netanyahu s'étend également aux nominations de hauts fonctionnaires. Concernant la sélection du prochain commissaire à la fonction publique, un compromis semble possible avec la création d'un comité de recherche.
Cependant, le Premier ministre insiste pour garder un contrôle certain sur la composition de ce comité, influençant ainsi le choix du futur commissaire.
Netanyahu souhaite également revoir le recrutement des conseillers juridiques ministériels : il s'agit ici de basculer d'une sélection basée sur le professionnalisme vers une loyauté envers les ministres en place.
Cette orientation menace de laisser Miara isolée, privée d'alliés juridiques fidèles à une ligne purement professionnelle.
Vers une emprise accrue sur la Cour suprême
Le gouvernement n’a pour l’instant fixé aucune date pour l’élection du prochain président de la Cour suprême. Le pouvoir du président actuel, Yitzhak Amit, à diriger la Cour est ainsi remis en question.
De plus, parmi les trois juges à élire pour combler les sièges vacants, deux sont choisis par le ministre de la Justice Yariv Levin, ce qui garantit leur profil ultra-conservateur. En somme, Netanyahu et ses alliés redéfinissent le rôle de la justice, marquant une rupture historique.
Un gouvernement au-dessus des lois ?
Le message de la coalition, incarné par Netanyahu, est frappant : « Les avis juridiques peuvent être émis, mais la loi ne s'applique plus à nous ». Il existe désormais une loi qui sert exclusivement les intérêts de Netanyahu, Ben Gabir, Smotrich et Goldknopf.
Un tel changement de régime est inédit en Israël.
L’ombre de la prison et le procès en toile de fond
Netanyahu craint que son procès, qui doit reprendre le 2 décembre, ne l'empêche de se consacrer pleinement à la gestion du pays. L'hypothèse selon laquelle il chercherait à en retarder la reprise est renforcée par les exigences de la guerre.
Bien qu’il ait promis de pouvoir gouverner malgré ses affaires judiciaires, les faits montrent aujourd’hui qu’il ne peut gérer les deux fronts.
Ce report serait une stratégie pour éviter la barre des accusés, mais Miara semble réticente à le cautionner. Cependant, en raison de la guerre, la cour pourrait accepter un report, en contradiction avec la volonté du conseiller juridique.
Miara, un obstacle dans les enjeux politiques
Miara reste également un obstacle dans le débat sur la conscription, sujet brûlant en Israël.
Sa bataille contre la loi sur la conscription inégale laisse Netanyahu vulnérable face à ses partenaires ultra-orthodoxes, prêts à menacer la coalition si cette loi n’est pas maintenue.
Les électeurs du sionisme religieux, qui défendent l'État en payant un lourd tribut, sont de plus en plus mécontents. Leur soutien financier est conditionné, mais cette faction reste indécise. En attaquant Miara, Netanyahu tente de trouver un bouc émissaire à la pression croissante de ses alliés, mais il reste incertain quant à l’issue de cette lutte complexe.
En résumé, la crainte de Netanyahu face au conseiller juridique découle de son besoin de préserver son pouvoir et de garantir un contrôle accru sur les institutions. Le jeu d’influences et de stratégies législatives, tout comme ses démêlés judiciaires, le poussent à tenter de neutraliser l’autorité de Miara, seul rempart juridique en Israël face à ce mouvement de restructuration du pouvoir.
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