Pour nos filles : moins de Princesse Sarah plus de Sarah

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Princesse Sarah" série télévisée d’animation japonaise (1985). © Nippon Animation

Un article décapant, drôle, percutant, au rythme d'une saga littéraire , plein de sens qui dit stop à la passivité imposée à  nos filles. La féminité n'est pas d'endurer et d'accepter, mais de se lever et d'agir en d'autres termes plus de Sarah, la matriarche du peuple d'Israël, qui s'est battue pour avoir SON enfant, et qui n'a pas laissé Ismaël prendre la place du fils de ses entrailles, Isaac, plus de Sarah et moins de princesse Sarah. Un hymne à l'action féminine.
Merci à Frédérick Sigrist pour cette bouffée d'oxygène parmi cette actualité anxiogène.CD

L'actualité donne le vertige à Frédérick Sigrist... Papa d'une petite fille, il s'interroge : "Plus ça va et plus j'ai l'impression que le modèle féminin qu'on essaie d'imposer aux petites filles, c'est celui de princesse Sarah". Et ça le révolte. Voici pourquoi.

Je ne sais pas si ça vous est déjà arrivé, mais des fois, on est vraiment épuisé. Genre fatigue ta fatigue est fatiguée. Tes yeux, c'est le tapis roulant des bagages de Roissy-Charles de Gaulle tellement il y a des valises autour. Dans un film de zombies, on te maquillerait pour que tu fasses "plus vivant". Vous voyez quel genre de fatigue je parle ? 

Dans ces moments-là, le bon sens voudrait qu'on aille se coucher dès qu'on rentre chez soi, en même temps que les enfants. Et pourtant, je ne sais pas pourquoi, peut-être par souci d'avoir un semblant de vie sociale, ou un moment consacré à soi dans une journée de travail pour les autres, on se dit "Tiens, je vais quand même regarder un film". Évidemment, au bout de 5 mn, on pique du nez et comme on était têtu(e)(s), on lutte pour se réveiller. On a l'impression de n'avoir fermé les yeux que quelques secondes et pourtant, on ne comprend absolument plus rien à ce qu'on est en train de regarder.

Eh bien des fois, quand je suis l'actualité française, j'ai exactement la même impression. Au début, le matin, je regarde. Ça parle du covid, des services de réanimation qui se remplissent, des attentats de Charlie Hebdo. Je pique du nez, rien qu'une seconde ! Je me réveille : t'as Alain Finkielkraut qui explique qu'il n'arrive pas à se concentrer à cause des nombrils des adolescentes... QUOI ?

Ensuite, je tombe sur un sondage du magazine Marianne où 66% des Français seraient "pour" interdire l'accès aux établissements scolaires à des lycéennes dont les tétons seraient visibles sous un débardeur. QUOI ?

Là, clairement, je n'ai pas fermé l'oeil 15 secondes, en fait, j'ai dormi quinze siècles !

La France, c'est quand même le seul pays où, au petit déjeuner, on explique que les islamistes sont cachés derrière des recettes de cuisine. A midi, tout le monde est Charlie et au dîner, on va interdire les tétons sous le crop-top - le "chandail-bedaine" comme disent les Québécois.

Et franchement, moi, devant tout ça, je comprends plus rien. Et c'est un mec qui comprend les films de David Lynch qui vous dit qu'il comprend rien. Plus ça va et plus j'ai l'impression que le modèle féminin qu'on essaie d'imposer aux petites filles, c'est celui de princesse Sarah.

Vous vous souvenez de Princess Sarah ? Cette série, qui est passée sur La Cinq en 1987 et qui était gaie comme un roman de Michel Houellebecq imprimée dans des larmes de Mylène Farmer. Du "seum" en dessin animé. "Les Misérables", à côté, c'était "Camping Paradis".

Au début de l'histoire, la petite Sarah arrive en Angleterre avec son papa, un richissime homme d'affaires qui a fait fortune en colonisant, pardon, en faisant des affaires en Inde. Souhaitant qu'elle reçoive une bonne éducation, il la place dans un prestigieux pensionnat anglais, le temps pour lui de retourner piller, je veux dire travailler, en Inde. Et dans ce pensionnat, elle est accueillie comme une princesse, compte tenu de sa fortune. Mais, et c'est bien là ce qui fait l'intérêt de la série, c'est que Sarah est quelqu'un d'authentiquement gentil et bienveillant. La petite Sarah ne retire aucun orgueil de son statut social et parle à tout le monde avec la même écoute et la même patience. Princesse Sarah, c'est Kim Kardashian avec l'humilité de Zaz.

Très rapidement, on apprend que le père de Sarah est porté disparu. Sarah perd sa fortune et là… Oh là là ! Vous voyez Dancer in the Dark ou Breaking the Wave de Lars von Trier ? Eh bien, c'est pire.

C'est un enchaînement de maltraitances à tous les étages. La directrice du pensionnat, madame Mangin, fait de Sarah la bonne à tout faire du pensionnat. Les Thénardier de l'histoire, James et Marie, lui font nettoyer le plancher avec une seule feuille de papier WC. On l'envoie faire des courses pour 42 personnes avec six euros, pieds nus, sur des tessons de bouteilles et sans cabas. Elle mange des épluchures de légumes moches ou des plateaux repas fournis par la cantine de Radio-France. François Ruffin l'appelle tous les jours parce qu'il veut réaliser un documentaire sur sa vie. C'est l'horreur.

Sarah tombe malade et elle est en état de malnutrition permanente. Mais vous savez quoi ? Elle reste gentille tout le temps. Tout le temps ! Elle bronche pas. Elle a un morceau de pain pour tenir 15 jours ? Elle voit une souris affamée dans son grenier : elle lui donne. Même la souris la regarde : "Mais t'es sérieuse là ?".

Sarah accepte son sort en permanence, sans jamais se plaindre. Et moi, au fond, comme tous ceux qui regardaient cette série, on était hyper admiratifs. Je me disais "Wow, Sarah, c'est une fille, elle prend cher mais elle dit rien, respect". Mais j'avais dix ans. Aujourd'hui j'en ai 43 et je suis papa d'une petite fille qui à peu près l'âge de princesse Sarah. Et je n'ai absolument pas envie qu'elle accepte tout ce que la vie lui réserve sans jamais être en colère. T'en a marre, ma fille ? Dis-le ! Je t'énerve ? Eh ben dis-le aussi.

Débat, crie, argumente, mais exprime-toi. Je n'élève pas ma fille pour qu'elle file un bout de pain à une souris, parce que c'est comme ça que les petites filles modèles doivent se comporter, je l'élève pour qu'elle vive. Princesse sarah ne change pas le monde, elle le supporte. Et c'est ça qu'on a applaudi : son endurance et sa passivité.

Elle attend dans son grenier que son père revienne et, si possible, qu'il revienne riche, car c'était la seule échappatoire qui existait aux jeunes filles de cette époque - ça ou un mari.

En 2020 par contre, Sarah, elle, a le droit de mettre son poing dans la tronche de Lavigna. Elle a le droit de se lever et de se casser. Elle a le droit de s'habiller comme elle veut. Elle a même le droit de faire des "fashion-faux pas". J'en ai fait. Y'a que les garçons qui auraient le droit de ressembler à rien l'adolescence ? En 2020, moi, je vais vous dire : je suis content qu'il y ait moins de princesses et beaucoup plus de Sarah.


Source France-Inter

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