Patrick Bruel cultive ses racines en Israël

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Article paru dans "Le Figaro", le 29/05/08

L'artiste a mis son point d'honneur à se produire à Tel-Aviv pour le soixantième anniversaire de l'État.

La tension monte d'un seul coup, quelques minutes avant l'entrée en scène. Patrick Bruel ne veut pas rater son premier concert en Israël. Dissimulé derrière le rideau des coulisses, l'acteur et chanteur français jauge nerveusement son public qui tarde à s'installer dans le stade de Raanana, banlieue chic de Tel-Aviv. Perfectionniste, Bruel craint d'avoir trop tiré sur ses cordes vocales lors des répétitions de l'après-midi et redoute de perdre la voix.

« Patriiiiick, Patriiiiick », scande la foule composée de Juifs d'origine française à 85 %. Les fans en folie se sont frayé un chemin jusqu'aux premiers rangs. Ainsi que quelques rares femmes religieuses coiffées de fichus et des garçons portant des kippas. Vêtu tout de noir jeans, bottes, chemise et veste , Bruel se propulse en scène et lance son tour de chant avec son tube Alors regarde. La lumière éclate. Le public, qui connaît les paroles par cœur, l'accompagne. Galvanisé, lui est radieux. « Ça n'a jamais commencé aussi fort », s'enthousiasme en coulisses son ami Drodro, moniteur de ski des stars à Courchevel.

Avant le spectacle, Bruel avait raconté au Figaro l'importance pour lui de se produire en Israël : « J'ai mis mon point d'honneur à venir chanter pour le soixantième anniversaire. D'autant plus que je suis né le même jour qu'Israël… à quelques années près. Malheureusement, toutes les salles étaient complètes le soir du 14 mai. J'ai une relation très forte avec Israël. Comme tous les Juifs de la diaspora, je suis attaché à son identité juive. » À la veille du concert, Bruel s'était plongé dans l'atmosphère en allant embrasser le mur des Lamentations dans la vieille ville de Jérusalem.

Il dit avoir été « élevé dans le respect des traditions juives, mais sans être très pratiquant ». Cependant, il avait avoué avoir encaissé une forte charge émotionnelle, comme à chacune de ses visites sur le premier lieu saint du judaïsme.

Le public est conquis

Homme de scène accompli, Bruel séduit son public en prononçant quelques phrases en hébreu. Il alterne tubes énergétiques et moments plus intimistes. Entre chaque morceau, il livre une anecdote, une confidence. Ainsi, avant d'entamer Élie, une chanson écrite après la mort de son grand-père, il raconte l'importance pour lui de la chanter en Israël, parce qu'elle évoque ses racines juives. Le public est conquis. Bruel enchaîne avec une chanson écrite après la chute du mur de Berlin. Quelques paroles, pour esquisser son engagement pour la paix : « Derrière le mur qui tombe, se cachent évidemment d'autres murs qui montent. Évidemment cette chanson a un double sens ici. » L'allusion à la barrière de séparation d'avec les Palestiniens, érigée par Israël pour se protéger des attentats suicides, tombe à plat. « Le message était trop complexe, mal formulé », reconnaîtra Bruel à l'issue du spectacle.

La veille dans les ruelles de la vieille ville de Jérusalem, accompagné de sa mère et de sa compagne, Céline, il s'était imprégné de la complexité du conflit entre Palestiniens et Israéliens. La fausse quiétude. Les senteurs entêtantes du souk arabe traversé par les religieux juifs. Les colonies juives disséminées dans le quartier musulman. Les jeunes soldats israéliens postés à chaque coin de rue, pour assurer la sécurité. « La paix passe par la création d'un État palestinien , commente Bruel. Il faut aussi une reconnaissance d'Israël par les pays arabes pour garantir sa sécurité et sa survie. Mon engagement ici est tourné vers la paix et le dialogue avec les Palestiniens. »

Plus rassembleur fut son Adieu, la chanson écrite par Bruel après les tueries du 11 Septembre et la vague meurtrière d'attentats suicides palestiniens, qui a accompagné la seconde Intifada. Il y évoque une tuerie à un arrêt de bus à Netanya, une ville côtière où vit une importante communauté juive venue de France. « Le sang se mélange à la terre… Adieu, si tu n'existes pas au moins fais-le savoir », chante Bruel. « The show must go on », tranche l'artiste avant d'enchaîner ses tubes et deux standards israéliens. On hurle Casser la voix. Brassé par la brise tiède de la Méditerranée, le Café des délices et ses accents orientaux mettent la foule en extase, la plongeant dans une communion de déhanchements chaloupés.

Bruel fait ses adieux aux 5 500 spectateurs après avoir allumé les bougies d'une pièce montée en l'honneur des 60 ans d'Israël et après une série d'« encore ». On s'apprête à éteindre la lumière. C'est alors que le public entonne la Hatikva. Touché dans la fibre de ses origines, l'artiste ne peut se retenir de revenir sur scène pour accompagner au piano les paroles de l'hymne israélien chanté par le public.

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