L'accord de cessez-le-feu avec le Liban : Entre sacrifices et désillusions des réservistes
Une décision politique controversée
L'accord de cessez-le-feu avec le Liban, entré en vigueur mercredi matin, suscite une profonde controverse parmi les combattants de réserve de l'armée israélienne. Bien qu'élaboré et approuvé par l'échelon politique, cet accord divise ceux qui ont combattu sur le terrain, parfois au prix de lourds sacrifices humains et personnels. À travers leurs témoignages une question récurrente émerge : ces sacrifices étaient-ils justifiés pour une paix fragile et incertaine ?
Un tunnel à 14 ouvertures : symbole d'un ennemi redoutable
Le général-major Omer Ben Hamo, de la Brigade Yiftah, illustre bien le sentiment de frustration des réservistes. "Ce n'est pas un village avec une arme, c'est une arme avec un village", explique-t-il en décrivant l'ampleur des découvertes réalisées sur le terrain.
Dans un tunnel au nord de Megev Am, les forces israéliennes ont trouvé 14 ouvertures débouchant sur des habitations remplies d'armes en provenance d'Iran : entrepôts, cantines, toilettes, et même un canon anti-aérien.
Selon Ben Hamo, la destruction de ce tunnel, contenant 360 tonnes d'explosifs, représentait une avancée cruciale et a même provoqué un mini séïsme aux alentours .Cependant, il critique vivement l'accord de règlement : "Nous risquons nos vies pour une paix temporaire. Vous voulez terminer le combat ? Fixez une frontière claire, une zone tampon, et détruisez toute intrusion ennemie."
Un moral en chute libre
Pour les combattants de réserve, le sentiment d'un sacrifice vain est omniprésent. Le général Ben Hamo illustre l'impact sur le moral des troupes :"Nous avons des gars d'une quarantaine d'années, avec sept enfants, prêts à tout donner. Mais nous exigeons une chose : en finir. Pourquoi se battre si le terrain conquis est abandonné ?"
Cette frustration s'accompagne d'une crise de confiance envers l'armée et le gouvernement. "Nous avons besoin de voir nos sacrifices traduits en résultats concrets" , ajoute-t-il, tout en décrivant des vidéos de Libanais revenant dans des zones qui étaient récemment sous contrôle israélien.
"Un crachat au visage" : la colère des officiers
Pour le capitaine Omer Waldman, officier d'artillerie, cet accord représente un affront aux réalisations des soldats. Il explique :
"L'armée israélienne a accompli l'impossible. Mais signer cet accord, c'est un crachat au visage de ceux qui ont tout donné. On nous parle de cessez-le-feu, mais les réservistes, qui ont mis leur vie entre parenthèses, se sentent abandonnées."
Il évoque les coûts individuels de cette guerre : familles éloignées, carrières suspendues, et un niveau de stress exceptionnel. Dans son bataillon, une subvention pour la thérapie de couple a même été mise en place pour aider les soldats à surmonter les tensions.
"Nous sommes en train de vaincre, alors pourquoi s'arrêter ?"
Le major Uri Habshush, ayant passé 290 jours en réserve, partage cette frustration. Père de deux enfants, il a laissé sa femme enceinte pour rejoindre le front. "Nous avons vaincu le Hezbollah sur le terrain. Pourquoi ne pas aller jusqu'au bout ?"
Il critique également l'absence de résultats tangibles pour les habitants du nord d'Israël :
"Les habitants du nord méritent une sécurité totale. Or, 101 personnes enlevées ne sont toujours pas rentrées. Cet accord n'offre pas les garanties nécessaires."
Un autre point de vue : "Un accord excellent"
En décalage avec les critiques, le colonel Hanoch Dauba, vétéran de la Seconde Guerre du Liban, estime que l'accord est une réussite. Pour lui, la destruction systématique des infrastructures ennemies, notamment les villages de première ligne, constitue une victoire majeure.
"Atteindre la rivière Litani pour purifier la zone nécessitent des ressources colossales. Cet accord permet de sauvegarder des vies humaines et des ressources. Il est essentiel de l'appliquer avec fermeté."
Cependant, il insiste sur l'importance de maintenir une pression constante sur le Hezbollah et de préparer le terrain pour une application rigoureuse de l'accord.
Un avenir incertain
Le débat autour de cet accord met en lumière les tensions entre les besoins stratégiques à long terme et les sacrifices immédiats des soldats. Si certains, comme le colonel Dauba, perçoivent cet accord comme un pas vers la stabilité, d'autres y voient une occasion manquée de renforcer la sécurité nationale.
La véritable épreuve résidera dans l'application de cet accord et dans sa capacité à répondre aux attentes des citoyens et des soldats. "Si nous échouons à le faire respecter, alors tous ces sacrifices seront vains", conclut Dauba.
Un compromis à double tranchant
Alors que le Liban se réorganise et que le Hezbollah maintient sa présence, Israël se retrouve face à une question existentielle : cette paix fragile sera-t-elle le prélude à une stabilité durable ou à un nouveau conflit ? Les réservistes, en première ligne, rappellent à quel point le prix de cette paix a été élevé. Reste à espérer que leurs sacrifices ne soient pas oubliés.
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