Mémoires pour se retrouver : Sabine Huynh
Sabine Huynh précise plusieurs fois dans ce qui tient d'une quasi autofiction l'objet de son livre : "Je suis bien incapable de démêler la fiction du réel : au fil des ans j’ai forcément dû reconstruire, colmater des trous, mais qu’ai-je ajouté, ou retiré, pour accomplir mon dessein ?". Et plus loin d'ajouter "Depuis l’adolescence, je sais qu’un jour j’écrirai sur ces îles dévastées que furent mes enfances…".
Dès lors du Vietnam natal jusqu'à la France s'inscrit un parcours qui n'a rien de révé. L’auteure s’interroge sur la nature et le statut de la vérité dans le récit autobiographique, ses mensonges, omissions voire ses obligations morales et "ces histoires d'objectivité" dont se moquait Beckett.
Une chose est sûr: il existe là quelque référence à la recherche proustienne du temps perdu. Et ce au prix d’une résurgence de souffrance dans le remuement du couteau dans les plaies à rouvrir non sans masochisme peut-être mais dans l'espoir de redonner à une vie perspective et profondeur. Ce qui est peut-être une vue de l'esprit.
Jean-Paul Gavard-Perret
Sabine Huynh, Elvis à la radio, Editions Maurice Nadeau, 2022, 304 p. 22€
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