
A la veille d'un voyage à Dubaï, je me suis intéressée aux repas cacher pour passer Shabbat sur place.
Et c'est un peu par le hasard des algorithmes de Facebook que j'ai rencontré Aurélie Malai.
Intriguée par l'étendue de sa carte de menu, je pris contact avec elle via Messenger..
En échangeant avec elle, je me suis dit que partager son expérience avec nos lecteurs serait intéressant. Et c'est ainsi que derrière un écran Zoom, nous fîmes connaissance.
Claudine Douillet - Bonjour Aurélie, vous vivez à Dubaï depuis juillet 2022 ? Comment en arrive-t-on à s'installer dans cette ville ?
Aurélie Malai - Nous habitions Ashdod, nous étions installés en Israël depuis plus de huit ans. Nous étions très heureux en Israël. J'adore Israël. Mais, un jour mon mari a décidé d'ouvrir une usine de prothèses dentaires à Dubäi avec un ami.
Je n'y croyais pas, il n'était pas du métier, je ne voyais pas comment. Alors avec cet ami, ils ont fait une étude de marché. Et en mai 2022, les choses ont commencé à se préciser sérieusement. Mon mari a loué la maison dans laquelle nous sommes. Tout est allé très vite ensuite. Il fallait inscrire les enfants à l'école, ce qui était pour moi une épreuve.
CD - Pourquoi une épreuve ?
AM - Nous avions le choix entre l'école française et l'école américaine qui sont bien entendu des écoles privées.
J'ai choisi l'école américaine, parce que l'ambiance se rapprochait le plus des écoles israéliennes. Les institutrices sont chaleureuses, évidemment ils ne mangeront pas de borekas en classe avec leur institutrice, on n'en est pas là (rires), mais malgré le fait que ne soit pas une école juive, ils portent la kippa et les tsitsits sans problème.
Ici à Dubaï, il y a un vrai respect de toutes les cultures. On ne sent ni discriminé ni menacé.
Nous n'avons pas à cacher le fait que nous venons d'Israël. Bien au contraire, nous sommes très appréciés. Dubaï est une ville parfaite, tout ce qui est écrit est vrai. Pas de drogue, pas de criminalité, pas d'antisémitisme, ce sont d'énormes avantages pour les familles.
CD - La scolarité est-elle payante, ou gratuite comme en France par exemple ?
AM - Non, ici tout est payant à commencer par les écoles. Nous payons 2000 $ par mois pour chaque enfant dans cette école privée américaine. A Dubaï, l'école française est 50% moins chère mais cela reste un budget.
CD - En effet, mais vous ne payez pas d'impôts à Dubaï ?
AM - C'est exact. Mais cela ne compense pas les frais de scolarité annuels. Et n'ayant pas encore de revenus réguliers, il nous a fallu prévoir un gros budget pour venir s'installer à Dubaï surtout avec quatre enfants.
CD - Mais alors que vous manque-t-il pour être totalement heureuse ?
AM - Israël ! Israël avec tous ses défauts. Je suis une pure sioniste et l'ambiance d'Israël est unique au monde, vous ne la retrouverez nulle part ailleurs. J'aimais être sur ma terrasse et entendre ses bruits familiers, sentir les odeurs de cuisine les shabbats et les fêtes, ce sont ces petits-riens qui me faisaient me sentir chez moi, même dans la rue.
J'aimais voir mes enfants aller à l'école heureux, heureux de retrouver leurs copains, de voir leurs institutrices. Je dois reconnaître que cet amour des enseignants pour les enfants, je ne l'ai vu nulle part ailleurs qu'en Israël. Israël c'est un attachement, c'est le coeur. Et j'espère que nous pourrons y revenir un jour.
Pour exemple, nous sommes à la veille de Pourim. Je ne retrouve pas cette liesse de la fête, pas de déguisements prévus non plus. On le fait chez nous, certes, mais nous nous sentons un peu comme étrangers. Pour moi, avoir quitté Israël, c'est comme si on m'avait arrachée à mon identité.
CD - Votre mari est en pleine reconstruction de carrière à Dubaï, quelles sont les différences avec Israël pour le business ?
AM - Avec tout l'amour que j'ai pour mon pays, Israël, je dois reconnaître que réussir en Israël, malgré la volonté et l'argent, n'est pas facile. On nous met des bâtons dans les roues, il y a des empêcheurs de tourner en rond.
C'est un pays où les lobbys dominent, donc sans le réseau, sans la "protectia" comme on dit, il est difficile de réussir pleinement.
Ici, à Dubaï c'est différent, ce qui est dit est fait. Les gens sont bienveillants et encouragent à la prospérité Il faut savoir qu'à Dubäi, seuls 10% de la population est émirati et 90% sont des étrangers. Les Emiratis quant à eux, bénéficient de la gratuité pour les écoles, les terrains offerts à 18 ans, les soins... Ce sont en quelque sorte nous, les "étrangers", qui finançons une partie du système mais nous profitons également de leurs structures.
