La communauté juive britannique se retrouve, encore une fois, empêtrée dans un scandale lié au parti Travailliste

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La communauté juive britannique se retrouve, encore une fois, empêtrée dans un scandale lié au parti Travailliste

Un ‘bobby’ londonien au regard soupçonneux…

Au numéro 10 – AGAIN ! : Downing Street [équivalent de ‘Matignon’ chez les British, ndt] se retrouve, encore une fois, au centre d’une enquête judiciaire à propos d’un financement de campagne électorale…

Manchester (Angleterre) – Quand le scandale politique dominant les unes des journaux britanniques a éclaté, la semaine passée, l’homme qui en est au centre, David Abrahams, assistait à un dîner de charité, à Londres, au profit du Technion, prestigieux institut de technologie israélien [un grand raout similaire se déroule ces jours-ci, à Paris, avec notamment Jacques Attali en chef d’orchestre ! ndt]

Abrahams, un riche magnat britannique de l’immobilier, est un des principaux donateurs des causes juives et israéliennes, mais, le dimanche 25 novembre, tous les yeux étaient fixés sur ses largesses en faveur du parti Travailliste. Le matin de ce jour-là, le quotidien Mail on Sunday fut le premier à révéler qu’Abrahams avait secrètement siphonné des dons politiques par l’intermédiaires de comparses très nettement moins fortunés que lui. Abrahams avait transformé [par un coup de baguette magique…] un petit entrepreneur de maçonnerie installé depuis peu à son compte, un certain Ray Ruddick, en troisième donateur du parti gouvernemental britannique, par ordre de générosité décroissante !

Questionné à propos de ce scandale avant le raout du Technion, Abrahams nous a dit [nous = la revue juive progressiste Forward, ndt] que sa méthode de mécénat politique était liée à son éducation – « on doit faire les choses discrètement, et ne pas aller les chanter sur les toits » – ajoutant : « C’est ma morale personnelle… Qu’y puis-je : elle est influencée par mes origines juives… ?! ».

Mais ces explications fournies par Abrahams n’ont en rien apaisé ses détracteurs, et le scandale a commencé à carboniser la plupart des gros bonnets du parti Travailliste. Lundi dernier, le secrétaire général de ce parti, Peter Watt, a démissionné, reconnaissant qu’il était au courant de la manip.

Pour la communauté juive britannique, le scandale a des implications dont on imagine aisément l’ampleur. De nouvelles informations ont indiqué qu’un des acteurs-clés du côté des récipiendaires des largesses d’Abrahams était, lui aussi, un éminent philanthrope juif, lui aussi un des responsables de la communauté.

« Cette affaire est très préoccupante, et manifestement, elle risque de se retourner contre nous », nous [= Forward] a dit Jon Benjamin, président du Board of Deputies of British Jews [l’équivalent du CRIF, en Grande-Bretagne, ndt]. « Nous avons déjà connu ce genre de situation ». Le Panel des Président [Board of Deputies] est l’organisation-parapluie des associations juives britanniques.

Comme l’a insinué Benjamin, ce n’est là que le dernier en date des scandales du parti Travailliste à impliquer les principaux dirigeants de la communauté juive de Grande-Bretagne. L’année dernière, l’envoyé spécial de Tony Blair au Moyen-Orient, Michael Levy, fut soumis à une enquête criminelle pour avoir échangé des ennoblissements [peerages] contre des dons d’argent, et d’avoir violé une loi selon laquelle tout don de plus de 5 000 £ [environ 7 500 €uros] doit être déclaré. L’enquête a pris fin durant l’été, et Levy n’a pas été mis en examen.

