La photo d'Ehud Barak et de Yasser Arafat à Camp David avant l'effondrement d'Oslo est une leçon sur la puissance du symbolisme. Clinton et Barak sont vus en chemises décontractées, sans cravates, tandis qu'Arafat porte son treillis militaire révolutionnaire et son keffieh.

Même à la fin du conflit, Barak est sans costume, tandis que le dirigeant palestinien reste fidèle à son uniforme militaire, un symbole fort. Le même Arafat qui a refusé de laisser son arme à l'ONU est celui qui a signé les accords d'Oslo en uniforme, et à Camp David, il maintient cette cohérence symbolique. Malgré cela, Barak ne semble pas avoir saisi la signification de ce symbole, et Arafat reste le révolutionnaire qui a dirigé la deuxième Intifada en uniforme.

Les Israéliens ont une franchise caractéristique, accentuée chez les généraux. Cela découle des débuts pionniers du pays, mettant moins l'accent sur les signes extérieurs de formalité et de symbolisme, privilégiant plutôt la construction tangible. Cela pourrait découler du désir de construire la vraie Jérusalem plutôt que la Jérusalem symbolique de la diaspora.

Cependant, le mépris israélien pour le symbolique complique historiquement la défense de ses arguments dans le monde. L'approche consistant à agir sur le terrain sans recourir à la théâtralité pour expliquer un récit a été inefficace. Le récit, la formalité et les symboles sont cruciaux. La formalité reflète quelque chose de la réalité, et sans elle, la vérité sur le terrain est mal comprise. L'incapacité d'Israël à combattre sur le terrain symbolique est dangereuse dans le conflit actuel.

Les récents débats sur la manière de mettre fin au régime du Hamas et de libérer les otages soulignent cette difficulté symbolique. L'idée d'exiler Sinwar en échange des otages est pragmatique mais catastrophique sur le plan symbolique. Les guerres sont jalonnées de moments symboliques mémorables, et la mentalité israélienne doit reconnaître l'importance du symbolique pour le récit mondial.

A propos de l'auteur : Le rabbin Dr Ari Silbermann est originaire d’Australie et est impliqué dans l’éducation juive et dans des organisations à but non lucratif depuis plus d’une décennie. Il est titulaire d'un doctorat en Bible de Bar Ilan où ses recherches portent sur le judaïsme du Second Temple. Il est actuellement directeur pédagogique de l’Institut OTS Amiel et chercheur à l’Université de Tel Aviv.

Dans la guerre à Gaza, la victoire tactique ne suffit pas. Contrôler Gaza et libérer les otages ne garantit pas la victoire symbolique. Si Sinwar survit symboliquement, la guerre persiste dans la mémoire du monde arabe. Israël ne peut se permettre de répéter les erreurs du passé, comme autoriser Arafat à fuir pendant la Première Guerre du Liban. Nous avons besoin d'un changement sur le terrain, mais surtout d'un triomphe symbolique pour assurer notre existence.