Ce psychologue israélien a réalisé la rencontre impensable -vidéo-

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Dan Bar-On psychologue israélien, enfants des nazis et enfants des rescapés de la shoah

Dan Bar-On était un psychologue israélien renommé, spécialisé dans les questions de mémoire collective et de réconciliation. Il est surtout connu pour son travail novateur sur les rencontres entre les enfants des victimes de la Shoah (l'Holocauste) et les enfants des anciens nazis, qu'il a organisé dans les années 1990.

La rencontre impensable entre enfants des nazis et enfants des rescapés de la shoah en avril 93

La rencontre impensable entre enfants des nazis et enfants des rescapés de la shoah en avril 93

 

Bar-On est né le 29 avril 1938 à Haïfa, en Israël, et il est décédé le 4 septembre 2008. Il a passé une grande partie de sa vie à explorer les mécanismes psychologiques et sociaux liés à la violence collective et aux conflits ethniques. Il était convaincu que la guérison et la réconciliation étaient possibles, même dans les situations les plus difficiles.

Dans les années 1990, Bar-On a initié un projet audacieux appelé "Legacy" (Héritage) qui visait à réunir des groupes de jeunes Israéliens et Allemands dans le but de favoriser la compréhension mutuelle et de briser le cycle de la violence organisé de la Seconde Guerre mondiale et de l'Holocauste. Il a travaillé en collaboration avec d'autres organisations et chercheurs, notamment le psychologue allemand Ulrich Wagner.

Ces rencontres entre les descendants des victimes et des bourreaux étaient un défi considérable, car elles impliquaient des traumatismes intergénérationnels profonds et des complexes de responsabilités collectives. Bar-On croyait que l'empathie et la compréhension mutuelle étaient essentielles pour surmonter les divisions et construire un avenir plus pacifique.

Les rencontres "Legacy" ont commencé par des groupes de jeunes adultes, puis se sont élargies aux adolescents et aux enfants.

Les participants ont eu l'occasion de partager leurs histoires familiales, d'exprimer leurs émotions et de discuter des questions liées à l'identité, à la culpabilité et à la réconciliation.

Ces expériences ont souvent été intenses et émotionnelles, mais elles ont également permis aux jeunes de développer des relations positives et de remettre en question les stéréotypes et les préjugés.

Son approche pionnière a été évoquée par de nombreux chercheurs et praticiens de la paix à travers le monde.

Pendant près de trois ans, ce psychologue israélien a préparé une rencontre entre des enfants de nazis et des enfants de victimes de la Shoah.

Ainsi, les enfants des victimes de la Shoah et les enfants de criminels, sont allés – ensemble – à Auschwitz, à Dachau, à Yad Vashem.

Des enfants de bourreaux ont pu se dire : « […] ce qui mine, détruit à l’intérieur de soi. L'exprimer devant eux, permettait de nous donner la permission de parler et de pleurer, car il n'y a qu'eux qui peuvent nous donner cette autorisation.

Il n’y avait qu’eux qui peuvent apaiser cette culpabilité dans laquelle on s’enlise
Continuer d’aimer des parents impliqués dans « tout ça » ne faisait-il pas de nous des complices ? Complices contre notre gré, mais aussi coupables ? Que faire ?

Traîner notre honte de ce pays, notre colère qu’on nous ait légué « ça », notre douleur d’être nés « là », de ces gens-là ?

Une fille de rescapés m’a pris la main en me disant qu’un enfant avait le droit d’aimer ses parents. Un allemand n’aurait jamais pu me dire cela. Cela m’a sauvée. (Nathalie F)

Du côté des victimes, la question pouvait être celle d’un sentiment de trahison :
« Est-ce que je trompe la confiance des miens ? »

Les points communs se sont révélés autour du problème des racines, celles qui manquent avec la disparition des grands-parents, celles que l’on rejette car ressenties comme empoisonnées entraînant parfois l’effroi « à l’idée d’avoir des enfants ».

Pourtant malgré des drames, des colères, des réticences, ces rencontres semblent avoir apaisé ceux qui ont pu y participer comme aucune thérapie n’avait pu le faire, en les aidant à devenir des passeurs de mémoire. « Je suis si contente que la haine de mon père ne vous ait pas empêché de naître » a dit une fille de nazi à une fille de rescapé. « Nous pleurions tous ensemble. »

Le fils de Martin Bormann qui est devenu prêtre (voir la vidéo) en opposition à son père qui haïssait les catholiques, prépare pour les professeurs allemands, des textes nazis (dont les lettres de son père) pour un travail sur la propagande à travers la manipulation et la perversion de la langue.

Des psychologues animent des séminaires pour des psychothérapeutes sur le difficile abord de la Shoah. Si chaque histoire est unique, le travail de mémoire requiert un effort collectif. C’est seulement à partir de ce travail qu’une restauration de l’estime de soi, une redécouverte de l’idéal du moi, une restructuration de la psyché peut advenir patiemment, dépassant la honte et la haine.

Y-a-t-il un morale post-shoah ?

La Shoah a affaibli la conscience morale du monde, mais l'élimination totale des atrocités reste un défi constant.
Les horreurs de l'Holocauste ont provoqué des réactions de choc, de culpabilité et de compassion à travers le monde. Deux expressions souvent associées à la morale post-Shoah sont "on ne peut pas dire ça" et "plus jamais ça".
Ces expressions ont plutôt amélioré des sentiments et des aspirations qu'une réalité concrète.

Dan Bar-On L'héritage du silence

Dan Bar-On L'héritage du silence

L'héritage du silence : 

L'héritage du silence Rencontres avec des enfants du 3ème Reich
Le point de départ de cet ouvrage a été la volonté de Dan Bar-On de comprendre comment, surmontant le mur de silence dressé par leurs parents, des enfants de criminels nazis ont pu vivre avec leur héritage et trouver en eux-mêmes les forces pour tracer leur propre chemin.

Au-delà des histoires émouvantes qu'il a su, par son écoute attentive, recueillir de la part de ses interlocuteurs, ces entretiens, reproduits ici dans leur littéralité, prolongent un travail de même ordre effectué antérieurement avec des descendants de victimes de l'Holocauste.

Ils montrent la force destructrice qu'un passé traumatique refoulé, tant qu'il n'a pas été revisité et élaboré, est susceptible d'exercer à leur insu sur les générations successives.

Déplaçant ses intérêts du passé vers le présent, ces réflexions l'ont conduit à mieux identifier les fondements psychologiques des conflits opposant des communautés, au Moyen-Orient notamment, et à les aider à trouver les voies d'une compréhension et d'une acceptation réciproques, après un travail intensif de confrontation à leurs passés respectifs de victimes.

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