CD - Vous semblez tiraillée entre les deux pays, pourquoi ?
AM - Parce que c'est une bataille quotidienne entre la raison et le coeur. Israël représente le coeur, l'attachement, la nostalgie, notre pays, comme ma famille, mais c'est vrai que Dubaï représente la sécurité pour nous , pour nos enfants, leur avenir grâce à une plus grande rigueur dans les études.
Je suis consciente de ce que l'on gagne ici.
J'ai trois garçons. Il est vrai que je serais fière de voir mes fils soldats de Tsahal, mais je reste avant tout une mère et j'aurais peur pour eux.
Même si j'adore la bienveillance des enseignants en Israël, je sais bien que c'est parfois trop laxiste. En Israël, l'école se termine à 13 heures et mes enfants passaient leur temps dehors avec leurs copains. Tant qu'ils étaient petits, pas de grands dangers, mais plus tard, par quel miracle échapperont-ils aux mauvaises fréquentations et à la drogue ? Ce sont de vraies questions. Et je m'interdit d'être égoïste par sionisme.
CD - Bon, et si on parlait enfin de votre Success Story , My Little Kitchen. Comment avez vous eu l'idée de vous mettre à cuisiner cacher à Dubaï ?
AM - J'ai toujours cuisiné ou pâtissé en Israël. En Israël déjà, mon mari me pressait pour que je vende mes gâteaux mais je ne me sentais pas légitime. J'avais déjà un métier, j'étais maquilleuse et cela m'allait très bien. Mais une fois arrivée à Dubaï, la demande était trop grande pour l'ignorer.
Alors j'ai commencé à proposer mes services de traiteur. J'ai donc acheté un nouveau réfrigérateur et un autre congélateur. Et je me suis lancée.
CD - Quelle a été votre plus grosse commande pour un Shabbat ?
AM - 40 personnes en comptant le vendredi soir et le samedi midi.
CD - Félicitations. Mais comment expliquez vous ce succès fulgurant ?
AM - je n'ai pas tellement de mérite, vous savez. Il y a très peu de concurrence. Il y a le traiteur Habbad, mais ce n'est pas de la cuisine maison et c'est aussi une bénédiction qu'il soit là pour tous les Juifs qui viennent à Dubaï et veulent manger casher, mes enfants d'ailleurs suivent les cours du Tamuld Torah là-bas.
Je me suis donc positionnée, par défaut, en tant que traiteur maison. Je précise que tous mes produits sont cacher, la viande vient directement d'Israël, les épices aussi. Mais je n'ai pas le certificat de cacheroute car je cuisine de chez moi. Cependant, ceux qui me connaissent savent que j'ai toujours été très exigeante sur la cacheroute.
CD - Comment vous procurez-vous les produits cachers et la viande justement ?
AM : Directement d'Israël, et quelques fois au petit supermarché cacher ici à Dubaï. Le moins cher en produits cachers reste Israël.
CD - Comment vous êtes-vous fait connaître ? Et quelle est votre spécialité ?
AM - Je me suis fait connaître par le bouche à oreille, ma cuisine est traditionnelle et tunisienne. Comme je cuisine seule, je propose un menu unique pour mes clients, composé de 6 salades, un plat de poisson, le couscous du vendredi soir et pour le samedi midi, poulet rôti ou poulet teriyaki avec accompagnement. Et évidemment, le dessert au choix .
Je laisse la possibilité à mes clients de rajouter des suppléments pour les plus gourmands, tels que les boulettes tunisiennes, la minina, des salades et des desserts.
Les boulettes tunisiennes sont très appréciées en supplément ainsi que mon roulé à la crème pâtissière et fraises.
CD - Et pour les prix ? Combien coûte un shabbat complet pour 2 personnes par exemple ?
MA - 162 euros tout compris.
CD - Et pour terminer, qu'aimeriez vous dire à nos lecteurs qui envisagent de venir s'installer à Dubaï ?
MA - Je dirais qu'il faut avoir un vrai projet à Dubaï, et qu'il faut aussi un vrai budget pour louer un appartement. Il vous sera demandé jusqu'à un an d'avance, de même pour les frais de scolarité et les soins. Ici, vous êtes responsables de tout, tout est payant.
Il faut laisser sa nostalgie de côté car c'est une merveilleuse expérience. Et surtout surtout, parler l'anglais.
Pour contacter Aurélie Malai de My Little Kitchen
Sur Instagram @mylittlekitchenkosherdubai
Facebook : https://www.facebook.com/aurelie.malai.9?locale=fr_FR
Par teléphone : 00971585762770
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