Alors que la France pays de la liberté et des libertés individuelles n'a toujours pas légalisé la G.P.A. - Gestation Pour Autrui, l'absence de légalisation en France, oblige des parents à s'exporter hors de nos frontières, au détriment de la sécurité sanitaire de la mère et du droit de l'enfant à naître.
Ainsi chaque année nous sommes confrontés aux mêmes débats aboutissant à cette même frilosité, où l'on cherche des excuses plutôt que de trouver une solution.
Nous nous confrontons à une problématique identique à celle d'il y a quelques décennies au droit à l'IVG,- Interruption Volontaire de Grossesse-. débat plus houleux, le contexte social n'étant pas encore prêt à l'idée que les femmes aient le droit de disposer de leur corps…
Il aura fallu le courage et l'obstination d'une femme, ministre de la Santé à l'époque, Simone Veil, pour faire cesser cette indivision entre les pour et les autres, ne donnant pas le droit aux femmes de pratiquer une interruption de grossesse en France et ainsi les obligeant, pour celles qui avait les moyens à franchir nos frontières, pour les autres à s'en remettre "aux bons soins" de faiseuses d'anges...
Oserions nous dire aujourd'hui avec ce nouveau débat : retour à la case départ ?
Si la France est toujours en retard sur tout , il faut bien le dire, ce n'est pas toujours par un sens aigüe des responsabilités, frôlant parfois l'excès de zèle, cherchant à protéger on ne sait qui ou on ne sait quoi, mais plutôt à une incapacité à trancher.
Les exemples de ce type abondent dans notre douce France. Il faudra, sans doute, à nouveau le courage d'une femme capable d'affronter le pire pour donner le meilleur. Je ne pense pas que cette décision puisse prendre autant de proportions que celles prises pour l'IVG.
L'IVG a permis aux femmes, enfin, de disposer de leur corps, en clair de décider ce qui était bien pour elle, et ce droit est inaliénable depuis ce vote, normalement…. Du moins en ce qui concerne celui de supprimer un potentiel de vie quant au droit de donner une chance à une vie ...on revient aux mêmes débats. Retour à la case départ donc. La France est un pays de paradoxe …ou de non sens.
Ainsi il est plus simple de débattre, année après année, de donner l'espoir à ces couples, en mal d'enfants, plutôt que de faire naître LA solution qui consiste à légaliser la G.P.A.
Il n'y a pas de solution miracle, tout a été parfaitement expliqué, soupesé, décortiqué, analysé , dans l'intérêt des deux parties, dans l'intérêt de l'enfant à naître, jusqu'à aller imaginer les conséquences "désastreuses" pour son équilibre mental...imaginez donc un enfant tellement désiré, ça ne peut qu'être que perturbant…
Il est temps de franchir le cap de la décision en prenant en compte le facteur humain en faveur de ces couples en souffrance, qui vont chercher une solution dans des pays éloignés de leur culture, et avec l'impossibilité à leur retour en France de légaliser cet enfant.
On ne peut pas aller à l'encontre de la souffrance à coup de loi qui par définition devrait tendre à l'équité, plutôt qu'à l'injustice, celle de ne pouvoir avoir d'enfant, un enfant presque comme le sien , plus proche de soi ou que celui de l'adoption. Pourquoi refuser ce droit ? Au nom de quoi ? de l'éthique ? laquelle ? Je pars du principe qu'il y a toujours deux façons de résoudre une problématique suivant le judaïsme, celles de Shammai ou d'Hillel …
- Shammaï était pour l'application pure et dure des préceptes de la Thora, Hillel pensait, au contraire, qu'on ne pouvait vivre dans ce monde, si on s'attachait plus à la lettre qu'à l'esprit. Shammai donnera ses lettres de noblesse au terme chamaille...
Ainsi ce qui ne peut se faire, ici, en France se fera ailleurs ,avec les risques que cela comportent. La France si soucieuse du bien-être de ses citoyens, de la préservation de ses droits et de ses libertés devrait aussi se soucier de la naissance de ces enfants et de leur statut en revenant en France.
Ce serait déjà une première étape à envisager. Légaliser le statut de ces enfants.
Et tant pis si cela semble paradoxale de donner un statut à cet enfant alors que la G.P.A est interdite en France.Il s'agit là d'un être humain non plus d'un concept.
La nature a horreur du vide il semble bien que la France aime pourtant à cultiver ce particularisme à savoir de repousser aux dernières limites l'impossible ,quand le possible est tout proche et qui vous tend la main comme cet enfant.
Je me suis donc tournée vers le judaïsme sachant qu'Israël est un des pays qui autorise la G.P.A. Tiens donc,Israël ,si fermement attaché à sa sainte Thora : où-était-ce-donc-indiqué-que-l'on-pouvait-donner-naissance-à-un-enfant-grâce-à-une mère-porteuse dans la Thora ?
Et bien il suffit de se souvenir de Sarah , de Rachel, de Léa, pour s'apercevoir que cette pratique était non seulement louable, mais parfaitement établie.
