
A la redécouverte d'Hannah Höch Perrine Le Querrec, "Les mains d’Hannah", Tinbad, 2023, 82 p., 19 €.
Perrine Le Querrec est une perfectionniste. Son livre sur l’artiste dadaïste Hanna Höch (1889 - 1978) le prouve en rappelant au passage combien ce mouvement d'avant-garde ne laissait pas forcément une place de choix aux créatrices femmes. Si bien qu'elle fut une exception.
Proche de son ami Kurt Schwitters son oeuvre littéraire et plastique est unique. Ses photomontages et collages furent vouées aux persécutions nazies. Mais pour les sauver, l'"artiste dégénérée" eut le temps de les enterrer dans son jardin.
Afin de faire comprendre et saluer un tel travail, Perrine Le Querrec façonne une écriture expérimentale en jouant de divers processus (répétions, signes, réitérations, etc) .
Elle le précise elle-même : "À la poursuite de Hannah Höch j’échafaude des écritures, les fondations d’un livre incertain." Et ce par ce que parler d'Hannah Höch oblige à trouver une technique qui oblige à l'image de la sienne à "transformer le plein en vide, l’obscurité en clarté".
L'essayiste rappelle le caractère de fondation de l'écriture d'Hannah Höch qu'elle définit comme "troglodyte. Chtonienne. Minière. Minérale." Tout dans son livre est là pour en épouser les mouvements complexes. Et Perrine Le Querrec l'a travaillé longuement pour se rapprocher au plus près d'une oeuvre encore trop méconnue que l'ouvrage permet de découvrir.
Jean-Paul Gavard-Perret
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