Olmert rappelle solennellement en Allemagne les menaces pesant sur Israël
BERLIN - Le Premier ministre israélien Ehud Olmert a entamé mardi sa première visite en Allemagne en se recueillant dans un lieu symbolique de la Shoah, occasion pour lui d'évoquer en termes solennels les menaces pesant sur Israël en faisant clairement allusion à l'Iran.
Cette visite se déroule alors que se tient à Téhéran un colloque négationniste et que M. Olmert a provoqué un tollé en Israël en laissant entendre que l'Etat hébreu avait l'arme nucléaire.
M. Olmert a participé mardi matin à une cérémonie à la gare berlinoise de Grunewald, d'où partaient les convois emmenant les juifs vers les camps nazis pendant la Seconde guerre mondiale. Il a déposé une gerbe de fleurs et allumé une bougie devant la plaque commémorative située sur le quai numéro 17, d'où ont été déportés plus de 50.000 juifs entre 1941 et 1945.
M. Olmert a évoqué solennellement les menaces pesant aujourd'hui sur Israël: "Malheur aux faibles et aux sans défense, malheur à ceux qui ne croient pas aux menaces pesant sur eux (...) Malheur à celui qui se réfugie dans de faux espoirs, qui nie le danger et se repose sur la bonté des autres", a-t-il lancé. En mémoire des six millions de victimes de la Shoah, les dirigeants hébreux doivent faire "tout ce qui est humainement possible pour que l'Etat d'Israäl soit exactement le contraire de la méchanceté des nazis", a-t-il encore déclaré. A son arrivée lundi soir à Berlin, le Premier ministre israélien avait eu une rencontre "informelle" de trois heures avec la chancelière Angela Merkel, dans un salon de l'hôtel où il réside. "La réunion a été détendue et amicale. Elle a permis d'aborder les principaux sujets à l'ordre du jour de ce voyage: un règlement de paix avec les Palestiniens et la question de l'Iran", a indiqué un porte-parole de M. Olmert. Selon des sources proches de la présidence du Conseil israélien, Mme Merkel a rappelé l'attachement allemand aux exigences du Quartette (USA, UE, Russie et Onu) notamment vis-à-vis du Hamas, mais appelé parallèlement M. Olmert à faire des gestes envers les Palestiniens, particulièrement dans le domaine humanitaire. Mardi matin, avant un second entretien, Mme Merkel a précisé devant la presse étrangère qu'elle "allait naturellement encourager Israël" à prendre le chemin de la paix avec le président palestinien Mahmoud Abbas, qui est aux yeux de Berlin celui "avec qui un tel processus de paix doit avoir lieu". La première visite de M. Olmert en Allemagne se déroule sur fond d'accrochages diplomatiques entre les deux pays, à propos d'une récente visite du chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier en Syrie, qualifié par M. Olmert d'"erreur". Berlin, qui compte jouer un rôle diplomatique actif au Proche Orient dans le cadre de sa prochaine présidence de l'Union européenne et du G8, insiste sur la nécessité de maintenir un dialogue avec la Syrie tout comme avec l'Iran. Lors d'une interview lundi à une télévision allemande, M. Olmert a par ailleurs commis apparemment un lapsus en Israël lundi soir en laissant clairement entendre que son pays disposait de l'arme nucléaire. "Nous n'avons jamais menacé un pays d'annihilation. L'Iran menace ouvertement, explicitement et publiquement de rayer Israël de la carte. Pouvez-vous dire qu'il s'agit du même niveau de menace lorsqu'ils (les Iraniens) aspirent à avoir des armes nucléaires, comme la France, les Américains, les Russes et Israël?", avait affirmé M. Olmert. La porte-parole du Premier ministre, Miri Eisin, a démenti que M. Olmert ait ainsi reconnu qu'Israël dispose d'un arsenal nucléaire. "Israël ne sera pas le premier pays à introduire l'arme nucléaire dans la région", a déclaré la porte-parole, reprenant ainsi une formule utilisée depuis des décennies.
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