Notons, qu' il est dit, que lorsqu'un événement survient, au moins deux fois dans la Thora, le lecteur doit y porter une attention toute particulière.
Ainsi ce que l'on apprend dans les textes est essentiel, y voir peut-être même les fondamentaux de la G.P.A.
Pour exemple c'est l'épouse qui décide de la femme qui va porter l'enfant du couple, c'est elle qui ordonne à son époux d'aller avec cette femme "afin que cet enfant naisse sur mes genoux ".
Dans la mesure où ce choix vient de l'épouse il n'y a pas d'adultère.
L'épouse choisit la femme qui semble convenir à la gestation de l'enfant. Elle sait intuitivement ce qui convient ou pas. Suivant certains commentateurs, ce que l'on sait peut-être moins, c'est que dans le cas de Lea et Rachel, leurs servantes Bilha et Zilpa, qui ont servie d'épouses de substitution, étaient aussi leur propres soeurs.
Laban père de Léa et de Rachel, au jour de leur noce avec Yacoov, leur donne respectivement Bilha et Zilpa, en tant que servantes, mais la construction de la phrase laisse à supposer qu'il s'agit bien de leurs jeunes soeurs. Savait-il que ces soeurs-servantes, seraient utiles au moment voulu ?
En tout cas il n'était pas à son premier coup d'essai, quand on se rappelle que le jour de la noce de Yacoov avec Rachel, il a substitué Léa à Rachel à l'insu de Yaccov, prétextant qu'il n'était pas de coutume de marier la benjamine avant l'aînée…Ce serait donc bien une affaire de soeurs et non de moeurs.
L'intention est évidente. Qui mieux qu'une soeur peut ressembler à sa soeur ?
Aujourd'hui on tente de reproduire le même schéma , la science vient au secours des femmes, en utilisant les gamètes et les ovocytes des parents d'intention pour les implanter dans l'utérus d'une mère porteuse, ainsi le patrimoine génétique des parents d'intention sera tout au moins préservé au maximum. Tout comme dans la Thora.
Et tant pis si on ne sait pas trop, à ce jour, si ce patrimoine ne sera pas modifié pendant ces 9 mois de gestation, après tout que savons nous de l'incidence des échanges sanguins de la mère porteuse avec l'embryon implanté, de ses sentiments, de l'attachement vis à vis de cet enfant ?
Israël étant un pays pragmatique avant tout, il ne s'embarrasse pas de "pilpoul" politique, ce qui convient de faire est avant tout une question de bon sens.
Plutôt que de lutter contre la nature et bien aidons là et si nos ancêtres nous ont montré la voie alors pourquoi refuser de la suivre aujourd'hui ?
On s'étonnera, dés lors de la position des rabbins en France, qui sont en général contre la G.P.A. Ainsi ai-je posé quelques questions au Rabbin de Neuilly-sur-Seine Michael Azoulay, qui me répond qu'il est de tradition pour les rabbins de suivre les lois du pays où ils vivent.
Voilà qui est sage.
Mais qu'en est-il des textes de la Thora ? Est-ce à dire que les lois de la cité prévalent sur le judaïsme ? Bien-sûr que non. Selon lui la Thora présente la naissance de ces enfants non pas comme la "location d'un utérus" mais bien comme un don d'enfant. Nous sommes bien d'accord. Et dans les deux cas.
Il s'agit d'un don d'enfant, car rien n'interdit à la mère porteuse de refuser au dernier moment de donner cet enfant, qui selon la loi devrais je dire les lois, est la mère de l'enfant, elle l'a porté et elle a mise au monde.
Il faut donc bien qu'elle fasse "don" de "son" enfant aux parents d'intention.
La contre-partie pécuniaire qui peut conditionner, cet acte ne l'oblige en rien , il y a avant tout volonté de donner un enfant, porté à l'intention de parents.
Ce ne sont pas les gamètes et les ovocytes qui font le bébé, non, c'est bien l'utérus d'une femme volontaire ainsi que la décision de la mère d'intention.
Il y a quelque chose qui est au dessus des lois qui frôle l'irrationnel c'est l'entraide instinctif qu'il peut y avoir entre deux femmes quand il s'agit d'enfant.
Au même titre qu'il y avait des faiseuses d'anges pour sauver des femmes d'une réelle détresse, nous sommes , ici, dans un même schéma ; des femmes qui viennent au secours d'autres femmes en détresse d'enfant.
Il était courant, il y a encore quelque années, dans certaines familles, qu'une soeur donne un de ses enfants à une de ses soeurs en mal d'enfant.
Cet enfant n'était pas abandonné mais offert à la soeur. Il était un don, un cadeau, non pas du Ciel, mais d'une soeur aimante. Nous sommes à nouveau en adéquation avec les textes de la Thora.
En France , il est de bon ton de culpabiliser la mère porteuse parce que bien entendu le don gratuit, ça n'existe pas, elle vend donc son corps et de plus abandonne son enfant...à dire qu'elle ne vaut pas grand chose, il n'y a qu'un pas , et il est vite franchit dans le pays de Descartes où la raison l'emporte souvent sur l'intuition qui est pourtant le terreau d'un désir d'enfant.
