
Olivia-Jeanne Cohen : je et les autres
Olivia-Jeanne Cohen, « L’image de soi », Préface de Jacques Cauda, col. Essais, Editions Douro, Paris, 2024
Olivia-Jeanne Cohen voyage en littérature, philosophie, peinture, photographie, cultures et actualité pour interroger l’image de soi. « On m’a souvent demandé pourquoi j’aimais poser, j’ai toujours répondu que c’était pour passer de l’autre côté puis revenir. Si vous saviez, combien de fois me suis-je imaginée de l’autre côté, là où tout est or dans le noir et d’où l’on revient pleine de lumière ? » écrit-elle.
Son livre suscite bien des questionnements selon le sens que chacun accorde à son existence et la situation de l’être au monde. Et ce en en particulier au cœur de la judéité. Ses points de vue ontologiques s'insèrent sur la relativité de sa situation dans le monde et dans son rapport à l’autre. L’approche expose des s images déformantes d’une réalité « sortie des coulisses qui gronde depuis la nuit des temps » écrit Cauda. Le juif y est profané et est réduit à toutes les exacerbations.
Solitude et multitude restent au centre et l’image de soi qui devient l’objet d’une pression tyrannique, irrationnelle et pervertie . L’auteure cherche à prendre conscience sa fragilité et la solitude de l’être jeté dans le monde, au sens du Dasein. Elle rappelle que l’on a massacré collectivement et intervenu au cœur des liens les plus originels pour les désintégrer.
La conscience de soi ici se révèle dans des dynamiques d'écart et de distance. Du temps, de la parole, de l'espace, leus seuils infranchissables sont révé lé. Ll'équilibre vacillant d'une dissolution de l'être expulsé, égaré, excentré est analysé" Otage, je suis l'insituable, entre l'immobilité d'un état et l'impossible stabilisation du sens et d'une appartenance à soi. Je suis l'écartèlement, l'incertitude entre l'ici et le là-bas" écrit-elle.
Cet espace de l'entre-deux est mis à nu par celle qui implique non seulement une mise-en-attente, une mise-en-suspens de l'autre espace mais également une distorsion de l'à-venir, une approximation de l'autre. Examinant le traumatisme, l’état de déréliction, la meurtrière blessure d’abandon, la philosophe ouvre la compréhension de l’être au monde, et s’inscrit dans cette nécessité réflexive entre le fini et l’infini.
Jean-Paul Gavard-Perret
Vos réactions