CHARM EL CHEIKH, Egypte,le 17/01/08- George Bush a bouclé sa longue tournée au Moyen-Orient par une escale mercredi à Charm el Cheikh dont la brièveté dénote la distension récente et notable des liens autrefois privilégiés entre les États-Unis et l'Égypte.
Venant d'Arabie saoudite, où il a passé trois jours, le chef de la Maison blanche a passé moins de trois heures dans la station balnéaire de la pointe sud du Sinaï, le temps d'inviter son hôte Hosni Moubarak, qu'il n'avait revu depuis plus de quatre ans, à démocratiser davantage son régime.
Le président américain a fait l'éloge des "journalistes pionniers", "juges attaché à leur indépendance", bloggeurs et autres représentants de la société civile égyptienne qui ont pris la tête de la lutte pour "une plus grande ouverture politique" et qui ont été ces derniers temps harcelés par le pouvoir.
Les citoyens égyptiens ont "accompli des pas en avant vers la réforme démocratique et mon espoir est que le gouvernement égyptien bâtisse sur ces avancées importantes pour permettre au peuple de cette fière nation d'avoir davantage son mot à dire sur son avenir", a ajouté Bush devant son hôte impassible.
Bush n'a soufflé mot de la répression qui frappe les Frères musulmans depuis leur émergence comme première force politique d'opposition dans la foulée de la timide ouverture politique menée en 2005 sous la pression de Bush par Moubarak, au pouvoir depuis 26 ans.
SOUS LA TENTE D'ABDALLAH
À Charm el Cheikh, Bush a réaffirmé son ferme appui au gouvernement libanais de Fouad Siniora - soutenu par l'Arabie saoudite - et il a sommé la Syrie et l'Iran de cesser leurs "ingérences" au Liban, les accusant d'encourager l'opposition à bloquer tout règlement de la crise politique.
La veille, dans un quartier du nord de Beyrouth, une voiture piégée avait explosé au passage d'un 4x4 blindé de l'ambassade des États-Unis, faisant au moins trois morts et une quinzaine de blessés, mais dont aucun ne serait de nationalité américaine.
Au même moment, le président américain passait la nuit sous les tentes du campement bédouin du roi Abdallah, dans le désert proche de Ryad, signe de la chaleur retrouvée des liens entre l'Arabie et les États-Unis, quelque peu malmenés par l'aventure irakienne de Bush.
Bush attend de Ryad - avec lequel il est au diapason sur le Liban - qu'il pousse à une hausse de la production de l'Opep pour faire baisser les cours du pétrole, actuellement à leurs plus hauts historiques, et la Maison blanche a fait savoir qu'il avait trouvé en Abdallah un interlocuteur compréhensif.
À Ryad, comme auparavant aux Émirats arabes unis, au Bahreïn et au Koweït, le chef de l'exécutif américain s'est employé à obtenir un soutien franc à son initiative pour résoudre le conflit israélo-palestinien et à sa diplomatie offensive vis-à-vis de l'Iran.
Lors de sa visite en Israël et en Cisjordanie occupée, mercredi et jeudi derniers, Bush s'est dit convaincu d'arracher au Premier ministre Ehud Olmert et au président palestinien Mahmoud Abbas un accord de paix avant son départ de la Maison blanche, dans un an.
"JE PENSE CE QUE JE DIS"
Malgré le scepticisme diplomatique ambiant, il a obtenu que les deux parties engagent leurs premières négociations sérieuses depuis sept ans sur le fond de leur contentieux - frontières du futur État palestinien, statut de Jérusalem, sort des colonies juives et droit au retour des réfugiés.
Olmert a redit mercredi qu'il était prêt à aller jusqu'au bout de ce processus, bien que celui-ci ait provoqué le départ de l'aile droite de sa coalition. Abbas a dit partager la conviction de Bush que le paix était possible cette année, malgré les opérations particulièrement meurtrières de Tsahal à Gaza ces dernières 48 heures.
Au début de sa tournée, Bush avait invité tous les États arabes visités à soutenir le processus, lancé fin novembre à la conférence de paix d'Annapolis, et à tendre la main à Israël. Ceux-ci "voulaient savoir si les efforts de États-Unis étaient réels", a-t-il dit.
"Quand je dis que je reste engagé, je le pense. Quand je dis que je suis confiant qu'un accord peut être obtenu, je pense ce que je dis", leur a-t-il réaffirmé mercredi à Charm el Cheikh, au terme de sa tournée d'une semaine.
Le président américain, qui n'avait pas mis les pieds en Israël et dans les territoires occupés en sept ans de mandat, a notamment confirmé qu'il reviendrait dans la région à l'occasion du 60 anniversaire de la proclamation de l'État juif en mai.
"MAMANS ET ENFANTS DANS LES RUES DE BAGDAD"
À chaque étape de sa tournée, Bush s'est également attaché à obtenir un soutien dans son bras de fer avec l'Iran. "J'ai fait clairement savoir que toutes les options sont sur la table, mais que j'aimerais résoudre le problème par la diplomatie", a-t-il confié.
Le prince Saoud al Fayçal, ministre des Affaires étrangères saoudien, a résumé les réticences des États du Golfe quant à une éventuelle confrontation en soulignant que l'Iran état "un pays voisin et important" auquel "il ne veut naturellement pas de mal".
Le chef de la Maison blanche s'est enfin efforcé de justifier devant ses interlocuteurs arabes plus que réservés les bienfaits supposés de sa politique en Irak. "La décision d'y envoyer des troupes supplémentaires a marché. La violence est en régression", a-t-il affirmé.
La secrétaire d'État Condoleezza Rice, qui a profité de sa présence aux côtés de Bush pour faire un crochet par Bagdad mardi, y a constaté que "la vie reprend son cours dans les rues" et que "les mamans y sortent de nouveaux avec leurs enfants", dit le président américain.
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