Nucléaire: Shimon Peres réaffirme la "politique d'ambiguïté" d'Israël
JERUSALEM Israël a réaffirmé jeudi sa "politique d'ambiguïté" nucléaire après que le nouveau secrétaire à la Défense américain Robert Gates a brisé un tabou en incluant publiquement l'Etat hébreu parmi les pays disposant d'un arsenal nucléaire.
"Israël n'a pas à dire ou ne pas dire si nous disposons de l'arme nucléaire, il suffit que l'on craigne que nous la détenons et cette crainte constitue elle-même un élément de dissuasion", a déclaré à la radio publique le vice-Premier ministre Shimon Peres. "Israël est le seul pays qui est menacé de destruction, Israël ne menace aucun autre Etat.
Ces déclarations (de Gates) ne changent rien de fondamental", a ajouté M. Peres, considéré comme le père du programme nucléaire israélien. Interrogé sur la menace nucléaire iranienne, Robert Gates, désigné pour succéder à Donald Rumsfeld à la tête du Pentagone, a fait figurer Israël parmi les puissances nucléaires de la région. L'Iran est "entouré de puissances nucléaires, avec le Pakistan à l'est, la Russie au nord, Israël à l'ouest", a déclaré M. Gates mardi, lors d'une audition devant la commission des forces armées du Sénat. Benjamin Ben Eliezer, ministre travailliste des Infrastructures, membre du cabinet de sécurité, a lui aussi réaffirmé la nécessité pour Israël de poursuivre sa "politique d'ambiguïté". "Je n'ai aucune idée de la raison pour laquelle Gates a fait ces déclarations, il faut continuer à appliquer cette politique de l'ambiguïté qui n'a que des avantages car elle fait partie de notre force de dissuasion", a-t-il déclaré à la radio publique. La plupart des experts étrangers estiment qu'Israël possède jusqu'à 200 ogives nucléaires pouvant équiper des missiles à longue portée, ce que Israël a toujours refusé de confirmer ou de démentir.
Shimon Peres avait pourtant lui même révélé en 2001 dans un documentaire diffusé par la télévision israélienne intitulé "la bombe cachée" comment la France avait accepté en 1956 de doter Israël d'une "capacité nucléaire" dans le cadre des négociations secrètes entre les deux pays sur les préparatifs de l'opération de Suez contre l'Egypte. M. Peres était à l'époque directeur général du ministère de la Défense, chargé du programme nucléaire et entretenait des liens au plus haut niveau, avec les responsables politiques et militaires français.
C'est grâce à l'appui de la France, qu'Israël avait pu ensuite ériger la centrale nucléaire de Dimona dans le désert du Neguev (sud d'Israël). Le réacteur est entré en service en 1964, mais ses activités sont restées secrètes. Les Etats-Unis n'en avaient pas été informés avant la fin des années soixante. A cette époque, Israël et Washington ont signé un accord, par lequel les Américains s'engageaient à ne pas faire pression sur le dossier nucléaire tant qu'Israël ne déclarait pas publiquement qu'il détenait la bombe atomique.
L'ancien technicien nucléaire israélien Mordechaï Vanunu avait levé le secret en 1986 en révélant dans un quotidien britannique les activités nucléaires militaires à Dimona avant d'être condamné à 18 ans de prison. Les cinq puissances nucléaires établies (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie) sont des membres fondateurs du TNP, entré en vigueur en 1970. Mais Israël ainsi que l'Inde et le Pakistan, n'en sont pas signataires.
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