JERUSALEM ,le 15/05/08 - Le président américain George W. Bush devait dénoncer jeudi, dans son premier discours devant le parlement israélien, les menées du Hamas, du Hezbollah et de l'Iran au moment où ceux-ci font barrage à ses projets pour le Proche-Orient.
Mais son intervention à la Knesset pour le 60e anniversaire de l'Etat d'Israël s'annonçait accompagnée de protestations qui risquaient d'alourdir encore l'ambiance autour de son séjour, le deuxième en Israël en quatre mois.
Avant de prendre la parole pour ce qui s'annonce comme le moment fort d'un voyage de cinq jours dans la région, M. Bush devait se rendre par hélicoptère sur le site historique de Massada, à l'est d'Israël, où, au cours du premier siècle, des juifs révoltés préférèrent se suicider que de se livrer aux Romains et qui est devenu un archétype de la résistance juive.
Le symbole et l'altitude d'environ 400 m au-dessus de la Mer Morte ne devaient guère éloigner M. Bush des réalités qui ont obscurci son déplacement avant même qu'il ne commence.
Quand il s'adressera aux membres de la Knesset lors d'une séance spéciale, les Palestiniens commémoreront, eux, le 60e anniversaire de la "Nakba", la "catastrophe" que fut pour eux la création d'Israël en 1948 sur trois quarts de la Palestine historique.
Les Palestiniens annoncent une marche massive dans le centre de Ramallah, en Cisjordanie, dans cette partie des Territoires sur laquelle l'un des principaux acteurs des négociations de paix, Mahmoud Abbas, a pourtant encore le contrôle.
Le Hamas, organisation radicale qui refuse de reconnaître Israël, a annoncé une manifestation de colère devant Erez, le principal point de passage entre le territoire, qu'il a mis sous sa coupe en juin 2007, et Israël.
Le mouvement islamique arabe en Israël a prévu de protester devant la Knesset pendant le discours de M. Bush. Neuf députés arabes israéliens avaient l'intention de boycotter la séance.
Ces manifestations ne font que confirmer les sombres présages qui ont précédé la venue de M. Bush, avec des négociations qui piétinent pour un accord de paix, un Premier ministre israélien Ehud Olmert en butte au soupçon de corruption et d'alarmantes tensions chez le voisin libanais.
Mercredi, au moment où M. Bush parlait "d'espoir" et "d'optimisme", une roquette tirée de la Bande de Gaza s'abattait à Ashkelon, dans le sud d'Israël, et faisait 14 blessés.
L'attaque a été revendiquée par le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et les Comités de résistance populaire. Elle a été saluée par la branche militaire du Hamas. Elle a suscité une vigoureuse mise en garde de M. Olmert.
La participation de M. Bush au 60e anniversaire d'Israël conforte chez beaucoup d'Arabes et de Palestiniens la conviction d'un parti pris presque aveugle pour l'allié israélien.
M. Bush se défend en affirmant avoir été le premier président américain à appeler à la création d'un Etat palestinien.
La Maison Blanche dit que, si M. Bush célèbre le 60e anniversaire d'Israël, il n'oublie pas pour autant les souffrances des Palestiniens.
Elle a laissé entrevoir la possibilité que M. Bush les évoque dans son discours à la Knesset.
Mais M. Bush affirme que le meilleur moyen de résorber ces souffrances, c'est en créant un Etat palestinien, et que pour cela les Palestiniens doivent se détourner du Hamas et des fauteurs de violence.
Dans son discours jeudi, il devait inscrire la création d'un tel Etat dans son combat plus large et très controversé pour la propagation de la démocratie au Proche-Orient, a dit un de ses porte-parole Gordon Johndroe.
Il devait ainsi non seulement réaffirmer qu'Israël est "l'ami et l'allié le plus proche des Etats-Unis", mais aussi que les Etats-Unis "continueront à travailler en partenariat avec d'autres pays dans le monde pour contrer les extrémistes, y compris le Hamas, le Hezbollah, Al-Qaïda, et pour répondre aux ambitions nucléaires militaires de l'Iran", a dit M. Johndroe
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