Nucléaire: les propos d'un ministre sur l'Iran désavoués en Israël

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JERUSALEM ,le 07/06/08- De hauts responsables israéliens ont désavoué dimanche les propos d'un vice-Premier ministre, Shaoul Mofaz, envisageant une attaque contre les installations nucléaires iraniennes, qui ont plongé le gouvernement dans l'embarras.

"Ces propos sont irresponsables. Ils ne représentent pas la position du gouvernement", a déclaré un haut responsable du ministère israélien de la Défense parlant sous couvert d'anonymat, cité par la radio publique.

"Le programme nucléaire iranien concerne la communauté internationale en entier et pas seulement Israël. Or, de telles déclarations ont pour effet négatif de détourner l'attention de cette menace", attirant celle-ci sur Israël plutôt que sur l'Iran, a ajouté ce responsable.

Le vice-ministre (travailliste) de la Défense Matan Vilnaï est allé plus loin, dénonçant "l'usage cynique que fait Shaoul Mofaz des intérêts stratégiques israéliens à des fins de politique intérieure", dans une déclaration à la radio.

"M. Mofaz a raté une belle occasion de se taire. Tout le monde en Israël comprend qu'il a des motivations électoralistes, mais ce genre de déclarations place Israël dans une situation très inconfortable sur le scène internationale", a déclaré à l'AFP une source proche du ministère des Affaires étrangères.

"Si l'Iran poursuit son programme d'armement nucléaire, nous l'attaquerons", a dit il y a quelques jours M. Mofaz, également ministre du Transport, qui brigue la direction du parti Kadima dirigé par le Premier ministre Ehud Olmert, mis en cause dans une affaire de corruption.

Tout en notant qu'une telle opération ne pourrait avoir lieu sans le soutien américain, M. Mofaz, qui multiplie depuis plusieurs semaines les déclarations musclées sur tout une gamme de sujets, a enchaîné: "les autres options sont en train de disparaître. Les sanctions s'avèrent inopérantes. Nous n'aurons pas d'autre choix que d'attaquer l'Iran pour stopper son programme nucléaire".

La presse israélienne a été unanime à condamner les déclarations de l'ancien chef d'état-major et ex-ministre de la Défense entre 2002 et 2006, aujourd'hui en charge de la coopération stratégique avec Washington.

Elle a relevé que ces propos auraient été sanctionnés par le Premier ministre, dans un autre contexte, si celui-ci n'était pas affaibli.

Shaoul "Mofaz a réussi par ses propos à provoquer une hausse sans précédent du prix du pétrole, alors que la bataille pour les primaires de son parti n'a même pas commencé. C'est impressionnant, mais effrayant: que prépare-t-il pour le moment où la campagne électorale aura débuté? Une guerre mondiale?", ironise le quotidien Haaretz.

Des députés de l'opposition de droite ont eux aussi accusé M. Mofaz, pourtant proche de leurs positions, d'avoir tenu des propos "irresponsables" et de "pure rhétorique".

L'Iran a protesté samedi auprès des Nations unies à la suite de ces propos, adressant une lettre au secrétaire général Ban Ki-moon et au Conseil de sécurité.

Mardi dernier, en visite à Washington, M. Olmert avait déclaré que les ambitions nucléaires de l'Iran devraient être jugulées "par tous les moyens".

"La communauté internationale a le devoir et la responsabilité d'indiquer clairement à l'Iran, à travers des mesures drastiques, que les répercussions de sa quête perpétuelle d'armes nucléaires seront dévastatrices", avait-t-il dit.

Malgré trois séries de sanctions de l'ONU, l'Iran refuse de suspendre ses activités d'enrichissement de l'uranium, un procédé qui permet de produire du combustible pour une centrale nucléaire mais peut aussi servir de composant pour une bombe atomique. Téhéran affirme que son programme est purement civil.

L'Etat hébreu considère la République islamique comme son pire ennemi, alors que le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a appelé à "rayer Israël de la carte" et assuré à plusieurs reprises que l'Etat juif était voué à disparaître.

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