
Embargo sur les armes : tensions entre Israël et la France après les déclarations de Macron
Macron appelle à un embargo sur les armes : la réaction indignée de Netanyahou
À Jérusalem, les autorités israéliennes n'ont pas été surprises par les récentes déclarations du président Emmanuel Macron concernant la mise en place d'un embargo sur les armes contre Israël.
Cette position de la France fait suite à des motivations politiques, mais aussi à une volonté de s'impliquer dans le processus de paix au Moyen-Orient, en particulier avec le Liban.
Sur le plan pratique, cette décision a peu d'impact, les exportations d'armes françaises vers Israël restant marginales. Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a vivement critiqué Macron, et a déclaré : « Israël gagnera avec ou sans vous. » En retour, un porte-parole de l'Élysée a jugé les propos de Netanyahou « exagérées ».
Une confrontation directe entre Paris et Jérusalem
Cette tension fait suite à l'annonce de Macron appelant à un embargo sur les armes contre Israël, une position alignée sur la résolution initiée par les Palestiniens à l'Assemblée générale des Nations Unies le 18 septembre. Cette résolution plaidait également en faveur d'un embargo. Pourtant, Benyamin Netanyahou s'est dit indigné par la déclaration française. Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, il a accusé la France et d'autres dirigeants occidentaux de cibler injustement Israël :
« Nous luttons sur sept fronts contre les ennemis de la civilisation, et pourtant, le président Macron et d'autres dirigeants occidentaux appellent maintenant à un embargo sur les armes contre Israël. Honte à eux. [...] Israël gagnera, mais votre honte durera longtemps après notre victoire. »
La réponse de l'Élysée et l'impact limité de l'embargo
En réaction aux propos du Premier ministre israélien, un responsable de l'Élysée a réitéré le soutien de Macron à la sécurité d'Israël. Le porte-parole a déclaré :
« Macron est attaché à la sécurité d'Israël et l'a démontré. La France a mobilisé ses moyens militaires après l'attaque iranienne du 1er octobre, comme elle l'avait déjà fait en avril. [...] Un cessez-le-feu immédiat est nécessaire à Gaza comme au Liban pour freiner la montée des violences, libérer les otages, protéger les populations et trouver des solutions politiques. »
Malgré la portée symbolique de cette déclaration, l'impact réel de cet embargo sur le terrain reste limité. En effet, la France n'a pas exporté d'armes vers Israël depuis le début du conflit. Même avant cela, les exportations françaises étaient réduites, se limitant aux composants électroniques comme aux viseurs infrarouges et aux capteurs thermiques.
En 2022, la France a exporté pour environ 20 millions d'euros de matériel militaire vers Israël, un chiffre négligeable en comparaison des 27 milliards d'euros de matériel de défense exporté par la France la même année.
Poursuites judiciaires et restrictions sur les licences d'exportation
En décembre dernier, des organisations pro-palestiniennes ont intenté des poursuites contre le gouvernement français, accusant l'exportation d'armes qui contribue à la guerre à Gaza.
Les tribunaux français ont cependant conclu que les licences délivrées et les armes fournies à Israël n'étaient pas utilisées dans le cadre du conflit, ce qui a mené au rejet de la plainte. Depuis le début du conflit, la France a suspendu toute nouvelle licence d'exportation d'armes vers Israël, une démarche suivie également par l'Allemagne.
Le ministre français de la Défense, Sébastien Lecornu, a confirmé cette décision en mars dernier lors d'une conférence de presse, affirmant que la France n'exportait que des composants mécaniques mineurs, dont certains pour le système de défense Dôme de Fer, uniquement dans le cadre de contrats avec des pays tiers où Israël est sous-traitant. Toutefois, des organisations pro-palestiniennes ont affirmé que la France fournissait également des composants optiques utilisés dans les drones.
Les salons de défense en ligne de mire
En juin 2023, le salon d'armement « Eurosatory » avait décidé d'interdire la participation des délégations de sécurité israéliennes. Bien que le gouvernement français soit intervenu pour annuler cette décision, l'événement s'était déroulé sans la participation des entreprises israéliennes. La question se pose désormais de savoir si la France empêchera la participation d'acteurs israéliens au salon "Euronaval", qui se tiendra début novembre à Paris.
Des motivations politiques intérieures et extérieures
Pour les observateurs des relations franco-israéliennes, la position de Macron répond à une double logique. D'une part, sur le plan intérieur, l'extrême gauche française, représentée par Jean-Luc Mélenchon et sa faction parlementaire, fait pression sur le gouvernement pour soutenir la cause palestinienne. Face à cette opposition, Macron cherche à montrer son implication sans laisser Mélenchon monopoliser le débat.
D'autre part, sur le plan international, la France souhaite renforcer son statut de médiateur au Moyen-Orient, notamment au Liban, un pays où elle a traditionnellement exercé une influence. En se positionnant en faveur de la fin des exportations d'armes vers Israël, la France espère renforcer sa position diplomatique dans la région, d'autant plus que le climat politique américain reste fragile à l'approche des élections. Toutefois, à Jérusalem, la déclaration de Macron pourrait bien miner sa crédibilité dans toute tentative de médiation future.
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