Israël, jour de bascule : "Ainsi meurt la démocratie"
Bonjour à vous, citoyens d'Israël. Aujourd'hui semble être une journée ordinaire : le soleil brille, les enfants vont à l'école, le café fume dans les tasses, et les embouteillages, toujours aussi ennuyeux, nous ralentissent sur le chemin du travail.
Mais derrière cette routine, une réalité bien plus sombre se profile.
Vous vivez depuis ce matin dans une démocratie du passé, dans un pays où le pouvoir d'un homme prime sur les institutions et les valeurs nationales. £Quand le Premier ministre devient plus important que le pays qu'il est censé servir, le terme "démocratie" devient obsolète.
Les démocraties peuvent mourir dans des bains de sang, mais elles peuvent aussi disparaître lentement, graduellement, insidieusement.
Aujourd'hui, Israël est peut-être à cette croisée des chemins. La deuxième mise à pied de Yoav Gallant est l'un des signes les plus alarmants. La première fois, Gallant a été renvoyé pour avoir mis en garde contre l'impact désastreux du coup d'État sur la perception de nos ennemis.
Cette fois, il est évincé pour avoir refusé de légaliser la fuite des ultra-orthodoxes, créant ainsi un risque pour la survie politique de Netanyahu. Le maintien au pouvoir de Netanyahu est devenu une priorité absolue, bien au-dessus de la sécurité nationale et du bon fonctionnement de l'État.
Quand la loyauté personnelle supplante la compétence
Le choix de remplacer Gallant par Israel Katz en tant que ministre de la Défense est symptomatique. Politicien chevronné du Likoud, Katz est à l'aise dans les manœuvres politiques internes, mais faire la guerre n’a jamais été son domaine de compétence.
L’armée pourra peut-être s’adapter, mais qu’adviendra-t-il des relations complexes avec le ministère américain de la Défense ? Katz, qui a déjà suscité des tensions avec plusieurs pays en tant que ministre des Affaires étrangères, est-il réellement prêt à gérer les crises de sécurité les plus sensibles ?
Pour Netanyahu, plus son ministre de la Défense sera perçu comme incompétent, plus il en tirera profit. Il n’y a pas de véritable lien de confiance entre lui et ses ministres ; seul leur dévouement à son égard compte. Gallant a osé contester cette dynamique en mettant en avant les intérêts du pays avant ceux du Premier ministre. En retour, il est évincé pour avoir défendu une vérité qui menaçait le pouvoir de Netanyahu.
Un pouvoir sans contrepoids
La loi autorise certes le Premier ministre à révoquer des ministres, une prérogative cruciale pour maintenir la cohésion gouvernementale. Mais la Knesset n'avait pas prévu qu'un jour, cette autorité pourrait être exploitée au service d'une obsession du pouvoir personnel.
Des figures politiques, élues démocratiquement, ont parfois glissé vers la dictature ; l'Histoire regorge de tels exemples, de Ceausescu à Orban. Les actions de Netanyahu s'inscrivent dans cette lignée, où le maintien au pouvoir l’emporte sur toute autre considération.
Comme l'avait dit Lord Acton, le pouvoir tend à corrompre. Aujourd'hui, il n'est pas exagéré de dire que le pouvoir pousse même des individus avisés à sombrer dans un comportement quasi autocratique. Alors que la guerre persiste, le danger n’a jamais été aussi clair et immédiat.
Lueur d'espoir : Gallant, figure de la résistance ?
Peut-être que de cet événement émergera une lueur d'espoir. Gallant, désormais écarté, pourrait devenir le leader d'un mouvement rassemblant les Israéliens autour d'une idée simple : « Pas plus ». Là où l'opposition reste éparse et divisée, Gallant pourrait incarner une alternative crédible et déterminée pour dire non aux dérives actuelles et porter un espoir de renouveau démocratique.
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