Jerusalem,le 09/05/08, Le Premier ministre israélien Ehud Olmert, qui fait face à des accusations officielles de corruption particulièrement graves, a engagé jeudi soir la bataille pour sa survie politique.
Ce nouveau scandale fragilise encore plus la relance du processus de paix par l'administration américaine qui s'est fixée pour objectif de parvenir à un accord de paix israélo-palestiniens avant la fin de l'année. En cas d'élections anticipées, la droite opposée à un tel accord est grande favorite.
Dans une annonce dramatique à la nation, M. Olmert a rejeté des soupçons portés officiellement contre lui, tout en admettant avoir reçu des contributions financières, dont il se trouve accusé.
"Citoyen d'Israël, je vous regarde dans les yeux et je vous dis sans détour: je n'ai jamais perçu de pots-de-vin. Je n'ai jamais pris un sou dans mes poches", a-t-il proclamé.
M. Olmert a toutefois admis avoir reçu des "contributions financières" pour différentes campagnes électorales de la part d'un homme d'affaires juif américain, Morris Talansky, 75 ans, vivant à New York. Il a insisté sur le fait que ces fonds n'étaient "pas illicites".
"Si la justice décide de m'inculper, je démissionnerai", a ajouté M. Olmert lors d'une annonce à sa résidence, qui faisait suite à la publication officielle des soupçons de corruption pesant sur lui.
Un communiqué du ministère de la Justice et de la police avait levé peu avant le black-out imposé jusqu'à présent sur cette affaire, révélée par les médias.
Selon ce communiqué, M. Olmert a reçu de M. Talansky, des "sommes importantes" et "non autorisées" pendant une longue période "alors qu'il était maire de Jérusalem puis ministre du Commerce et de l'Industrie".
Cet homme d'affaire est soupçonné d'avoir recueilli de diverses sources des sommes d'un montant de plusieurs centaines de milliers de dollars en liquide qui ont été versées à M. Olmert.
Ces sommes ont servi à financer ses campagnes électorales pour la mairie de Jérusalem en 1993, ainsi qu'en 1998, 1999 et 2002, dans le cadre du parti de droite Likoud.
A la demande du procureur d'Israël, Menahem Mazouz, M. Olmert avait été interrogé vendredi dernier par la police à son domicile à Jérusalem, mais un black-out avait été imposé sur les interrogatoires.
M. Olmert fait par ailleurs l'objet de trois autres enquêtes de police portant sur des soupçons de transactions immobilières frauduleuses -- dans l'achat d'une maison à Jérusalem -- d'une part, et de nominations politiques abusives alors qu'il était ministre de l'Industrie et du Commerce, d'autre part.
La classe politique évoque déjà l'éventuelle démission ou la suspension de M. Olmert, voire des élections anticipées dans les prochains mois, alors que la législature s'achève en novembre 2010 et que sa majorité parlementaire se réduit à 64 députés sur 120.
Des députés de l'opposition de droite, notamment le chef du groupe parlementaire du Likoud, Gideon Saar, a réclamé la "démission du gouvernement et la tenue d'élections anticipées". Vu la "gravité des soupçons qui pèsent sur Olmert, il n'est pas dans la capacité d'assumer ses fonctions", a-t-il dit.
La direction de son parti, Kadima (centriste), observait quant à elle le mutisme.
Accentuant la pression sur le Premier ministre, le chef du parti travailliste et ministre de la Défense, Ehud Barak, a affirmé mardi que son parti, principal allié de M. Olmert au sein de la coalition au pouvoir, devait être en ordre de bataille pour d'éventuelles élections anticipées.
La Maison Blanche, principal allié de l'Etat hébreu, a estimé que les difficultés judiciaires du Premier ministre étaient du "ressort du système judiciaire israélien" et n'auraient pas d'impact sur le voyage de George W. Bush au Moyen-Orient la semaine prochaine.
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