Le scandale actuel, surnommé Donorgate, a été déclenché par la preuve qu’Abrahams a détourné des lois faites pour garantir la transparence du financement des partis politiques. En sus des 200 000 £ (400 000 $) données au parti Travailliste par un employé d’une des entreprises de construction d’Abrahams, trois autres intermédiaires ont été dénoncés, dont la secrétaire personnelle d’Abrahams. Les dons s’élevèrent à 600 000 £, soit un peu plus d’1,2 millions de dollars. Les responsables du parti Travailliste nièrent, dans un premier temps, qu’ils étaient au courant des méthodes de donation peu catholiques d’Abrahams, mais la preuve a émergé, depuis lors, que celui-ci était en étroite relation avec le conseiller en matière d’élections du Premier ministre Gordon Brown, un certain Jon Mendelsohn, qui se trouve être également l’ancien président du groupe de lobbying Les Travaillistes Amis d’Israël [Labor Friends of Israel].

Brown a reconnu que les dons ainsi pratiqués contrevenaient aux lois garantissant la transparence, et il a promis que le Parti les rembourserait ; mais Mendelsohn et Abrahams ne cessent depuis lors de se chamailler et de chipoter, par presse interposée…
 

Le problème, pour la communauté juive britannique organisée [eng. British Jewry, ndt], c’set le fait que ce scandale implique non seulement des personnalités qui se trouvent être juives, mais, bien plutôt, deux hommes qui sont des acteurs communautaires clés et des thuriféraires d’Israël particulièrement forts en gueule.

Mendelsohn, dont on pense qu’il s’agit d’un des magouilleurs les plus introduits au Parlement, est un ancien président de l’Union des Etudiants Juifs [Union of Jewish Students] ainsi que de la Fondation pour l’éducation en matière d’Holocauste [Holocaust Educational Trust], entre autres instances.

Abrahams a, quant à lui, été vice-président du Mouvement Travailliste juif, ainsi que membre du conseil d’administration des Syndicalistes Amis d’Israël [Trade Union Friends of Israel]. Il est membre de la Synagogue de St John’s Wood, une congrégation londonienne prospère, considérée comme le joyau de la couronne de The United Synagogue, le pendant, en Grande-Bretagne, de notre Orthodox Union [Union des juifs orthodoxes américains, ndt].

Abrahams a diffusé un communiqué, dimanche, disant qu’il se trouvait à côté de Mendelsohn lors du dîner de gala de Londres, le 25 avril.

« Je lui ai dit », a-t-il déclaré dans son communiqué, « que j’avais fait des dons tout à fait légalement au parti, et je lui ai décrit la manière dont ce don avait été effectué via certains intermédiaires, pour des raisons d’anonymat, ce à quoi, Mendelsohn m’a répondu : « C’était certainement une bonne idée ! »

Seulement, voilà : Mendelsohn a répliqué, publiant son propre communiqué, disant : « Cette dernière déclaration est totalement fictionnelle, et complètement fallacieuse. Je m’engage à coopérer sans réserve avec la police, dans son enquête. »

La tension entre les deux hommes remonte à l’époque où ils étaient ensemble à l’association Labor Friends of Israel [Les Amis Travaillistes d’Israël]. Quand Mendelsohn accéda à la tête de cette association, en 2002, il aurait (dit-on) viré Abrahams du bureau exécutif.

Des journalistes investiguent déjà sur d’autres racines juives du scandale en cours. Le Daily Telegraph a fait état de craintes qu’Abrahams « ne soit lui-même qu’un autre prête-nom pour un autre bienfaiteur mystérieux ». Ce journal a souligné certaines connexions israéliennes, et il a fait observer que l’an dernier, Abrahams avait été photographié en compagnie de l’ambassadeur d’Israël à Londres.
 
Au sein de la communauté juive, Abrahams est connu pour ses amitiés avec des hommes [et des femmes, ndt] politiques israéliens. Il a rencontré le Premier ministre israélien Ehud Olmert durant la visite que celui-ci a effectuée récemment en Grande-Bretagne. Andrew Dismore, un parlementaire travailliste, qui représente une circonscription londonienne à la forte population juive, a déclaré à la revue Jewish Chronicle que les gens « recherchent des liens avec des intérêts juifs, ainsi qu’une preuve d’un complot juif. Et il n’est pas de pierre que la presse britannique ne retourne activement, dans l’espoir d’en trouver une… »
 

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