Dimona, Isarël,le 04/02/08 «Il a pris son café et dix minutes après, j'ai entendu l'explosion» : Revital Biton en tremble encore. C'est dans son restaurant de Dimona, dans le sud d'Israël, que s'est arrêté le kamikaze, avant de déclencher sa ceinture d'explosif à quelques mètres de là.
Autour d'elle, tout n'est que dévastation. Des vitrines ont volé en éclats. Des chaises et des tables sont renversées. Il y a encore des traces de sang et une odeur de mort flotte sur le centre commercial à ciel ouvert, un lieu très prisé par une population en mal de distraction, minée par le chômage.
Une Israélienne a été tuée et onze autres personnes blessées dans cet attentat suicide.
«Il ne s'est même pas assis. Il est parti immédiatement avec son café. Il avait une barbe et des cheveux longs. L'explosion s'est produite dix minutes après» à 10H30 (08H30 GMT), raconte-t-elle, encore toute pâle.
Une serveuse du restaurant, Marina Chabane, une jolie blonde, a, elle aussi, tout vu. «Il avait une veste rouge», se souvient-elle. Mais ni l'une ni l'autre, n'ont rien remarqué de suspect. «Maintenant, j'ai très peur», ajoute Mme Biton.
Un sentiment partagé par Meir Cohen, le maire de cette ville jusque-là paisible, située à une centaine de kilomètres de la frontière avec la bande de Gaza et à 80 km de celle avec l'Égypte.
«C'est la première fois que cela arrive à Dimona. Nous sommes désormais confrontés à une situation nouvelle. Toutes les villes, dans le désert du Neguev, sont maintenant en danger», estime M. Cohen.
Comme beaucoup dans sa ville, il est convaincu que l'attentat est survenu à cause de l'ouverture le 23 janvier de la frontière entre le sud de la bande de Gaza, soumise au blocus israélien, et l'Égypte, provoquant une ruée des Palestiniens vers le côté égyptien de Rafah pour s'approvisionner.
«Beaucoup de Palestiniens du Hamas, du Fatah, d'Al-Qaeda, ont pénétré dans le Sinaï», affirme-t-il.
Le ministre du Commerce et de l'Industrie, Eli Yishaï, est venu exprimé sa solidarité avec les habitants. Il partage les mêmes craintes que le maire.
«Israël, dit-il à l'AFP, doit s'occuper de la frontière entre Gaza et l'Égypte. Nous devons à nouveau la contrôler».
Le ministre de la Défense, Ehud Barak, est là, lui aussi. Il s'entretient avec des habitants, serre des mains, mais ne dit mot à la presse.
Non loin de là, des artificiers manipulent avec précaution un robot pour désamorcer une ceinture d'explosifs que l'un des kamikazes, abattu par un policier, n'a pas réussi à actionner.
Moshé Malka, un avocat de 36 ans, était dans son bureau, à l'intérieur du centre commercial.
«Lorsque j'ai entendu l'explosion, je me suis mis à courir. J'ai vu une tête, un jambe, des organes. J'ai voulu aider le blessé et je lui ai ouvert son manteau», raconte-t-il.
Et là, ajoute-t-il, «sous le manteau, j'ai vu la ceinture d'explosifs. Les yeux du kamikaze clignaient encore. J'ai crié à tout le monde de s'écarter. J'ai cru qu'il allait se faire exploser».
«Tant que la frontière entre la bande de Gaza et l'Égypte sera ouverte, cela sera le prix à payer», poursuit-il, alors que la dernière brèche encore ouverte à la frontière entre Gaza et l'Égypte a été fermée lundi matin et plus aucun passage n'est autorisé.
Les Brigades des Martyrs d'Al-Aqsa, une nébuleuse de groupes revendiquant des liens avec le parti Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas, ont revendiqué lundi l'attentat suicide de Dimona. Selon les Brigades, il a été mené conjointement avec deux autres groupes armés par deux kamikazes venus de Gaza, mais ceux-ci ne sont pas passés par l'Égypte.
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