Si on reprenait la problématique dans le bon sens on s'apercevrait très vite, qu'il s'agit avant tout d'une véritable souffrance, d'une absence, d'un manque que la nature ne peut combler de façon totalement naturelle, alors vient à son secours le don, don de soi, don d'un enfant avec la certitude qu'il sera élevé comme tout enfant normal; ni mieux , ni moins bien, mais en tout cas avec un réel désir de sa venue au monde et deux fois plutôt qu'une, par ses parents d'intention et par la mère porteuse.
Bien-sûr qu'il y a des risques, qui a dit le contraire ? Cependant ces risques sont équivalents à ceux rencontrés dans un couple normal , le risque de séparation du couple est tout aussi grand, le risque qu'au dernier moment la mère porteuse refuse de donner cet enfant, c'est pour cela que le choix de la mère porteuse est essentiel, il se peut aussi que enfant soit élevé avec des manques, comme la plupart d'entre nous...
Faudrait-il avoir le couple parfait pour envisager la venue d'un enfant ? N'est-ce pas une forme d'eugénisme en amont ? En effet, si la sélection d'embryons est interdite sauf en cas de risque de maladie génétique associée ou non au sexe de l'enfant- pour en savoir plus sur ce sujet cliquez-ici il ne faudrait pas que l'on tombe dans ce travers qui obligerait à avoir des parents "irréprochables" pour la venue d'un enfant.
Encore une fois la France trouve des excuses là où faudrait chercher une solution.
Il faut partir du constat simple qu'on ne peut satisfaire tout le monde, à savoir les pour et les contre en admettant que des femmes prêtent à offrir un enfant à un couple en détresse ça existe, parce qu'encore une fois , il nous faut prendre en compte un paramètre essentiel, celui de cet accord, entraide tacite entre femmes.
Cette aventure entre ces femmes, dans leur pays, avec leur culture avec toutes les garanties que seule la France peut prodiguer en terme de soins, d'assistance, n'est-elle pas moins terrifiante que celle de ces femmes prêtes à partir au bout du monde pour obtenir - à quel prix, et dans quelles conditions, Dieu seul le sait- un enfant ?
Il faut cesser cette hypocrisie qui consiste à faire croire que le problème n'existe pas en enterrant le message alarmant, de ces femmes qui sont prêtes à tout pour avoir leur enfant.
Nous savons combien il est difficile d'adopter un enfant en France et encore plus difficile d'adopter un bébé, mais ceux là même qu'il souhaite adopter, peuvent le faire et en dehors de nos frontières.
Alors pourquoi la France n'accepterait pas la venue de cet enfant ? La France est contre la GPA pour toutes ses bonnes ou mauvaises raisons, mais dans la mesure où la naissance de cet enfant est enfin réelle, que cet enfant est là, ces précautions, ces barrières cherchant à sur-protéger parents d'intentions, et biologique, volent en éclat.
Ne faut-il pas trouver à présent une solution pour l'arrivée de cet enfant qui lui est bien réel ? Ne faut il pas faire preuve de bon sens est l'accepter tout comme c'est le cas pour un enfant adopté à l'étranger ?
Vaste débat, on peut polémiquer à l'infini, ou au contraire appliquer enfin une solution, au risque de l'affiner en cours d'usage. Alors que si rien ne se fait, les drames se multiplierons eux aussi à l'infini.
Claudine Douillet
sources :
- Professeur Milliez de l'hôpital de Saint-Antoine Paris.
- Aroutz 7 article du 09/09/09 La G.P.A en Israël
Un article d’une rare intelligence sur la question…
Merci de la part d’un père d’un enfant né par GPA en Inde.
Je trouve tout simplement cet article imprégné de sagesse…..Pas étonnant le narrateur fait plusieurs fois référence aux textes de la Thora, pour appuyer ses conclusions et je trouve cela fort émouvant de vérité.
Merci.
Bonjour,
L’article pourrait peut-être préciser que dans la bible, Agar, Bilha et Zilpa sont trois esclaves, sans aucune reconnaissance, juste bonnes à faire sacs à mômes.
Bonjour, il me semble qu’il y a un oubli dans l’emprunt fait à la torah, c’est que dans tous les cas de mères porteuses soi-disant citées, la mère en question devenait d’abord épouse ou concubine, non pas une femme en dehors de la famille et dans lien avec le père, ce que la Torah présente est une situation familiale.
On peut donc conclure l’inverse de la gpa selon le judaïsme.. à savoir que tout enfant n’ait dans une famille d’une manière ou d’une autre. Plus récemment, l’épouse du or hachayim hakadosh, avait demandé à son mari d’épouser une deuxième femme pour les enfants, non pas une père porteuse anonyme par rapport à la famille : il n’y a pas d’enfant sans famille dans la Torah..
En France aussi on est bien conscients du problème, il n’y a pas option pour la mère porteuse de faire ce qu’elle veut.