Emilie Ramet est une jeune-femme surprenante.
Elle est intimement persuadée que le hasard n'existe pas et qu'il faut se fier à sa petite voix intérieure.
C'est ainsi, qu'elle découvre, au cours d'une conversation entre deux collègues de bureau, pas censée être entendue par elle, une information qui va bouleverser sa vie.
Son groupe sanguin ne correspond pas à celui de son père.
Mais qui est donc son père biologique alors ?
Part-elle à sa recherche ? Même pas ! C'est lui, qui "par hasard" va la retrouver grâce à Facebook.
Rien de très original, me direz-vous, que votre père ne soit pas votre père, c'est une histoire qui remonte à la nuit des temps. Mais, ne vous ai-je pas dit qu'Emilie est surprenante ?
Son père biologique retrouvé n'est que la première étape de son destin !
Elle découvre, également, le judaïsme qui est la religion de son père.
La révélation se trouve dans ses entrailles avec cette identité enfouie.
"J'ai été baptisée mais au moment de la communion, j'ai refusé de la faire.
Le discours de l'église ne me parlait pas. Je pensais, alors, que j'étais atypique sans trop me poser de question, il est vrai que je faisais toujours les choses d'une façon différente, sans savoir, en tout cas consciemment, que j'étais différente depuis ma conception"
Claudine Douillet - Quand on écoute votre podcasts on est subjugué par la maîtrise du ton et du choix des mots, c’est sublime. Combien de temps vous a-t-il-fallu pour mettre les mots sur ces bouleversements émotionnels ?
Podcast le hasard n'existe pas Emilie Ramet.
Emile Ramet - Les choses se sont révélées à moi, progressivement.
Entre le moment, où j'ai su que mon père n'était pas mon père et celui d'avoir retrouvé mon père biologique, il s'est écoulé pas moins de quatre années et encore trois supplémentaires pour comprendre que je me sentais juive.
CD - Pensez vous que ceux sont les non-dits, les secrets de famille qui vous ont mis sur la voie ?
ER -Sans aucun doute. La clé de mon intuition est liée à ce qui m'a été caché si longtemps, à ces mensonges à plusieurs niveaux.
Petite, déjà, je sentais qu'on me cachait quelque chose, mais je n'avais ni les mots, ni les questions. Quand la voix se tue elle vous met sur la voie.
CD - Vous découvrez votre père biologique et en même temps le judaïsme,vous entamez une conversion, apprenez l’hébreu, j’ai envie de vous dire pourquoi vous êtes vous sentie juive à ce moment là ?
ER- En fait,comme expliqué, les choses se sont faites progressivement. Ça a pris approximativement, en tout, 7 ans.
C'est un cheminement. Je me suis découverte progressivement juive, au contact de mon père et de sa propre famille, de mes frères et soeurs, ses enfants.
Je me suis connectée ainsi au judaïsme, aux fêtes juives, j'allais aussi à la synagogue et étonnamment, je me sentais en accord, il n'y avait plus ce manque.
Puis, j'ai découvert, pour la première fois, Israël avec mon père, ça était le coup de foudre.
Par la suite j'y retournerai plusieurs fois jusqu'à vouloir faire mon alyah.
Pour anecdote, lors d'un confinement, j'ai dû abréger un de mes séjours en Israël, j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps. C'était comme si je quittais ma maison, ma famille. J'ai pris conscience de mon lien avec cette terre, avec ce pays, avec ces gens dont je ne parlais pas encore la langue. J'aime son énergie, c'est un pays que j'adore.
J'ai donc voulu apprendre l'hébreu à mon retour. Justement, durant le confinement et je poursuis encore mon apprentissage au quotidien. Mais je sentais que ce n'était pas assez.
J'ai voulu faire mon alyah, j'ai demandé si une prise de sang pour prouver que j'étais juive était suffisante afin de déposer mon dossier à l'Agence Juive. Non. Il fallait officialiser mon identité. C'est là que j'ai entrepris ma conversion.
Je voulais me sentir alignée avec ce que j'ai toujours était au fond de moi, juive.
CD - Pourquoi avez vous ressenti le besoin d'exprimer avec autant de fougue votre histoire ?
ER - Parce que justement elle avait été trop longtemps cachée, par ma mère , tout d'abord, puis par mon père. C'était comme si que je voyais la lumière au bout du tunnel. Il fallait que je rattrape le temps perdu. Et quoi de mieux que de faire exploser sa propre histoire pour se l'approprier.
Les mots sur les maux, est une faculté, j'écris, j'exprime, je suis comédienne. Ma voix a été mon salut, je m'en rend compte aujourd'hui.
CD - Et comment votre mère et votre père ont pris votre démarche ?
ER - Ma mère ne m'a pas accompagnée, elle voulait que je garde secret son secret et que j'en parle pas à mon père. Seulement je n'ai pas pu, il fallait que ça sorte.
CD - Vous l'avez donc dit à votre père ?
ER - Oui mais ... Mon père m'avoue à ce moment là qu'il l'a toujours su.
CD - Comment avez vous pris cette nouvelle découverte ?
ER - le premier choc passé, cette nouvelle donnait un nouvel éclairage sur mon enfance et même plus tard. Ce n'était mon père que sur le papier. Notre relation était fausse depuis le départ. Il savait que je n'étais pas sa fille mais ma mère ne savait pas qu'il le savait...Vous imaginez !
CD - J'ai lu que vous cherchiez un éditeur pour votre manuscrit.
Ne pensez-vous pas que les podcasts sont une solution plus adaptée pour une telle transmission ? Ne rejoint-elle pas la transmission orale si chère au judaïsme ?
ER - C'est parce que je ne pouvais plus garder cette histoire, pour moi, dans l'attente d'un éditeur que j'ai décidé de la publier via les podcasts.
Mais, ceux sont les mots de mon manuscrit.
Ces premières publications m'ont permis d'entrer en contact avec nombre de personnes ayant vécu une histoire à peu près similaire, elle est devenue utile, une voix pour d'autres.
Elle a rencontré sa propre résonance.
Mais, j'ai également entendu des personnes qui souhaitent lire cette histoire.
Toutes ne sont pas connectées et le livre est une autre façon de se livrer.
CD - Que pensez-vous de votre vie, à présent que vous en détenez les tenants et les aboutissants ?
ER - Vous savez, je fais partie de ces personnes qui pensent que l'on choisi notre vie, notre famille avant notre incarnation et je me dis que j'ai de la chance, beaucoup de chance d'avoir choisi cette vie, elle va en crescendo. J'accomplie mon destin en toute sérénité.
Je suis pleine de gratitude envers ma vie.
CD - Maintenant que vous avez trouvé votre voie et que vous êtes en alignement avec ce pour quoi vous êtes née, quel est le vœu que vous lancez à l’univers ?
ER - Vivre en Israël ! Et je vais vous faire une confidence c'est une exclue.
Ma propriétaire m'a appelée juste avant votre appel pour me dire qu'elle souhaitait mettre fin à mon bail, j'ai pensé que c'était un nouveau petit coup de pouce du destin afin d'accomplir ce voeux, faire mon alyah.
Propos recueillis par Claudine Douillet pour Alliance premier magazine sur le net de la communauté juive.
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