Sebastian Riemer et les Spolia
Sebastian Riemer, Goethe Institut, Tel Aviv, du 14 novembre au 22 décembre 2017.
Les spolia - ou remplois désignent la réutilisation de pièces de monuments antérieurs comme matériaux de construction dans un nouveau monument. Cette pratique traverse les siècles et Sebastian Riemer la reprend dans son travail de photographe. Il extrait des images de leur contexte originel pour les insérer dans un nouveau « cadre ». A l’opposé des pratiques contemporaines des manipulations numériques de l’image, il travaille les couches d’une image originale pour mieux la révéler et selon une technique précise.
A l’origine il photographia des détails anodins de la réalité la plus humble découverte lors de ses déplacements ou chinages. Une grille métallique de micro trouvée dans un atelier de peintre (Night Safe) ,des boutons vus sur l’affiche d’une devanture de magasin (Bouton) sont agrandis pour transformer l’objet, sa « choséité » et bien sûr le regard porté sur des œuvres qui développent leur matérialité plastique par perte de lien avec l’objet référent. Le changement d’échelle et de rapport font de la photographie ce que l’artiste nomme un « all over ».
Plus récemment, se transformant en archéologue en quête d’Histoire, il la fait surgir à leur surface en les « détournant » de vieilles photographies ou des publicités marqués par les aléas du temps. Il les photographie plusieurs fois, moins pour utiliser les motifs de l’image que pour créer une sorte de ready-made d’un nouveau genre sans chercher à reconstruire un imaginaire de nostalgie à travers de tels emprunts.
Par recadrages précis et successifs l’image change de nature et crée moins un monde de références que d’irréalité. La photographie propose une ambiguïté au sein d’une expérience concrète. L’ apparition devient plus bouleversante qu éclairante. L’œuvre séduit par son évidente beauté formelle qui se manifeste notamment par l’utilisation de « présence » frisant autant l’abstraction géométrique, l’influence de l’expressionnisme allemand (qui ne se limite pas à un seul objet) Par ailleurs, malgré la gravité du propos, les touches d’humour sont très présentes et dénotent la maîtrise de tels ensembles.
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