Livre juif : Le Talmud et les rêves de Alexander Kristianpoller

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Le Talmud et les rêves

Alexander Kristianpoller, « Les Rêves et leur interprétation dans le Talmud »,  trad. allemand Léa Caussarieu, Editions Verdier, 278 pages, 21 €

Alexander Kristianpoller est né en 1884 à Brody (Ukraine) dans une famille de rabbins très cultivés. Il suivit l’enseignement secondaire du lycée allemand puis entra au séminaire rabbinique de Vienne. Devenu professeur au  sein de l’institution  il  ne put, contrairement à son fils, qui a préfacé le volume  à s’échapper vers les Etats-Unis.
Il  fut arrêté par la Gestapo où il travaillait. À l’automne 42, lui et son épouse furent déportés avec environ mille autres Juifs de Vienne vers  Minsk où tous  furent assassinés dans une forêt proche de la ville.

L’auteur laisse un texte immense à propos de parties du Talmud où les rêves non interprétés font partie de l’ensemble de la prophétie. L’auteur confirme  au passage mais uniquement dans la bibliographie de son livre, la connaissance de « L’interprétation des rêves » de Freud. Néanmoins les deux approches des rêves sont bien différentes voire opposées. Pour le Talmud comme pour la  tradition gréco-latine, le rêve possède une dimension collective, parfois prophétique à l’inverse de la psychanalyse freudienne où le rêve ne tient qu’au passé individuel du rêveur et ses substrats.  Alexander Kristianpoller ne partage en rien cette visée. Il a su l’on peut dire d’autres chats à fouetter.

Dans la Bible si l’on en croit  Zacharie, le rêve est le lieu où les idoles proposent des discours vains, des visions mensongères.

Bref les songes trompent et leurs consolations sont illusoires. Et Kristianpoller dans son livre de haute érudition fait un point qui reste d’actualité : L’ensemble est classé par thèmes et types narratifs. L’auteur - en comparatiste - utilise pour enrichir sa lecture de textes  grecs et latins (Tite-Live, saint Augustin), arabes, indiens (ceux de Jaggadeva). Il précise que la réputation des Juifs en matière d’interprétation de rêves avait dépassé les limites de la communauté. Etaient accordés à certains de ses membres et selon l’auteur, la faculté d’être les interprètes de «  l’arbre de la sagesse » et de devenir des messagers du «Ciel suprême ».

Certes les textes les plus anciens du Talmud n’accordent pas d’importance au rêve. Et certains textes cités par Kristianpoller trouvent des correspondances dans le Nouveau Testament. L’auteur rappelle entre autres que selon des passages du Livre, les cauchemars se combattent par la prière, la charité et la repentance. Il note ça et là la présence de rêves prémonitoire au coeur du Livre premier comme du Nouveau Testament où il est à remarquer que Jésus ne rêve pas… Il est vrai qu’étant donné sa nature, cela serait revenu à entrer dans le rêve des dieux… Mais route la remise à jour du livre (comme d’ailleurs sa conception originale) est faite pour faciliter la lecture des non hébraïsants en un important tout un corpus de codicilles et de clés. Il permet d’entrer dans la dialectique du Talmud souvent plus riche et plus clair voire plus fondamental que les dialogues de Platon qui restent un fondement sinon surfait du moins trop encombrant à qui veut embrasser l’histoire de la civilisation judéo-chrétienne.

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