
Le film évènement de cette semaine est celui qui a remporté le Prix de la mise en scène du 67ème Festival de Cannes, Foxcatcher de l'américain Bennett Miller. Inspiré d'une histoire vraie, Foxcatcher raconte l'histoire tragique et fascinante de la relation improbable entre un milliardaire excentrique et deux champions de lutte.
Lorsque le médaillé d'or olympique Mark Schultz est invité par le riche héritier John du Pont à emménager dans sa magnifique propriété familiale pour aider à mettre en place un camp d'entraînement, dans l'optique des JO de Séoul de 1988, Schultz saute sur l'occasion : il espère pouvoir concentrer toute son attention sur son entraînement et ne plus souffrir d'être constamment éclipsé par son frère, Dave.
Obnubilé par d'obscurs besoins, du Pont entend bien profiter de son soutien à Schultz et de son opportunité de "coacher" des lutteurs de réputation mondiale pour obtenir - enfin - le respect de ses pairs et, surtout, de sa mère qui le juge très durement.
Flatté d'être l'objet de tant d'attentions de la part de du Pont, et ébloui par l'opulence de son monde, Mark voit chez son bienfaiteur un père de substitution, dont il recherche constamment l'approbation. Entretemps, du Pont commence à s'intéresser de plus en plus à Dave, qui dégage une assurance dont manquent lui et Mark, et il est bien conscient qu'il s'agit d'une qualité que même sa fortune ne saurait acheter.
Entre une paranoïa croissante de du Pont et son éloignement des deux frères, les trois hommes semblent se précipiter vers une fin tragique que personne n'aurait pu prévoir... Foxcatcher se révèle être un véritable tour de force de la part des comédiens Channing Tatum et Mark Ruffalo qui ont du s'entrainer jusqu'à cinq heures par jour. Pour jouer le rôle de ce milliardaire excentrique et complètement mégalomane, Steve Carell, habitué des rôles beaucoup plus comiques, s'est littéralement transformé pour ressembler à John du Pont. L'acteur de 52ans prouve qu'il peut changer de registre en un seul clic.
Les scènes de lutte, pour lesquelles les acteurs du film ont du œuvrés, sont réalisées telles des chorégraphies. La tension du film monte en puissance pour arriver à une fin qui vous glace le sang. Après avoir réalisé une puissante chronique sur (Truman) Capote, Bennett Miller prouve avec Foxcatcher qu'il possède un réel talent à traiter les défaillances de l'Amérique.
Peut être que certains trouveront le film lent, mais l'existence de ce rythme permet de nous attarder sur les corps et les visages, parfois meurtris des personnages. Avec pas moins de cinq nominations aux Oscars 2015, le film fait évidemment parti des favoris.
Réponse le 22 février prochain.
Laurent Bartoleschi
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