Esther Tellermann contre les disparitions
Esther Tellermann, "Corps rassemblé", Editions Unes, Nice, 128 p., 2020, 21 E..
Esther Tellermann, dans ce texte écrit suite à plusieurs visites de l’atelier du peintre Claude Garache, opère une remontée vers les origines et dans la première argile des hommes, pour faire surgir une matière des corps.
La poétesse vient les habiter, leur rendre leur pesanteur terrestre. Mais pour elle les rouges, les bleus, les gris et les verts sont aussi des vapeurs antiques, des brumes entourant la question irrésolue de notre présence sur la terre.
C’est une traversée, fragile, à travers les nuits et les âges, à travers les murmures, les exterminations et les peurs. De ce corps jamais figé, toujours à naître qui est au centre de l’œuvre de Claude Garache, elle invente une Ariane dont nous suivons le fil.
Ce livre, comme tous ceux de la poétesse est hantée par la disparition. La parole tente de retenir des éléments de l’ordre de la permanence au milieu des décombres, des cendres et des noms effacés mais dont Esther Tellermann se souvient encore.
Tout se joue entre la séparation et le deuil. La hantise de l’auteure passe du personnel au collectif. Le langage doit devenir capable de soulever des ombres au milieu des larmes. Celles-ci demeurent dans les "intimités noires" d’où il s’agit malgré tout de trouver une clarté.
Esther Tellermann fait donc entrer dans la soif de l'autre au sein d'un cheminement pour prendre la juste distance le long du désastre du temps et de l'Histoire.
Vos réactions