Antisémitisme : Les barbares ont joui de Franck Goldberg

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Antisémitisme : Les barbares ont joui de Franck Goldberg

A l’heure grave où depuis le 7 octobre (2023), date de l'attaque barbare du Hamas contre Israël, la France connait une explosion des actes à caractère antisémite.

A l’heure grave où on recense plusieurs centaines d’étoiles de David taguées au pochoir sur les murs  d’immeubles de PARIS  et de la région et que moins de la moitié des actes antisémites ont été suivis de plainte, témoignant de la peur ambiante.

A l’heure grave où le Parquet de Paris a ouvert une enquête, mais ignore pour le moment « si ces tags ont pour but d’insulter le peuple juif ou d’en revendiquer l’appartenance, notamment puisqu’il s’agit de l’étoile bleue (et non jaune) »

A l’heure grave où la peur ambiante conduit personnes juives anonymes et personnalités publiques à ne pas porter plainte tandis que leurs portes de domicile privé sont taguées de manière bien ciblée.

A l’heure grave où des croix gammées sont recensées sur les murs d’écoles primaires, de collèges et murs de gymnases  de villages français.

A l’heure grave où des alertes à la bombe visent des écoles juives sur le sol français.

A l’heure grave où des appels «Morts aux juifs» sont scandés dans des manifestations de rues et le métro parisien est le lieu de chants antisémites et cris haineux.

A l’heure grave où la vague antisémite déferle sur la France, le préfet de police de PARIS déclare  qu’il n'y a «pas de profil type», et ajoute  «on retrouve tous les profils, des jeunes gamins, qui disent des choses très graves", mais aussi des «personnes plus ancrées dans la défense de la cause propalestinienne».

A l’heure grave où la classe politique française s’entredéchire sur la qualification des actes commis par l’organisation terroriste palestinienne.

A l’heure grave où jusqu’au 7 octobre (2023) pour certaines classes cultivées  françaises , munis de diplômes universitaires,  de penseurs, intellectuels, politiques, journalistes, artistes, l’idée même du retour de la haine des Juifs en France pouvant égaler les heures noires de la Shoah était une pure fiction et la peur était imaginaire.

L’heure présente n’est pas le fruit du hasard.
Elle puise ses minutes dans l’inaction des autorités depuis plusieurs décennies, dans l’ambigüité  des politiques,  à des fins électoralistes et le silence coupable des élites intellectuelles et des journalistes méprisant le danger.

L’heure présente était déjà bien évidemment annoncée.

Agressé en tant que Juif il y a 20 ans, un mois d’octobre,  j’ai dû quitter la France. Un graffiti représentant une étoile de David surmontée du mot «Jude» badigeonné en noir fut apposé sur la porte d’entrée de ma maison en plein centre-ville à Orléans, à quelques mètres de la préfecture du département du Loiret.

La plainte portée auprès de la police fut prise à la légère. On me demanda si je voulais porter plainte pour «dégradation de la porte».

Le ministre de l’Intérieur d’alors avait donné pour consigne de requalifier les  graffitis et tags antisémites avec la formulation «dégradation de biens» pour réduire le taux des incidents à des fins statistiques.

Mes demandes de rencontrer le maire et le préfet furent ignorées. Pas une ligne de la part des directeurs de la rédaction de la presse locale et de la presse nationale, comme le journal La République du Centre  et le magazine Marianne, auprès desquels je rapportais l’agression et sonnais l’alerte, participant cruellement au silence que le pays entier tentait de m’imposer.

Quant aux notables de la ville et à la petite communauté juive locale moribonde depuis «la Rumeur d’Orléans», ils me demandèrent le silence  pour ne pas réveiller les vieux démons.

Précisément,  à partir de cette heure-là,  il me restait à considérer que les Juifs, en France, étaient en danger de mort  et je prenais la décision de quitter avec ma petite famille la France pays où j’étais né, pour le Canada.

Cette agression-là n’était pas uniquement dirigée contre ma personne.  La maison que j’habitais alors, située au 7 rue des Gobelets à Orléans, adossée à des bureaux de la préfecture et dont la porte venait d’être couverte d’une étoile avec la mention «Jude» avait été le lieu de crimes soixante ans plus tôt.

Les archives de la ville d’Orléans révélaient qu’à mon adresse, un monsieur Gaston Levy, marchand de laine, de fil de coton et de soie y avait habité en 1942.
Puis, une administration publique dénommée Direction de la Police aux Questions Juives avait occupé ma maison à partir de 1943.

Le rôle de la Police aux Questions Juives avait été la recherche des infractions au statut des Juifs, et effectuait les arrestations.  La direction du PQJ installée dans ma maison avait eu outre la charge de surveillance des camps d’internement de Beaune-la-Rolande et  Pithiviers situés à quarante kilomètres d’Orléans.

Entre 1941 et 1943, 16 000 juifs dont 4 700 enfants furent internés dans les camps de Beaune-la-Rolande et de Pithiviers. Les familles furent  violemment séparées.  Les adultes furent déportés et les enfants restèrent seuls. Des enfants, il ne resta aucun survivant. Ils furent immédiatement exterminés avec les vieillards.

Dans cette maison, on avait ordonné les arrestations, donné pour ordre aux  gendarmes de surveiller les camps du Loiret et  mettre les gens dans les trains.  Plusieurs membres de ma famille en firent partie.

Dans cette maison, on avait constitué huit convois partis directement des camps du Loiret vers Auschwitz-Birkenau.

Il s’était passé des choses importantes  dans cette maison dont la porte avait été taguée.

En se taisant, les rédactions de presse ont trahi la mémoire  des 16 000 juifs internés des camps du Loiret et déportés vers Auschwitz. Cette trahison était  pire que l’insulte et l’attaque  que je venais de subir avec le tag sur ma porte.

Le silence de la presse et  le mépris des élites n’ont  pas  protégé plus tard Mireille KNOLL,  Sarah HALIMI, Ilan HALIMI, Philippe BRAHAM, Yohan COHEN, Yoav HATTAB, François-Michel SAADA  et ceux de l'école Ozar Hatorah - Jonathan SANDLER et ses fils Aryeh et Gabriel et la petite Myriam MONSONEGO

Le silence protège la haine et de fait se rend coupable de crimes.

La haine des Juifs tuera  encore en France d’autres  Sarah HALIMI dans leur sommeil.

 

Franck Goldberg, Montreal

+ 1 514 993 0714

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